Récompensé du Prix du Meilleur Scénario à Cannes cette année, La Conspiration du Caire débarque enfin dans nos salles. Les films qui remportent des prix dans les festivals vont toujours être mis en avant pour leur sortie mondiale, l'occasion pour nous de découvrir un cinéma venu d'ailleurs : en l'occurrence ici, un long-métrage suédois qui se déroule en Egypte. Ce qu'on attend en premier de ce film, c'est évidemment la qualité de son scénario : le jury ne sait pas trompé, c'est admirable. On suit plusieurs histoires à la fois, d'abord celle entre Adam et Ibrahim spoiler: qui va finir par être presque comme une relation père-fils, les magouilles entre l'Etat et la police et la réputation d'Al-Azhar qui peut s'écrouler à tout instant. Tout l'enjeu du long-métrage se retrouve autour de la question : qui sont ceux qui font encore preuve d'humanité? On passe son temps à se demander si Adam spoiler: va se faire tuer, ou alors si il va passer du "côté obscur" en devenant comme ceux qui le manipulent. En réponse à cette question, on obtient cette séquence d'un court monologue d'Adam face au Cheikh Nmeg qui est absolument magnifique et pur. J'aime beaucoup l'idée de autour de la représentation du Président égyptien en dictateur, il est le coeur de l'intrigue et pourtant il est seulement évoquer ou brièvement visible sur des pancartes de propagande. C'est toujours difficile de faire un film qui traite de la religion, mais Tarik Saleh le fait brillamment car il ne cache rien. Il montre ce qu'elle a de plus beau spoiler: notamment avec le concours de chant mais aussi c'est qui l'assombrit, spoiler: par la présence des Frères Musulmans . Si on arrive à rester deux heures immerger dans l'action, c'est aussi grâce aux sons d'ambiance qui sont efficaces, mais aussi grâce aux acteurs qui sont tous très convaincants, j'ai notamment beaucoup aimé le personnage du Sohby dans son rôle de commissaire pourri jusqu'à la moelle. Malheureusement, ce film ne vit que pour son scénario et sa musique : ça manque un petit peu de plans marquants. La Conspiration du Caire est vraiment un film à voir en cette fin d'année. Ce thriller haletant et fort en émotion saura plaire à tout le monde.
Un petit coup de coeur du festival de Cannes pour Boy From Heaven. L'intrigue comportait de nombreux pièges politiques et il y avait le risque d'un film très pro-occidental comme il en existe des centaines. Celui-ci est nuancé, et ouvre la réflexion sur des sujets compliqués, avec une jolie morale.
La proposition se démarque d’emblée par son audace et son inventivité, notamment dans le contraste proéminent entre le dénuement du quotidien de pêcheur d’Adam et les dorures de l’université Al-Azhar. C’est également une plongée au cœur d’une intrigue politico-meurtrière très puissante ou notre jeune héros va devoir se débattre dans des codes inconnus, ce qui en fait également une histoire très intrigante et alléchante.
Au final, Boy from heaven se regarde avec plaisir, notamment pour le caractère assez inédit, somptueux et mystérieux du lieu de l’intrigue. On ne peut être littéralement renversé par ce film, mais il a le mérite de tenir en haleine, jusqu’au bout du bout, et vaut donc largement le détour.
Une histoire sur les dérives des pouvoirs, l'instrumentalisation, l'espionnage et la corruption morale. Malgré la noirceur, l'espoir demeure grâce aux domaines des pensées spirituelles. Une pellicule en handycam super émouvante, des plans d'une très grande beauté et une lumière travaillée. Le casting honore vraiment Fares Fares dans son rôle de colonel des services secrets.
5 car sujet jamais traité et utilisation des ressorts du cinema pour nous plonger dans et expliquer l'atmosphère oppressante de l'Egypte contemporaine. 4 sinon, ce qui resterait de toute façon un tres bon film de genre. Cf par ex la disparition de l'etudiant italien Giulio Regeni en 2016.
Il n'est pas si difficile de suivre les meandres politico religieux du film et nul besoin d'être musulman ou égyptien à mes yeux ... pour le reste j'ai été conquis par le rythme du film et l'interprétation des acteurs, sous cet angle cela m'a fait penser à un film de Scorsese , pas moins !
Excellents acteurs et très bonne réalisation. Une histoire qu'il fait froid dans le dos avec un très bon scénario. Même si les comportements de certains personnages ne sont pas toujours très crédibles.
Cinq après "The Nile Hilton Incident", Tarik Saleh retrouve la capitale égyptienne pour un thriller évoquant une lutte de pouvoir et d’influence dans une institution religieuse. Lorsque le grand Iman décède, le choix de son successeur, qui va être nommé à vie, va faire l'objet de toutes les manigances de la part de toutes les parties impliquées. Chacun a son favori, pour une raison ou une autre, et chacun va tout faire pour qu'il soit nommé. Le pauvre Adam, qui arrive dans cette prestigieuse institution islamique de son village de pêcheurs, va se retrouver au centre de ces tractations en devenant le pion d'un policier. Obligé de jouer double jeu, il va être confronté à ce qu'il y a de pire chez l'Homme. Si la structure est assez classique, l'histoire puise toute sa force dans le sujet évoqué et dans le cadre, les deux étant assez rares au cinéma, et c'est ce qui fait de ce "Cairo Conspiracy" un thriller politico-religieux intéressant et captivant.
Le cinéaste suédois originaire d’Égypte Tarik Saleh s’était fait fortement remarquer avec le polar « Le Caire confidentiel », un film pourtant très peu palpitant bien qu’on ne pouvait lui retirer ses qualités certaines de mise en scène et une belle optimisation de son contexte. Après un film d’action plutôt anecdotique et générique avec Chris Pine pour Amazon (le déjà oublié « The Contractor »), il revient avec un film bien plus costaud et réussi qui a obtenu le prix du scénario à Cannes : « La Conspiration du Caire ». Et comme son titre l’indique, ce nouveau long-métrage se déroule encore une fois au Caire et nous immerge dans l’un des endroits les plus sacrés au monde concernant l’Islam : la haute école de sciences islamiques Al-Azarh. Pas pour un documentaire (qui aurait été peut-être encore plus passionnant), ni pour un film à thèse ou de mœurs sur l’Islam, mais pour un film d’enquête, plus proche dans ses velléités du thriller que du pur film policier. A la fois intéressant, instructif et rare, son nouveau film est plutôt maîtrisé en dépit de quelques ratés.
Et le principal et le plus visible d’entre eux est sans conteste le manque de tension, de mystère et d’un aspect palpitant dans son déroulement, ce qui fait justement la sève d’un film de genre. Le suspense n’est donc pas vraiment au rendez-vous et les diverses révélations ou rebondissements se font la plupart sans guère de surprise. Ils sont placés dans le script de manière aléatoire, presque erratique ou pour remplir le cahier des charges du genre, comme si Saleh se moquait de cet aspect de son film. Ils ne nous étonnent donc jamais, non pas à cause de leur contenu mais de la manière dont ils sont amenés : paresseusement ou par-dessus l’épaule. Mais on sent que l’intérêt du cinéaste de « La Conspiration du Caire » n’est pas là en premier lieu. Tout comme le nôtre ira ailleurs et trouvera (largement) son compte autrement. Ensuite il faut noter aussi quelques failles de mise en scène comme celle du meurtre qui va initier l’enquête et l’espionnage au sein de l’école : un exemple frappant de séquence ratée. Du montage à ce qu’elle montre, cette séquence clé est un total échec. Enfin on pourra reprocher un personnage principal trop passif dont on a du mal à cerner la psychologie et les motivations.
Cela peut sembler faire beaucoup pour un film pourtant intrigant et réussi. Mais, en ce qui concerne « La Conspiration du Caire », ses qualités, peut-être plus rares, surpassent aisément ses nombreux défauts et se retrouvent finalement ailleurs. Dans l’immersion passionnante au sein de cette école et son fonctionnement. Et bien que le film ait été tourné en Turquie pour plus de sécurité, l’illusion est parfaite et ces jeux de dupes, de manipulation et de surveillance au sein de cette institution sont prenants. Le long-métrage n’entend pas vraiment faire un état des lieux de l’Islam mais nous parle en creux des jeux de pouvoir et de politique entre l’État et la Religion. Et cela pourrait tout autant être viable pour les religions juive ou chrétienne. Le script décortique les influences et les frontières poreuses entre les deux de manière admirable. On ne s’ennuie pas sur les deux heures que dure le film. Le contexte est tellement original et fascinant qu’il nous interpelle et nous plonge dans l’histoire. Ce n’est certes pas une claque sur le versant du suspense mais une œuvre en totale immersion avec son contexte et ses enjeux. Et durant deux heures, on a vraiment le sentiment de regarder quelque chose de fouillé, documenté et de peu commun avec une belle pointe de critique envers tout un système corrompu.
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Sur le papier, ce film avait tout pour me plaire : un metteur en scène prometteur (j'avais bien aimé Le Caire confidentiel), un sujet intrigant, sorte de variante islamique du Nom de la rose, et un doux parfum d'exotisme.
Malheureusement, je trouve que La conspiration du Caire manque de crédibilité. Je n'ai jamais été vraiment captivé par l'intrigue, trop sage à mon goût. Le film avance plan-plan sans véritable tension dramatique et certaines évolutions du scénario m'ont paru très peu crédibles (comment un jeune inconnu peut faire changer d'avis un imam d'expérience avec deux pauvres citations ?).
De la même façon, la façon dont les frères musulmans abandonnent facilement la partie m'a interloqué.
Pour résumer mes sensations, et malgré une mise en scène très solide, j'ai globalement trouvé que ce film manquait d'originalité et suivait froidement un programme trop scolaire (et par ailleurs peut-être conçu en mode "je veux être en compétition à Cannes"), gommant toute la poisseuse tension qui irriguait le premier film de Saleh.
A la vue du titre, du nom du réalisateur et de l'acteur principal, je m'attendais à une suite du film "Le Caire Confidentiel". Pas du tout même si les deux versent dans le policier.
Ici, il s'agit d'une enquête et d'espionnage au sein de la prestigieuse université islamique Al-Azhar. Une immersion dans cette institution pieuse dans laquelle se mêle les conflits politiques, l'hypocrisie et l'ambition. Solide réalisation et excellent casting au service d'une intrigue palpitante au propos fort et engagé. L'ambiance fonctionne bien avec de bons moments de tension comme on les aime.
Cela m a fait penser à un croisement entre « le nom de la rose » et les thrillers paranoïaques américains des années 70. « La conspiration du Caire » est un thriller politique théologique parfaitement exécuté. Il m a fait découvrir un pays tiraillé entre le politique et la religion et comment chacun de ses aspects tente de prendre le dessus sur l autre, de l influencer pour mieux tenir la population sous sa coupe. Il montre aussi à quel point l équilibre qui se fait entre les deux est fragile et comment tout pourrait facilement basculer. C est constamment tendu, bien interprété et passionnant dans l éclairage qu il apporte sur l Égypte actuelle.
Mêlant habilement thriller, politique et religieux, ce film nous fait entrer dans les arcanes complexes de la société égyptienne. Espionnage et trahisons sont au rendez-vous mais le film manque un peu de piquant.
Je me souviens qu'en 2003, en me promenant dans le khan el khalili du Caire, être tombé sur la mosquée Al Azhar, être entré et avoir parlé avec un homme qui m'a donné un livret en italien car il n'avait pas de version française. Je ne savais pas à l'époque qu'il s'agissait d'un haut lieu du fondamentalisme d'où certains terroristes se sont illustrés par des attentats. Ce film passionnant plonge le spectateur dans un combat sourd entre pouvoir politique et pouvoir religieux, au risque de dommages collatéraux en utilisant des taupes afin de garder un œil sur les frères musulmans et autres mouvances extrémistes. Prix du scénario à Cannes, nommé aux Oscars dans la catégorie du meilleur film étranger, " la conspiration du Caire" est un film fort, troublant, interrogateur...