Bon film, complexe mais bien écrit, qui cède un peu trop à l’air du temps avec quelques scènes très improbables (celle de “La prière des Hébreux” devant le Führer à Berlin) mais aussi qui contient certains développements hasardeux ( la fourniture de plans aux Allemands qui s’avèrent dépassés) dont le paiement, via une banque véreuse, conduit à la chute de Gustave Joubert notamment. C’est dommage car cette complexité de l’intrigue finit par affaiblir l’ensemble. Pour le reste, le film de Clovis Cornilllac est bien rythmé et bien costumé et on passe un bon moment de deux heures et quatorze au cinéma.
Tout commence en 1927, à la mort du riche banquier Marcel Pericourt, dont les funérailles auxquels le Tout Paris assiste, sont le théâtre d’une tentative de suicide de son petit fils Paul qui en gardera les séquelles toute sa vie. Madeleine (Léa Drucker) unique héritière, doit reprendre la tête de l’empire financier entourée de son oncle Charles Pericourt (Olivier Gournet) député et qui est constamment au bord de la faillite et de Gustave Jouvert ( Benoît Poelvoorde) qui voudrait épouser l’héritière par intérêt et qui va provoquer sa chute par dépit.
Ruinée par la crise et de très mauvais placements dans le pétrole roumain, Madeleine doit tout quitter et tout vendre. Cinq ans ont passé.
Madeleine, digne, s’installe avec Paul qui a repris le goût de vivre aux côtés de sa nouvelle nurse polonaise. Il a pour unique passion la voix de soprano alto de Solange Gallinato (sublime Fanny Ardant ) . Mais Madeleine qui est le personnage central rêve de se venger. Elle découvre que Gustave Joubert associé à Charles Péricourt et soutenu par l’ancien précepteur de Paul , André Delcourt, dont elle apprendra qu’il abusait de l’enfant, ont fondé une société aéronautique qui cherche à mettre au point un moteur à réaction en vue d’un contrat avec l’Etat pour cette avancée technologique majeure. Elle engage Lucien Dupré ( Clovis Cornillac) son ancien chauffeur pour mener l’enquête et utilise Léonce, son ancienne femme de chambre, devenue l’épouse de Gustave Joubert bien que deja mariée une première fois, pour élaborer un plan qui conduira Gustave Joubert à sa perte.
Madeleine réussira à confondre ce dernier, finalement accusé de trahison et de malversations, tout comme André Delcourt. L’intrigue, compliquée, occupe tout le champ du film et c’est sans doute dommage d’avoir si peu utilisé l’esprit du temps et d’avoir en quelque sorte escamoté presque complètement les Couleurs de l’incendiie qui pointent à l’horizon… Le passage avec le Führer et l’escapade en Allemagne puis le fuite en France avant le dénouement paraissent assez fantasques. Trop de choses. Trop de détails. Le spectateur a du mal à s’imprégner des decors et des clins d’œil qui sont fait à l’histoire réelle. Meme si la fin est heureuse pour Madeleine et Paul, la premier refaisant sa vie avec Lucien, et le second héritant des biens de sa chère Solange qui disparaît après son coup d’éclat en Allemagne.
Quant au fameux moteur à réaction, il a été inventé par l’allemand Hans Von Ohain en 1939 qui fit voler la même année un Heinkel He -178 . Le premier essai avait été conduit par le britannique Franck whittle dés 1934, l’année où se déroule la seconde partie du film. On ne voit pas paraître le français René Leduc qui travaillait sur le même projet chez Bréguet et dont les résultats concluants avaient suscité une commande par l’Etat d’un prototype. Rene Leduc poursuivit ses recherches jusqu’en 1958. Mais le premier avion à réaction français décolla le 11 novembre 1946. C’était un SO 6000 Triton, conçu dans la clandestinité par Lucien Servanty en 1943 à partir d’un moteur allemand …