Le film du duo argentin Gaston Duprat et Mariano Cohn est sorti le 1er juin comme un clin d’œil à une autre compétition officielle qui venait de livrer son palmarès…la soixante quinzième édition du Festival de Cannes…le scénario du film est en soit plutôt drôle… Dans l’espoir de laisser une trace avant sa mort, un riche homme d’affaires espagnol qui a fait fortune dans l’industrie pharmaceutique décide, et de rénover un pont qui portera son nom et de produire un film avec la fine fleur des artistes locaux : une réalisatrice, Lola Cuevas, avant-gardiste multi-primée (Pénélope Cruz), une star hollywoodienne, Félix Rivero, (Antonio Banderas) et le plus exigeant des comédiens de théâtre, Ivan Torres, (Oscar Martinez)….L’achat des droits du roman « Rivalidad » s’est avéré sans doute plus onéreux que de raison, et c’est pour cela que Humberto Suarez, l’homme d’affaires a voulu engagé les meilleurs, pour décrocher un prix majeur en festival …Le film ne montre pas le tournage mais la mise en bouche du texte par les deux acteurs sous la direction de l’impitoyable Lola Cuevas…dans un environnement de béton plutôt glacial… Le processus créatif du cinéma est passé à la moulinette d’une satire féroce. « Aborder des questions telles que le processus de création artistique, le degré de compétence professionnelle, les egos, le besoin de prestige et de reconnaissance, les différentes écoles de jeu et d’art dramatique et les tensions entre des artistes issus de milieux et de parcours différents nous passionnait, » expliquent les réalisateurs dans une note d’intention, mettant les dialogues ciselés et les situations extrêmes au programme de leur jeu de massacre.
Lola pinaille sur la façon de prononcer « Bonsoir », oblige ses interprètes à dire leur dialogue sous un rocher de cinq tonnes pendues à une grue. Le comédien introverti hurle son prénom pour se dissocier de lui-même. La vedette internationale s’invente une maladie. Les rivaux accumulent les vacheries. Le mépris vire à la rage sourde. La jalousie se dissimule sous des sourires de courtoisie, se pare de fausses embrassades et de déclarations d’amitié éternelle…et le scénario, où Felix et Ivan, incarnent deux frères qui ne peuvent se supporter, en rajoute à l’incommunicabilité qui règne entre les deux acteurs…. Quant à Pénélope Cruz, véritable tornade d’égocentrisme, elle s’en donne à cœur joie, passant à la broyeuse les différentes récompenses obtenues pas ses acteurs et par elle-même, afin de casser ces égos surdimensionnés. Les deux réalisateurs assument la caricature et leurs interprètes, Antonio Banderas, Oscar Martinez et Penelope Cruz s’en donnent à cœur joie dans un cabotinage orchestré avec soin. Mais le film ne trouve pas vraiment de point de chute et se repose trop sur l’exubérance de ses interprètes … en leur laissant les commandes, les réalisateurs ont oublié de creuser et dynamiser le récit, au fil de bien longues 110 minutes aux rebondissements peu fouillés…