Cette adaptation du Sommet des dieux est, ma foi, tout à fait sympathique. Je dois lire le manga depuis une éternité (mais la flemme) adorant les histoires tournant autour de l'alpinisme.
Déjà on retrouve ce qui fait toute la saveur de ces épopées : la mort. Elle est omniprésente et elle survient assez vite. Lorsque l'on part on ne sait pas à quel moment ça peut mal tourner, à quel moment tout peut s'arrêter. Disons que ça aide à poser le décor, en alpinisme : on meurt. Ceux qui survivent sont ceux qui s'arrêtent assez tôt. L'idée que dans l'accomplissement physique et mental de l'ascension d'un sommet la mort soit au tournant, permet d'instaurer un climat de tension permanent. (même si on aurait pu en avoir un peu plus)
La narration aide aussi à faire monter la sauce, puisqu'on va suivre ce journaliste qui en découvre à chaque fois un peu plus sur ce fameux Habu, alpiniste dont on a perdu la trace depuis des années. Et finalement, c'est plus Habu que le personnage principal qui a une réelle personnalité. Le journaliste est finalement assez fade et transparent (enfin c'est pas trop grave car à part à la fin il ne fait que recoller des morceaux ensemble)
Les phases d'ascension sont pas mal réalisées, on sent que c'est compliqué, qu'ils en chient... mais je pense qu'il y aurait eu moyen d'aller encore plus loin. En fait c'est le gros reproche que je ferais au film : il aurait dû être plus long. Non pas pour étoffer je ne sais quelle sous intrigue, mais pour au contraire montrer plus d'ascension, de petits moments où on est suspendu au film attendant ce qui va se passer, de voir comment les personnages vont s'en sortir (s'ils s'en sortent).
J'ai l'impression que le réalisateur a réalisé une adaptation assez consensuelle, peut-être trop, au lieu de vraiment oser pousser le bouchon plus loin en terme d'intensité des ascensions. Les montrer monter en silence pendant plusieurs minutes, galérer...
à chaque fois on a un petit montage, une petite ellipse, et hop on passe à la suite, ça ne rend pas nécessairement hommage à la difficulté de la tâche. Il s'attarde juste sur quelques petits passages où il se passe quelque chose, de la neige qui tombe, quelqu'un qui tombe, mais pas sur le gros du voyage.
D'ailleurs le dernier plan dans la neige est pour moi l'expression même du refus de cette volonté du réalisateur d'atténuer la réalité. C'est un plan qu'il fallait faire durer, pas 5s et puis on passe à un épilogue inutile (fallait juste pas le mettre, il apporte rien et il fait tache), mais clairement passer du temps sur ce qui est important, histoire qu'on ait le temps de ressentir quelque chose.
C'est pas un mauvais film, au contraire, il fait juste le choix, regrettable à mon humble avis, de l'efficacité au détriment de l'émotion et de l'intensité.