A vrai dire, concernant "Maison de retraite", je craignais le pire. C’est vrai quoi, on a connu tant de comédies lourdingues dans le cinéma français quels que soient les sujets, notamment les plus basiques. Et là, on vient à parler d’un sujet qui fait de plus en plus débat… Attention, sujet glissant ! Alors quand en plus on voit le casting à l’amplitude très large question âge… les craintes du spectateur peuvent s’en trouver exacerbées.
Ceci étant dit, que cela donne-t-il ? Eh bien je crois que ce long métrage fait partie de ces films dont il ne faut rien attendre. J’entends par là rien de spécial. Et en effet, il y a deux écoles, peut-être même une troisième, voire quatre. Tout d’abord il y a ceux qui attendent beaucoup de voir comment les maisons de retraite vont se faire dézinguer. Ils risquent d’être déçus, dans le sens que ce n’est pas une armée de missiles qui tombent sur les directeurs qui gèrent comme ils l’entendent les maisons de retraite. Les sujets qui fâchent sont certes abordés, mais avec une certaine légèreté qui fait de ce film une comédie assez plaisante. Et c’est justement ce qui va plaire à ceux qui n’attendaient pas grand-chose. C’est là la deuxième école.
Oh certes les traits sont assez grossis, peut-être un peu trop, mais le charme opère. Je pense que nous sommes tous d’accord pour dire que ce n’est pas le film du siècle, mais le tout fonctionne suffisamment pour que le charme opère et qu’on s’attache nous aussi à ces chers petits vieux, que beaucoup de cinéphiles ou publivores reconnaîtront. Et cela malgré des ficelles assez grosses pour les retournements de situation. Tant et si bien qu’on pourrait presque coller à la trame de cette histoire la chanson de Renaud : « C’est pas l’homme qui prend la mer, c’est la mer qui prend l’homme »… Car au final, si c’est Kev Adams qui doit s’occuper des vieux, ce sont plutôt les vieux qui s’occupent de lui. Ce qui va d’ailleurs nous amener à des scènes touchantes, comme cette ligue de gens extraordinaires qui s'unissent pour le soutenir au nez et à la barbe de la direction et de ses gorilles, ou cette scène immensément humaine (celle que je préfère de tout le film) qui réunit à l’écran Kev Adams et Gérard Depardieu, ce dernier lui offrant au passage une véritable leçon de vie. Le tout est mené suffisamment habilement pour que l’échange de bons procédés se fasse le plus naturellement du monde.
Question jeu d’acteur, que peut-on dire ? Ma foi, il n’y a rien d’extraordinaire en soi, chacun jouant sa partition telle qu’on leur a décrite. Depardieu sort une fois de plus du lot, sous son air de grand bonhomme rustre mais au grand cœur. On peut ne pas aimer l’homme dans la vraie vie (et il y a de quoi), mais question job, il est fort, très fort ! C’est simple, il sait tout faire. D’abord cette communion qu’il a avec Kev, et ensuite les difficultés respiratoires qui sont d'un réalisme ! On se surprend même (du moins c’est mon cas) à espérer que son personnage ne meure pas…
Non vraiment, Thomas Gilou signe une œuvre assez solide, avec légèreté et sans jamais tomber dans le pathos, tout en pointant du doigt quelques points qu’on reproche aux maison de retraite, des points connus de tous mais pour lesquels les autorités ne font rien. Mesdames, messieurs, attention : la roue tourne et vous aussi, un jour vous serez vieux…