Compétition officielle aurait pu s'appeler Autor Movie, raccourcis désignant sa véritable nature : être le Scary Movie du cinéma d'auteur. Il taille donc un costume à ce genre qui cherche les comédiens biberonnés à l'Actor Method (les acteurs qui font tout pour devenir leur personnage, quitte à risquer leur santé mentale et physique au passage, l'opposé étant les acteurs de l'impro, pour faire simple), qui a un égo qui se mesure souvent en récompenses de festivals et cérémonies, qui n'hésite pas à tester de nouvelles façons de filmer et capter le son... Alors, si vous êtes un étudiant en cinéma (on compatit), un fan de festivals, un curieux des cérémonies de prix, un amoureux du cinéma "hors blockbusters", vous savez. Vous savez tout ce qu'il y a de meilleur, mais aussi de pire dans ce cinéma, et Compétition officielle a choisi - avec une mauvaise foi nourrissant son humour - de ne retenir que le pire. Évidemment, on a vu à l'écran mille et une références, accentuées surtout par la présence de Penelope Cruz et Antonio Banderas (vous aussi, vous pensez à Almodovar ? Ce n'est pas anodin), nous renvoyant gaiment à plusieurs moments de solitude qu'on a vécu en salles (sur ce point : chapeau au film, on s'y est cru). Mais voilà, Compétition officielle est balourd, éléphantesque à chaque gag : les micros qui captent les bruits décuplés du bisou, la réalisatrice qui parle dans un tuyau d'aspirateur, le caillou au-dessus des comédiens pour représenter la "pression de la scène", les jeux d'injures - tellement longs... - qu'ils font, etc... Chaque vanne, au lieu de nous faire rire, nous a juste convaincu que ce film allait rapidement devenir ce qu'il dénonce : un moment de solitude. La parodie des films "snobs" n'a rien de difficile (c'est un genre largement conspué par le grand public), et encore moins originale (on se rappelle notamment la courte parodie - excellente, pour le coup - des "films de Cannes" dans le médiocre Les Vacances de Mr Bean, réussissant avec sa pastiche "Playback Time" aliénante et ridicule, une critique bien plus pertinente et efficace que toute l’esbroufe que déploie Compétition officielle). Alors, que sauver de cette parodie "Autor Movie" ? Certainement l'interprétation du trio principal (sentant même un soupçon d'auto-dérision pour Banderas campant le beau gosse niais, et Cruz la femme sanguine... On les adore), quelques idées décalées qui nous ont tiré un - trop rare - sourire (lorsque la réalisatrice se bouche les oreilles tour à tour et qu'on entend les souffleurs de feuilles d'un côté, puis de l'autre... C'est vraiment bas de plafond, mais on a craqué : on a souri), et un fond de vérité (noyé sous une cascade de balourdise) qui nous a quand même rappelé des souvenirs. Tremblez, Palmes et Lions d'or, voici venu votre parodie.