Ouille, bon, ben je rejoins certains critiques qui se sentent seuls : Possession c’est une énorme arnaque ! Dire qu’on juge ce genre d’imposture en les comparant à des chefs-d’œuvre (ou presque) comme Rosemary’s Baby ! C’est incroyable !
Succès critique quasiment unilatéral (en général il faut se méfier !), Possession c’est une super jaquette, et, puis pas grand-chose ! Ok, le film distille une ambiance sombre et poisseuse appréciable, et je dois dire que c’est le meilleur aspect du métrage, mais cela suffit-il à faire un bon film, a fortiori un film qui reçoit autant de louange ? La réponse ne peut être que non !
Il y a sur l’intrigue de très nombreuses interprétations, relatif tant au communisme qu’à la vie privée du réalisateur au moment du tournage, moi, ce que j’ai vu, c’est avant tout une sorte de film expérimental oiseux et lourd, pétri de références dégingandées ! Rythme d’une incroyable mollesse, dialogues qui ne mènent nulle part, pseudo-scènes chocs histoire de sauver le spectateur du sommeil définitif, Possession est sans doute symbolique, tellement symbolique que c’est aussi passionnant que de regarder Carré blanc sur fond blanc pendant 2 heures ! Lorsqu’on sent qu’un bon moment arrive, il est aussitôt rejeté dans l’abîme, le métrage semblant continuellement hésiter entre un réalisme piquant et un fantastique horrifique sans parvenir à convaincre ni dans un domaine ni dans l’autre, les allers-retours de l’un à l’autre étant terriblement empesés.
Les acteurs ont été loués, je ne doute pas qu’ils font de leur mieux, mais je n’ai pas été convaincu. Adjani est certes hystérique à souhait, maintenant j’ai déjà vu encore plus hystérique au cinéma, et ce n’est pas la variété des sentiments qui va la fatiguer dans ce métrage tant elle reste constamment ancrer dans la folie la plus crasse. Dotée d’un personnage coquille vide, elle fait face à Sam Neill, toujours très bon, heureusement, mais lui aussi doté d’un personnage sans relief. En fait, est-ce une volonté du réalisateur, les personnages dans ce film sont totalement désincarnés. Désincarnés par des dialogues trop écrits, désincarnés par un surjeu quasi-général, on ne croit pas un seul instant à ce couple avec enfant ! Ça sonne faux.
Formellement Zulawski offre un travail de mise en scène souvent très lourd, à l’image du reste de son film. Le mouvement de caméra tournoyant lors d’un des moments les plus quelconques du film par exemple ne se justifie pas du tout, le montage ultra saccadé à la fin est lui aussi très artificiel, très prétexte. Il y a des effets, une recherche esthétique, mais ce n’est pas peu dire qu’à chaque fois ça tombe au plus mauvais moment, alors qu’en revanche on se coltine des scènes phares d’une platitude consternante (la première apparition du monstre).
Reste comme je l’ai dit l’ambiance poisseuse, une bande son plutôt bien utilisée quoique minimaliste, et un ou deux moments sanglants spectaculaires qui sauront vous réveiller, pas de quoi pavoiser cependant pour un film aussi largement apprécié !
Possession est pour moi une franche déception. J’y ai cru, je partais d’autant plus optimiste que le casting, les critiques bonnes, la jaquette très jolie offraient des perspectives intéressantes, mais en fait non. C’est ce que je craignais complètement : un film empâté, lourdingue, doté d’une symbolique aussi subtile qu’une enclume, et qui enfonce allégrement toutes les portes du pseudo-film intellectuello-indépendant. L’histoire a parait-il été terminé par le réalisateur sous l’emprise de l’alcool, c’est là où l’on se rend compte que parfois ce n’est pas bénéfique ! 1