Wolfgang Petersen, réalisateur renommé pour ses œuvres cinématographiques distinctives, nous livre en 1984 une adaptation audacieuse du roman emblématique de Michael Ende, "L'Histoire sans fin". Le film, une coproduction germano-américaine, promettait une immersion dans l'univers fantastique de Fantasia. Si le projet avait de nobles ambitions, l'exécution oscille entre réussite éclatante et quelques faiblesses notables, justifiant une réception plutôt mitigée.
Un Envol vers l’Imaginaire
Dès les premières minutes, "L'Histoire sans fin" captive par son décor enchanteur et ses effets spéciaux innovants pour l’époque. Le monde de Fantasia, avec ses créatures mystiques et ses paysages variés, est superbement réalisé. Le dragon porte-bonheur Falkor, avec sa fourrure rose et ses écailles scintillantes, reste un symbole marquant du film, représentant à la fois l'évasion et l'espoir.
Les séquences tournées aux studios Bavaria Film de Grünwald, malgré quelques complications techniques comme la fonte des décors sous la chaleur, contribuent à une atmosphère immersive. La musique de Klaus Doldinger et Giorgio Moroder, notamment la chanson emblématique "The NeverEnding Story", accompagne parfaitement les aventures de Bastien et Atreyu, ajoutant une couche émotionnelle et nostalgique indéniable.
Un Voyage Émotionnel... et Chaotique
Bastien, interprété par Barret Oliver, est un personnage avec lequel beaucoup de jeunes spectateurs peuvent s'identifier. Son échappatoire dans un livre magique face aux défis de la vie réelle est poignante. Noah Hathaway, incarnant Atreyu, apporte une dimension héroïque et tragique à l'histoire. Cependant, la représentation des personnages souffre parfois d'une certaine superficialité. Les relations, bien que touchantes, manquent de profondeur, surtout dans le contexte dramatique du livre de Michael Ende.
Le récit est riche en symbolisme et en métaphores, ce qui plaira aux amateurs de contes philosophiques. L'affrontement d'Atreyu avec Gmork, une créature de l'ombre, et la quête pour sauver l'impératrice de Fantasia, incarnent des luttes universelles contre le désespoir et l'oubli. Cependant, certaines scènes peuvent paraître longues et manquent de dynamisme, ce qui ralentit le rythme global du film.
L’Ambiguïté de l’Adaptation
L'auteur Michael Ende lui-même a critiqué l'adaptation, la jugeant infidèle à son œuvre. Le film prend des libertés narratives qui, bien que nécessaires pour une adaptation cinématographique, dénaturent certains aspects profonds du livre. Les essais de maquillage pour Atreyu, qui dans le livre a la peau verte, ont été abandonnés, et plusieurs éléments clés de l'intrigue sont simplifiés ou omis.
Les performances des acteurs adultes, notamment Gerald McRaney en père de Bastien et Thomas Hill en Karl Konrad Koreander, sont solides mais peu exploitées. Leur présence aurait pu enrichir davantage l'histoire en apportant une perspective plus mature et une réflexion plus profonde sur les thèmes de la perte et de la résilience.
Un Héritage Complexe
Malgré ses imperfections, "L'Histoire sans fin" a laissé une empreinte durable dans la culture populaire. Le film est devenu culte, notamment grâce à sa bande sonore et à certaines scènes iconiques comme la traversée des marécages de la mélancolie et le vol sur le dos de Falkor. Les suites et adaptations télévisées qui ont suivi n'ont pas réussi à capturer l'essence de l'original, souvent perçu comme un joyau imparfait mais précieux.
En conclusion, "L'Histoire sans fin" est une œuvre qui, malgré ses faiblesses, réussit à émerveiller et à toucher le cœur des spectateurs. C’est un film à la fois enchanteur et imparfait, qui parvient à transporter son audience dans un univers où l'imagination et l'espoir règnent. Il mérite d'être redécouvert et apprécié pour ce qu'il est : une aventure fantastique inégale mais sincère.