Tiré par les cheveux
Laetitia Colombani adapte son best-seller aux 5 millions de lecteurs – dont j’avoue humblement ne pas faire partie -. Je ne jugerai donc pas ladite adaptation pour ne parler ue de cinéma ; Et là, ce « méli-mélos » de 120 minutes m’a paru interminable pour de multiples raisons. Inde. Smita est une Intouchable. Elle rêve de voir sa fille échapper à sa condition misérable et entrer à l'école. Italie. Giulia travaille dans l'atelier de son père. Lorsqu'il est victime d'un accident, elle découvre que l'entreprise familiale est ruinée. Canada. Sarah, avocate réputée, va être promue à la tête de son cabinet quand elle apprend qu'elle est malade. Trois vies, trois femmes, trois continents. Trois combats à mener. Si elles ne se connaissent pas, Smita, Giulia et Sarah sont liées sans le savoir par ce qu'elles ont de plus intime et de plus singulier. Vous avez compris, 3 histoires, 3 héroïnes, 3 drames, trois continents… bref, le chiffre 3, comme le nombre de brins nécessaires pour confectionner une tresse. Tout est dans la symbolique, et pour ce qui est des symboles, on est servi…
Eh oui ! Cette tresse est cousue de fils blancs, si je puis me permettre cette image qui risque fort de faire sursauter coiffeurs et perruquiers. Je rigole, et franchement il n’y a pas de quoi se marre dans ce film submergé par le pathos, rien ne nous est épargné. Ce qui m’a le plus gêné, c’est le côté très artificiel des liens entre les 3 histoires racontées par épisodes entremêlés – désolé, mais franchement ce n’est pas de ma faute -, et qui, à force de parallélismes forcés finissent par être totalement prévisibles. Deux intérêts documentaire tout de même, le sort réservé à la caste des Intouchables en Inde – même si, en l’occurrence, le sujet me paraît très édulcoré -, et l’industrie du cheveu en Italie… à part ça, pas grand-chose à se mettre sous la dent. L’affiche du film prévient en lettres énormes : Préparez-vous à être émus aux larmes ! Je déteste ce type de racolage.
Côté triple casting, il n’y a rien à dire, c’est impeccable et toute la troupe avec Kim Raver, Fotinì Peluso, Mia Maelzer, la petite Sajda Pathan, étonnante, Avi Nash, s’est mis au service de cette histoire parfaitement improbable. On a l’impression d’assister à 3 films distincts, - donc reliés, je le répète, de façon très fabriquée et beaucoup trop voyante -, d’ailleurs, tourner en Inde, au Canada et en Italie a nécessité 3 – évidemment -, équipes techniques différentes, 6 mois de tournage, et des actrices qui ne se sont bien sûr jamais rencontrées. Le pathos marche à fond et le côté édifiant du message est tellement exacerbé que ça en devient gênant. Du mauvais Lelouch au féminin. Quant à l’incessant piano de Ludovico Einaudi qui souligne tout de volutes pseudo romantiques… je ne vous dis que ça ! Dommage, l’idée est belle, mais le traitement trop niais, et il y a bien deux choses que j’ai du mal à supporter, qu’on me prenne pour un crétin à qui il faut tout expliquer, et qu’on veuille me faire pleurer sur commande. Je me braque d’emblée… et j’ai peut-être tort, mais c’est comme ça.