Une cavité magique, une virilité 2.0, le plaisir Dupieux. Les éléments narratifs posés au début du film, qui procèdent comme toujours chez le cinéaste d’un dérèglement savamment calculé du quotidien, propre à tutoyer rapidement le surréalisme ou l’absurde, sont excellents. Le montage titille malicieusement la curiosité. Les révélations ouvrent la voie à des développements jubilatoires. Et la jubilation est au rendez-vous durant la première moitié du film, grâce à un scénario et une mise en scène très bien huilés, des dialogues savoureux et un casting formidable, Benoît Magimel en tête, grandiose en beauf taille patron. La bizarrerie est désopilante sur un versant de l’histoire, troublante et de plus en plus sombre sur l’autre versant (dans un registre obsessionnel, fou, qui rappelle un peu Le Daim). Une bizarrerie qui, étonnamment, se fond assez vite dans un moule plus classique de petit conte fantastique, social et moral. Les axes thématiques (le désir féminin de rajeunissement, la quête masculine de puissance…) et la conclusion (« il est dangereux de vouloir modifier l’ordre naturel ») pourraient presque paraître convenus. Mais soit. Le talent singulier du réalisateur est toujours présent, même en terrain plus balisé. Ce qui est plus regrettable, en revanche, c’est qu’arrivé à mi-chemin, le film semble manquer un peu d’idées et de chair pour tenir toutes ses promesses. La seconde moitié, bien que cohérente, est rapidement expédiée. Et l’on pouvait espérer un dénouement plus marquant. C’est donc un peu court dans l’ensemble (plus une ébauche de film qu’un film vraiment abouti), mais cet ensemble est constamment amusant, jusque dans ses détails : esthétique eighties vintage, gratuite, mais rigolote ; BO bien kitsch (Jon Santos Plays Bach)…