Le cinquantième film de Woody Allen, pourrait bien, hélas, être son dernier, non seulement en raison de son âge avancé mais aussi des difficultés qu'il a désormais à monter ses projets, pour les raisons que tout le monde connait. La tonalité de Rifkin's Festival, tourné pendant la compétition de cinéma qui se tient chaque année à San Sebastian, est très mélancolique mais cela n'empêche pas le réalisateur de faire preuve d'un humour à toute épreuve et de son élégance visuelle habituelle. Avec un peu de mauvais esprit, aussi, à l'égard d'un personnage de cinéaste français (formidable Louis Garrel) imbu de lui-même et d'une prétention inouïe, jusqu'à envisager de réaliser un film qui réconcilierait arabes et israéliens (sic). Woody se moque du monde du cinéma, esclave des modes éphémères, mais lui exprime aussi tout son affection à travers de nombreuses séquences de rêves qui pastichent, avec infiniment d'amour, certaines scènes de longs-métrages de Welles, Bergman, Fellini, Bunuel, Godard, Truffaut et même Lelouch. L'intrigue centrale de Rifkin's Festival n'a par ailleurs qu'un intérêt mineur, la fin d'un couple, mais c'est tout ce qui l'entoure, y compris la photogénie de la ville basque, qui prime. Le héros vieillissant, grincheux et hypocondriaque du film est évidemment un double ironique du cinéaste, amoureux de la beauté, amateur de bons mots et au cœur partagé entre New York et Paris. Wallace Shawn est plus que parfait dans le rôle principal, à la tête d'un casting qui comprend aussi Gina Gershon, Elena Anaya et Sergi Lopez. Quand on aime depuis toujours le cinéma de Woody Allen, impossible de ne pas se laisser entraîner dans cette déambulation romantique et désabusée d'une semaine de septembre, dans les rues de San Sebastian.