"Polar noir au pays du Soleil levant !"
Un Boeing 747 amorce sa descente sur la ville d’Osaka au Japon, la cité nous apparaît comme le Los Angeles de 2019 dans la scène post-générique de «Blade Runner». De gigantesques cheminées crachent leurs fumées, au loin un immense soleil peine à briller, obstrué par la pollution, plongeant la ville dans un brouillard surréaliste. Sept ans après «Blade Runner», Ridley Scott recycle le génie visuel de son chef-d’œuvre de S.F pour les besoins de «Black Rain» sa nouvelle réalisation. Nick Conklin (Michael Douglas), flic de New York sur la sellette et son partenaire Charlie Vincent (Andy Garcia) témoins d’un double homicide, participent à l’arrestation de son auteur, un Yakuza nommé Koji Sato (Yusaku Matsuda). Etant protégé par une immunité diplomatique, Sato est extradé vers le Japon, escorté par Conklin et Vincent. Arrivé à Osaka, Sato leur échappe grâce à des complices, s’ensuit alors une traque dans un pays aux us et coutumes différentes. Perdus dans cette immensité urbaine, handicapés par la barrière du langage, les deux policiers new-yorkais seront aidés par Masa (Ken Takakura, magnifique de justesse), un confrère nippon et Joyce (Kate Kapshaw), une expatriée américaine, patronne d’un night club. Ridley Scott réalise un thriller sombre. Les scènes de nuit dans cette ville tentaculaire confèrent au long-métrage une atmosphère étouffante voire suffocante. Le Japon n’est jamais caricaturé et ne sert pas de faire valoir pour les héros américains, au contraire le film rend même hommage à cette culture à la fois ultramoderne et traditionnelle. Une partie des dialogues sont d’ailleurs en japonais. Seul Clint Eastwood, 18 ans plus tard rendra lui aussi un vibrant hommage au Japon dans son drame guerrier «Lettres d’Iwo Jima». Scott n’en n’oublie pas l’action, les scènes de gunfight et de poursuites sont impressionnantes et le final vous laisse sans voix. Le film nous montre que deux cultures aussi différentes soient-elles peuvent s’allier pour que justice soit faite. Le titre du film, quant à lui, nous renvoie à l’histoire douloureuse du Japon de 1945, quand une «pluie noire» radioactive s’était abattue sur Hiroshima et Nagasaki, les deux villes martyres.