Ces morts qui ne sont pas encore morts
Thomas Gilou, c’est les La vérité si je mens, Black Micmac, Michou d’Aubert. C’est donc, plutôt en confiance, - même si les films cités plus haut ne sont pas des chefs d’œuvre – que je suis allé voir ces 97 minutes de comédie dramatique. Afin d’éviter la case prison, Milann, 30 ans, est contraint d’effectuer 300 heures de travaux d’intérêts généraux dans une maison de retraite, Les Mimosas. Ses premières semaines sont un véritable enfer ! Mais il se fait rapidement adopter par les retraités, en particulier par une bande de 7 inséparables qui lui apprennent, chacun à leur manière, leur vision de la vie. Au fil des semaines, Milann découvre que l’établissement profite de la vulnérabilité de ses pensionnaires pour les arnaquer. Il décide alors d’organiser une grande évasion, mais il n’est pas au bout de ses peines... Ça part sur un canevas plutôt rabâché, mais le scénario tient la route et très vite la comédie vire à l’aigre, voire au social. Malin et bienvenu.
Le plus incroyable dans l’histoire qui nous est racontée ici, c’est que le scénario a été conçu bien avant l’affaire qui secoue actuellement le monde des EPHAD. Le film est basé sur une étude de 2010 qui montrait que 60% des EPHAD en France avait connu au moins une arnaque dont les victimes étaient les personnes âgées. Il s’agissait de contrats rétrocédant les biens des pensionnaires à la direction de ces établissements, des viagers. Ajouter à cela, les problèmes de maltraitance, de manque systémique de personnel et de la course aux profits, et vous aurez une idée assez précise de ce que ce film a voulu dénoncer sous la forme d’une comédie beaucoup plus grinçante qu’attendue. Ça tape fort et juste, mais l’ensemble reste une comédie bien écrite soutenue par un casting ***. Ou quand la farce se heurte à un sujet qui ne fait pas sourire. Réussite.
Une chose est sûre, ce film est certainement le plus important de la carrière de Kev Adams, qui délaisse ainsi son statut d’amuseur public spécialiste du stand-up et adulé des jeunes générations. De plus il a participé à l’écriture et, au passage, et sans doute pour la 1ère fois, il devient un vrai comédien. Faut dire que face à des « monstres » comme Gérard Depardieu, Daniel Prévost, Mathe Villalonga, Liliane Rovère, Jean-Luc Bideau, Mylène Demongeot, Firmine Richard, Richard Duléry, il fallait faire le poids… c’est chose faite. L’utopie aurait pu s’avérer balourde sans, d’une part les numéros brillamment désenchantés de tous ces comédiens et l’émotion qui submerge par instant le rire qui se fige et, d’autre part, le contrechamp sordide du propos. Une heureuse surprise.