Pendant tout le visionnage, je n'ai pas cessé de me demander si Friedkin, pendant qu'il réalisait son film, se doutait qu'il allait balancer un des pires cauchemars cinématographiques jamais vus. Cauchemar étant ici employé à but mélioratif, ça va de soi. En effet, que l'on aime ou pas, que l'on croit ou non à tous ces principes religieux inhérents à la présence d'un démon, il est difficile de rester de marbre devant cet « Exorciste » qui ne ménage aucune sensibilité. Dès le début, coïncident avec la découverte de la statuette, on sent tout de suite qu'il y a un truc pas net, qu'il y a un truc qui ne va pas tourner rond. Sentiment renforcé, voire même décuplé, par la réalisation de Friedkin qui exploite au maximum son décor pour créer une présence latente. Après ça, le soufflet retombe et l'on a droit, hélas à quelques bavardages et banalités dont on aurait pu se passer. Et là, le moment tant attendu arrive. La gamine est possédée par le démon. La mécanique se relance et ne s'arrête plus. Les scènes chocs, si elles ne s'enchaînent pas, sont incluses de manière cohérente avec un dosage très délicat. Et encore une fois, la façon dont Friedkin filme, ajoute un malaise supplémentaire. A tel point que par exemple, des séances de scanner ou autres examens du genre parviennent à vous faire froid dans le dos. Et l'on en vient au clou du spectacle, l'exorcisme pur et dur. Et contre toute attente, c'est là que le bât blesse, un peu. C'est lors de ce qui aurait du être l'apothéose que l'effroi se fait le moins ressentir, malgré quelques trouvailles horrifiques (lévitation de la gamine ou du plumard). Cette partie de film, bien qu'elle soit très bonne aussi, tend à tirer en longueur ce qui en altère sans nul doute la puissance originelle. Si « L'Exorciste » a des failles et qu'il n'est donc pas parfait, il n'en reste pas moins une franche réussite et peut encore « se vanter » d'être un film qu'il ne faut pas manquer.