Mikaël (Vincent Macaigne) est médecin de nuit à Paris. Chaque nuit, à bord de sa Volvo hors d'âge, sa lourde sacoche vissée au bras, il sillonne les rues de Paris pour soigner les malades et apaiser les crises d'angoisse.
Mais Mikaël est un homme divisé, moins lisse qu'il n'y paraît. S'il chérit ses deux fillettes et reste attaché à Sacha, leur mère (Sarah Le Picard), il entretient une liaison fusionnelle avec Sofia (Sara Giraudeau), une jeune doctorante en pharmacie dont son bouillonnant cousin Dimitri (Pio Marmaï), avec qui Mikaël a grandi, va pourtant demander la main.
Plus grave : à la demande de Dimitri, Mikaël a accepté de participer à un trafic de fausses ordonnances qui risque de mal tourner.
Une nuit vient où Mikaël, sentant la catastrophe approcher, décide de remettre de l'ordre dans sa vie.
Elie Wajeman est un jeune réalisateur français que j'ai eu la chance d'écouter brillamment présenter son film. "Médecin de nuit" est sa troisième réalisation après "Alyah" en 2012 (où Pio Marmaï - déjà - interprétait un personnage qui, comme Vincent Macaigne devait, l'espace d'une nuit, trancher un choix cornélien) et "Les Anarchistes" en 2015. L'intelligence avec laquelle il en parle, les détails qu'il fournit sur son inspiration et sur les questions qu'il s'est posées durant le tournage et la façon dont il y a répondu, m'ont conduit à reconsidérer mon opinion sur un film auquel je n'aurais peut-être pas spontanément accordé trois étoiles.
Elie Wajeman reconnaît volontiers les dettes nombreuses que son cinéma a contractées. Des dettes à l'égard du cinéma noir américain du Nouvel Hollywood : "Mean Streets" de Martin Scorsese, "La nuit nous appartient" de James Gray. Mais des dettes aussi à un cinéma français plus ancien : celui qui, dans les années cinquante, filmait Pigalle et sa pègre ("Touchez pas au grisbi" de Jacques Becker, "Du rififi chez les hommes" de Jules Dassin, "Bob le flambeur" de Jean-Pierre Melville). À ce cinéma, il a emprunté ses galeries de personnages archétypaux, ses ambiances nocturnes, son unité de temps et son sens du tragique.
Le cinéma de Elie Wajeman n'en demeure pas moins profondément contemporain. C'est avec un amour palpable le Paris du dix-neuvième arrondissement qu'il filme, ses longues avenues sans âmes qui scintillent sous la pluie froide d'un hiver rigoureux, sa faune interlope.
Le film est porté à bout de bras par Vincent Macaigne. Elie Wajeman raconte qu'il avait été écrit pour un autre acteur - dont il ne dévoile pas le nom. On peine à le croire tant son interprète s'est glissé à la perfection dans le rôle.
On le connaissait pour ses interprétations, un brin répétitives, de quarantenaires barbus et gentiment paumés, dans des comédies françaises d'avant-garde, plus ou moins réussies.
Son potentiel dramatique éclate avec ce film noir, minéral, sans humour. Il joue, avec une subtilité qu'on ne lui imaginait pas, un personnage sur la brèche, hésitant face à plusieurs choix, professionnels et familiaux. Le scénario laisse ouvert plusieurs perspectives. Sa conclusion est un modèle du genre, offrant l'occasion de débats enflammés à la sortie de la salle. On a demandé à Elie Wajeman le sens de ce dernier plan. Il nous a répondus. Sa réponse en mp.....