J' attribue 2 étoiles, c est un feel-good movie et je suis un tendre ...
Dans un univers édulcoré, une éditorialiste de magazine trendy et un boucher, ça passe crème, ça ne pose pas question. Pourquoi pas une ministre et un électricien aussi ? Bon bon bon, pourquoi pas ?Mais, de fait , il ne devrait pas y avoir d'obstacle à leur amour.
C'était sans compter sur un scénariste arlequinesque qui a pris son eau de rose pour du viandox. Il nous gave de péripéties téléphonées avalées en 3 minutes chrono et recommence crescendo.
Tout y passe:
depuis le mensonge du départ qui tient 5 minutes, à la tentative de destruction de l'entreprise, pardonnée en 30 secondes, en passant par la compagne du boucher qui surgit dans l'histoire mais n'est qu'un détour , ou le créancier qui émèrge 2 fois avant de disparaitre comme par enchantement, etc ...
Dans cet univers aseptisé, ça passe. Les pires difficultés glissent sur la psyché des protagonistes comme l'eau sur les plumes d'un canard. Rien n'accroche. Ils sont psychologiquement en plastique. D'où une impression de totale artificialité ronronnante.
Plus dérangeant: ces obstacles prennent pour prétexte des thèmes forts qui, à peine abordés, sont déjà en train de se dégonfler (l'artisanat dans un monde industriel, le terroir, l'ambition, le deuil...). Ca brasse large, on dirait du casage de thèmes. Evidemment il ne s'attache à aucun : car c'est pour vendre à l'international !
Quand on pense que le héros fustige l'héroïne pour avaler tout rond, pour ne pas mâcher sa viande, eh bien ...Le réal réalise-t-il qu'il fait pareil avec son ouvrage prémâché, sans corps, sans résistance, sans nerf, sans muscle?
Larder cette substance sans passion avec une mise en scène qui n'a rien à montrer puisque tout est verbalisé (à 2 tentative près), une musique pénible qui dévore l'écran puisque la réal est à la ramasse. Voilà la recette de cette bluette trop cuite qui n'a de comédie que le tag de genre.
Il faudra toute la malice et le charme des comédiens pour donner un peu de vie à cette histoire factice et forcée. Heureusement, de ce côté-là, les ingrédients sont de qualité supérieure ...
Moralité: fabriquer autant de temps de cerveau disponible sans aucune coupure pub, c'est gâcher !