Vengeance !
Clovis Cornillac s’attaque à un gros morceau, une adaptation du roman éponyme de Pierre Lemaitre, suite de la saga initiée par Au revoir là-haut. Il faut dire qu’il a mis toutes les chances de son côté puisque c’est le romancier lui-même qui a écrit ladite adaptation. Février 1927. Après le décès de Marcel Péricourt, sa fille, Madeleine, doit prendre la tête de l'empire financier dont elle est l'héritière. Mais elle a un fils, Paul, qui d'un geste inattendu et tragique va la placer sur le chemin de la ruine et du déclassement. Face à l'adversité des hommes, à la corruption de son milieu et à l'ambition de son entourage, Madeleine devra mettre tout en œuvre pour survivre et reconstruire sa vie. Tâche d'autant plus difficile dans une France qui observe, impuissante, les premières couleurs de l'incendie qui va ravager l'Europe. 136 minutes qu’on n’a pas le temps de voir passer. Quand la petite histoire croise le chemin de la grande. Du très bon cinéma ambitieux et virtuose. Et surtout, quel scénario !
Je ne pensais pas que Clovis Cornillac – dont j’estime par ailleurs le talent d’acteur – serait capable de s’attaquer à une fresque de cette ampleur. Eh bien, je bats ma coulpe, je me suis trompé. Superbe mise en scène, reconstitution plus que soignée, très belle musique, montage très nerveux et une direction d’acteurs – en particulier les enfants -, épatante. Tout est réuni pour un grand film et, comme je ne reviendrai pas sur la qualité du scénario, vous avez compris que je suis sorti conquis de ces deux heures et quart où certes, le manichéisme règne en maître, mais tant pis si les méchants sont très méchants et les gentils très gentils. Mais cette période de la montée du nazisme ne se prêtait-elle pas parfaitement à ce regard ? Bref une histoire de vengeance à longue haleine absolument passionnante et parfois bouleversante.
Léa Drucker domine le casting XXL de tout son talent. De la fragilité à la manipulation, elle nous propose une palette immense de sentiments. Face à elle les Benoît Poelvoorde, très sobre et juste, Olivier Gourmet, qui, - et c’est très rare – en fait des tonnes, Jérémy Lopez de la Comédie Française, Clovis Cornillac himself, Fanny Ardant, magnifique en diva au grand cœur, Alice Isaaz, Alban Lenoir, Olivier Rabourdin et les deux jeunes Octave Bossuet et Nils Othenin-Girard qui crèvent l’écran… quand je vous disais que c’est un casting assez rare dans le ciné français… Voilà un budget de 16 millions utilisé à merveille… Quand on pense qu’un navet comme Barbecue a coûté plus de 11 millions ??? On s’interroge ! Pour résumer du cinéma romanesque classique de chez classique, mais tellement bien fichu qu’il emporte l’adhésion.