"Requiem for a dream" est un film sur la modernité. Et, sur son synonyme, la décadence. C'est une œuvre qui montre, fait constater, livre au spectateur, le spectacle des drogues de la modernité, leur insinuation, leur action, et leur effet. C'est une œuvre qui terrifie, qui marque, parce qu'elle met en scène la violence de cette modernité qui tue, qui nous tue, qui nous tuera, et qui relève en fait du suicide.
Ces drogues modernes sont au nombre de quatre : le divertissement audiovisuel, les médicaments, le sexe, et les drogues dites "dures" (alors qu'elles ne le sont pas plus que les précédentes). Par un triple tableau d'une intensité croissante mais toujours extrême, à la réalisation puissante épaulée par une bande-son mémorable et en parfaite synchronisation avec les images et les évocations, le cinéaste nous donne à voir notre propre mort ; ces pauvres gens ne sont pas des cas qu'il a décidé de traiter, ils sont des exemples. Les quatre drogues représentées sont chacune différentes mais ont le point commun d'être des poisons puissants et d'être acceptés par la société moderne ; certes la critique est facile, les détracteurs du film ne manquent pas de signaler que c'est un thème déjà exploité et étudié par le cinéma. Mais Aronofsky le fait avec une violence et une profondeur de mise en scène qui poussent le genre à son summum, rendant son film extrêmement original par le simple fait qu'il ne peut pas être oublié.