Black Rain est un film qui commence à dater, mais qui appartient à cette catégorie assez rare de films qui vieillissent très bien, et se trouvent même mieux maintenant qu’à l’époque, ce polar crépusculaire se teintant d’une mélancolie très prenante.Les acteurs composent de très efficaces prestations. On retiendra évidemment Michael Douglas qui en impose en flic roublard, adepte du bon mot, et têtu comme une mule. C’est un très bon acteur, capable d’endosser des personnages forts divers, et ici il impose une présence charismatique. A ses cotés Andy Garcia livre une interprétation courte mais tout à fait convaincante, rendant en peu de temps son personnage attachant. Pour le reste il faut aussi souligner l’interprétation de Ken Takakura, qui face à Douglas ne se fait pas voler la vedette et compose un policier japonais assez mémorable il faut le dire. A noter la présence anecdotique mais toujours sympathique de Kate Capshaw.Le scénario est très bon. D’une part car le film développe un intrigue de polar convaincante, mais surtout car Black Rain n’est pas que cela. C’est aussi de belles émotions, et une plongée étonnante dans le quotidien du Japon de cette époque. Rien que le court passage dans l’appartement du policier japonais est, à mon sens, une vraie claque de justesse et de réalisme. J’ai énormément apprécié cet arrière-fond travaillé qui est très plaisant. Et puis il faut reconnaitre qu’une des grandes forces du film aujourd’hui c’est cette mélancolie qu’il dégage. Il y a une forme de tristesse désabusée dans ce film, et les années l’on parfaitement patiné, un peu à l’image d’un Blade Runner d’ailleurs. Il y a des passages assez magnifiques.Visuellement Scott signe une très solide mise en scène. S’il y a quelques loupés coté action, notamment à cause d’une réalisation un peu désordonnée qui manque de fluidité, en revanche pour le reste c’est superbe. L’utilisation des décors est brillantissime, le travail sur les angles de vue, les cadrages rappelle à chaque fois toutes les qualités de ce réalisateur capable de sortir de très grandes choses. On sent un film maitrisé, intelligent, bref qu’il y a un grand metteur en scène derrière en dépit des quelques ratés. Les décors sont parfaits. Rien à dire, l’ambiance japonaise est à tous les coins de rue, comme je l’ai dit le réalisme est toujours prégnant et en même temps ce film nous plonge dans un univers par moment quasi science-fictionnel. A noter encore la photographie absolument géniale. Le travail sur les éclairages (fameux néons des eighties), les contrastes aussi avec les plages obscures (sublime échange entre Douglas et Takakura dans l’appart après un évènement clé du film) est excellent. Le film envoie du lourd, et l’ambiance est totalement envoutante. Je relève enfin une bande son aux petits oignons. Très typée des années 80, c’est vrai que cette époque à probablement livré le plus grand nombre de BO mémorables, surtout dans cette catégorie des musiques qui vous transportent, qui vous font voir grand, loin, et c’est vrai aussi que c’est Zimmer qui s’y est collé.En clair Black Rain est une valeur sûre et est loin d’être un film mineur de Scott. Pétri de très bonnes choses, il mérite d’être vu, et à mon avis appartient aux meilleurs polars d’ambiance, développant de ce point de vue de vraies réussites. 4.5