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traversay1
3 552 abonnés
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4,0
Publiée le 30 mai 2022
Avec Boy from Heaven, qui aurait pu s'intituler Le Caire nid d'espions, Tarik Saleh passe manifestement un cap, et avec quel éclat. Le principal lieu de l'action n'est pas n'importe lequel : l'université Al-Azhar, véritable phare de l'enseignement et de la pensée de l'Islam, dont le pouvoir de fascination trouve son équivalent dans le Vatican. Un endroit que le gouvernement égyptien a de tout temps chercher à noyauter, en influençant l'élection du Grand Imam. C'est précisément ce moment capital que Boy from Heaven a choisi de montrer, à travers l'itinéraire d'un novice, modeste fils de pêcheur, amené à interagir malgré lui entre les puissances religieuses et politiques. C'est un film haut de gamme, passionnant de bout en bout, impressionnant par ses images de groupe comme pour ses nombreux tête-à-tête, maîtrisant les mouvements amples aussi bien que les plans rapprochés. Boy from Heaven n'est pas plus anti-religieux que Habemus Papam et c'est sans doute du côté de l’État égyptien que Tarik Saleh va se faire de nouveaux nombreux ennemis, dans son pays d'origine, anti-démocratique au possible et gangrené par la corruption (le film n'a évidemment pas été tourné sur place mais tout y sonne juste, y compris l'agitation cairote). Rien à redire non plus sur l'interprétation impressionnante du jeune Tawfeek Barhom et du chevronné Fares Fares, d'ailleurs méconnaissable. Un film brillant en tous points, tant dans ses silences que dans sa riche dialectique.
Adam est le fils d’un pêcheur pauvre. Repéré par l’imam de son village pour son intelligence et sa foi, il reçoit une bourse qui lui permet d’aller étudier à la prestigieuse université Al Azhar, le phare de l’Islam sunnite. La mort de son Grand Imam y provoque une guerre de succession. Les autorités civiles veulent à toute force favoriser leur poulain. La Sûreté de l’Etat va recruter Adam pour parvenir à ses fins.
Le réalisateur Tarik Saleh, né en 1972 à Stockholm d’un père égyptien, qui avait fui le régime de Nasser, et d’une mère suédoise, s’était fait connaître du grand public en signant en 2017 "Le Caire Confidentiel", un film noir qui ne m’avait qu’à moitié convaincu. Très critique des autorités égyptiennes dont il stigmatisait la corruption, il avait dû tourner son film au Maroc. C’est dans le sublime écrin de la mosquée Süleymaniye à Istanbul qu’il a dû tourner son film suivant qui égratigne lui aussi l’Egypte du Prophète et du Pharaon (pour reprendre le titre du livre de Gilles Kepel), son autoritarisme, ses coups tordus.
"La Conspiration du Caire" (un titre beaucoup plus alléchant que le titre original anglais "Boy from Heaven") est un vrai film d’espionnage. Son principal attrait est son exotisme. Il nous transporte dans un pays et dans un lieu qui ont été rarement filmés, mais où les enjeux de pouvoir sont régis par les mêmes règles que celles qu’on retrouve partout.
"La Conspiration du Caire" compte son lot de renversements de situation. Mais il souffre toutefois d’un scénario pas toujours crédible, dont on s’étonne qu’il se soit vu décerner le prix du Festival de Cannes 2022 (sans doute pour le consoler de ne pas en avoir reçu de plus prestigieux). En particulier, personne autour de moi n’a compris le face-à-face final, en prison. J’en appelle aux esprits plus aiguisés pour nous éclairer sur sa signification (la réponse suppose-t-elle de connaître les circonstances précises de la mort du Prophète et les propos tenus autour de sa dépouille par Omar et par Abu Bakr ?)
Attention, chef d'œuvre, un des scénarios les plus intelligents que j'ai vu au cinéma.....Un jeune homme devient pensionnaire de la plus fameuse université sunnite de la planète, El Azhar au Caire......Il est naïf, mais rudement malin, et rusé, d'une intelligence rare, on pourra le juger jusqu'à la fin du film....Le film dresse des ponts entre la religion et la politique, puisque pour l'Islam, les deux doivent s'imbriquer étroitement....Le film, je dois dire est surtout fait de dialogues, peu d'action, mais avec beaucoup de subtiles allusions aux offices de l'Islam, aux appels des muzlinn , de magnifiques vues de minaret, et un suspens à la Hitchcock, qu'on a plus vu depuis le maitre des années 50....C'est filmé avec une certaine sobriété, du rythme, et un scénario d'une intelligence; Oouahhhh bluffant.....Accrochez-vous à la situation de ce jeune homme, qui va connaitre la gloire, la reconnaissance et la terreur due aux pouvoirs politiques et religieux...Ahurissant...Mon conseil ne mettez jamais la main dans un tel engrenage, il y va de votre vie.....Je conseille ce film évidemment, sans hésitation.....
Du bon cinéma à la fois policier et sociopolitique, sans excès de didactisme. Le réalisateur de "Le Caire Confidentiel" confirme son savoir-faire, son sens du rythme et du montage, et l'on apprécie l'humanisme de son propos.
Excellent film sur les pouvoirs politique et religieux; leurs interactions, conivences et luttes. L'un a besoin de l'autre tout en cherchant à dominer la relation. Les pouvoirs sont une brillante scéne de théâtre avec des coulisses nauséabondes et sanglantes. Attention aux jeunes talents aux dents longues qui rêvent du premier rôle. Casting impeccable, scénario solide et réalisation aux petits oignons.
(...) Le polar est respecté, avec ses portes secrètes, ses complots, ses double-jeu, ses retournements et le cynisme de ses personnages. Tout cela joue au sein d’une sphère politico-religieuse caricaturée sans que nous puissions par contre saisir les arcanes de la lourde répression de la liberté d’expression en Egypte qu’illustre la récente libération sous la pression d’Amnesty international de Ramy Shaath après 900 jours de détention sans procès. Les décors et costumes, l’apparat des rituels de l’enseignement dans la cour qui mobilisent nombre de figurants, les discussions théologiques autant que le concours de psalmodie peuvent fasciner mais renforcent la distance que l’on peut éprouver, laquelle est aussi et surtout creusée par la volonté de répondre aux exigences du thriller (tension narrative qui tient en haleine) sans vraiment les adopter. L’appel au genre est donc ici, autant que l’accumulation des thèmes, facteur de superficialité autant que d’égarement. (extrait du compte-rendu du festival de Cannes 2022 sur Africultures)
Un jeune homme voulant devenir imam entre dans une école religieuse, mais dès son arrivée le Grand Imam meurt subitement et un élève est assassiné. Il va mener l'enquête avec un vieil inspecteur ronchon, et les révélations vont surprendre ces deux compères... Il y a définitivement dans ce Boy from Heaven un air du Nom de la Rose, ce qui n'est pas pour nous déplaire : l'ambiance suspicieuse est bien rendue, on veut savoir le fin mot de l'intrigue, et l'on n'est pas déçus par les coups de théâtre surprenants (on n'aurait jamais deviné qui avait fait le coup). Avec une pointe de critique envers le gouvernement égyptien (et ses manigances de l'ombre pour faire disparaître les gens qui l'embêtent...), envers l'intégrisme à deux doigts du terrorisme et avec une belle préférence pour la religion tolérante, Boy from Heaven nous a mis dans sa poche, alors qu'on n'aurait jamais parié sur lui dans cette compétition du Festival de Cannes 2022. Autant dire qu'on s'est levé à l'annonce de son Prix du Meilleur Scénario, amplement mérité. On a également adoré la mise en images très inspirée, retenant quelques plans magnifiques : voyez ces chapeaux vus du dessus qui forment une marée de points qui s'écartent, voyez ces processions d'imams répartis sur deux étages qui avancent en parfaite symbiose... L’œil du réalisateur Tarik Saleh est expert pour dénicher les bonnes idées, et on s'est souvent surpris (en plus du scénario) à aimer les belles images qu'il crée. Évidemment, vous ne verrez quasiment pas une femme pendant deux heures, dans ce casting qui suit intrinsèquement une triste réalité, mais encore une fois : on s'est pris à repenser au Nom de la Rose (à part la sauvage, il n'y a pas de femmes non plus). Boy from Heaven en est le digne héritier égyptien.
Un film qui sort de l'ordinaire et qui vous plongera au cœur des luttes de pouvoir de l'éternel duo État -Pouvoir Religieux... Un fils de pêcheur que le Destin forcera à... pêcher, souvent en eaux troubles... Un scénario solide, une atmosphère pesante mais magnétique, pour une toile qui tient la route et vaut son ticket.
C’est avec une grande fierté, somme toute parfaitement légitime, que Adam fait ses premiers pas dans l’Université Al-Azhar du Caire : fils de pêcheur, il a obtenu une bourse pour intégrer cette prestigieuse Université du monde musulman et il a eu la bonne surprise de voir son père accepter son départ, son père qui, certes, avait besoin de lui pour l’aider dans son travail mais qui voit dans ce départ la volonté de Dieu contre qui personne, pas même un père, ne peut lutter. Cette arrivée, toutefois, se trouve vite confrontée à un évènement inattendu qui va avoir un impact majeur sur la vie d’Adam : le Grand Imam qui s’effondre devant ses élèves, la plus haute autorité de l’Islam sunnite qui meurt et qui doit être remplacée. Un remplacement dont l’issue est d’une importance capitale pour le gouvernement égyptien, en plein combat contre les frères musulmans lesquels sont en train d’infiltrer l’Université.
Alors que le conseil des Oulémas va se réunir pour élire un nouvel imam, avoir un informateur fiable à l’intérieur de l’Université est capital pour le gouvernement. C’est le colonel Ibrahim, un vieil officier expérimenté, que le Conseil de Sureté de l’état charge de trouver et de « briefer » un étudiant qui sera leur taupe au sein de l’Université. Très vite, Adam lui parait être la « proie » idéale : il est timide, a priori facile à manipuler, et personne ne le connait. C’est ainsi que ce modeste fils de pêcheur va devenir un pion important de la politique égyptienne, c’est ainsi que La conspiration du Caire se transforme très vite en un thriller politique passionnant. Si les luttes entre les différentes factions, luttes qui sont l’objet d’une mise en scène dignes de celle d’un opéra, sont particulièrement intéressantes à observer, il en est de même de la façon dont évolue Adam, aux deux sens du mot, ses manœuvres au milieu de ce qui s’apparente à un panier de crabe et la transformation de sa personnalité. C’est en relisant « Le nom de la rose » d’Umberto Eco qu’a germé chez Tarik Saleh l’idée de raconter une histoire similaire se déroulant dans un contexte musulman. Voir critique complète sur https://www.critique-film.fr/critique-express-la-conspiration-du-caire/
Histoire, mis en scène, interprétation, rythme, photo... Tout est d'une parfaite maîtrise dans ce film. Après Le Caire Confidentiel, encore une oeuvre brillante d'un réalisateur qu'il faut définitivement suivre.
Présenté en compétition au Festival de Cannes 2022, ce film coup de poing mérite amplement son Prix du scénario.
Adam, pêcheur au filet avec son père dans un village reculé d'Égypte, va se retrouver être "l'objet" d’une guerre de pouvoir entre les autorités religieuses, la sphère politique du Caire et un groupuscule d’étudiant extrémistes ; tous bien décidés à faire élire le nouveau Grand Imam de l'université religieuse du Caire...
Ce film nous emporte dans un tourbillon asphyxiant, percutant mais aussi jetant le trouble en nos propres pensées profondes : oui, la corruption est partout mais où commence-t-elle et par qui ? Que et qui sommes-nous pour utiliser l'autre et servir ses propres intérêts ?
Ce film nous permet d’accéder à un lieu de pouvoir : celui des élites religieuses et du pouvoir politique égyptien. Adam, fils de pêcheur intègre une prestigieuse école et va se retrouver à son insu au centre d’un thriller politique palpitant. Le jeune acteur - Tawfeek Barhom est fantastique et a devant lui une belle carrière qui l’attend.
J'aurais adoré aimer ce film mais voilà : le scénario déborde tellement d'incohérences et d'improbabiltés qu'on finit par se désintéresser du récit. Les rebonds me semblent totalement artificiels et peu crédibles. Ajoutons à cela un premier rôle monolithique et peu convaincant. Prix du scénario à Cannes, c'est vraiment une blague....
Un film qui fait monter la pression et le stress au fur et à mesure que le jeune Adan progresse au sein de l'université du Caire. Magnifique film sur les méandres politico religieux et le sentiment pour les puissants de leur capacité à jouer avec les étudiants comme avec des pions.
Les magnifiques images de la mosquée -figurant l'université Al-Azhar du Caire- et des étudiants en théologie ne suffisent pas à maintenir l'intérêt du spectateur dans cette conspiration digne d'un album de Tintin. On ne croit pas une seconde à ces histoires d'agents infiltrés, d'espion à la petite semaine ou à ces méchants à qui ne manque qu'un bandeau noir sur l'œil. Le précédent film de Tarik Saleh (Le Caire Confidentiel), sans être un chef d'œuvre, avait le mérite de nous introduire dans les dessous politico-policiers du Caire mais avec davantage de crédibilité. Rien de tel ici et on s'interroge sur les dithyrambes de critiques qui y ont vu un "magnifique thriller" "qui ferait penser au Nom de la Rose !