Drame psychologique, écrit et réalisé par Gaspar Noé, Climax est une expérience suffocante de grande qualité. L'histoire se déroule dans une salle isolée en bordure de forêt, et nous fait suivre une troupe de danseurs se lançant dans une fête pour décompresser après trois jours de répétitions intensives. Seulement, très vite, il apparaît que quelqu'un a versé une substance illicite dans la sangria qu'ils buvaient. Ce scénario nous plonge pendant environ une heure et demie, dans une véritable descente aux enfers se déroulant en plusieurs phases. Plus les minutes avancent et plus les effets se font ressentir, aggravant la situation avec le temps. L'ambiance, au départ festive et amicale, va laisser place à une atmosphère horrifique, malsaine, glauque, anxiogène et violente, créant un ressenti viscéral. Cette intrigue, traitant entre autre de l'avortement et de l'inceste, est portée par de nombreux personnages présentés de façon judicieuse afin de faire en sorte qu'ils soient reconnaissables. Des protagonistes aux personnalités bien distinctes, authentiquement interprétés par une distribution comportant de vrais danseurs n'ayant jamais joué la comédie pour la plupart, hormis Sofia Boutella et Souheila Yacoub. Tous ces membres ont une énergie folle, dansant sans fin et de façon endiablée le voguing, le krump et le waacking, dans un état second de transe et de démence. Leurs corps, perpétuellement en mouvement, nous offrent des chorégraphies aussi impressionnantes que dérangeantes, chacun étant plongé dans sa propre folie. Les relations qu'entretiennent tous ces rôles vont peu à peu complètement changer au fil des effets de la drogue ingérée qui provoque des pulsions menant à la déchéance, au chaos, créant la dislocation du groupe. Les dialogues échangés vont se durcir et la complicité va laisser place à la malveillance et l'injure. L'ensemble est très bien réalisé par Gaspar Noé dont on retrouve sa patte unique. En effet, sa mise en scène aérienne, tourbillonnante et hypnotique, nous immerge au cœur de l'action dans une spirale de violence. Comme à l'accoutumé, il nous gratifie également de très longs plans-séquences étouffants, pendant lesquels sa caméra virevolte dans un environnement clos et effrayant aux néons de toutes les couleurs, dans le dessein de soigner sa photographie paradoxalement aussi sombre que colorée. Ce visuel traumatisant est accompagné par une b.o. très présente, aux compositions oppressante de grande qualité. Celle-ci est d'une importance capitale vu le sujet et joue parfaitement son rôle en tabassant les oreilles pour nous ensorceler. Il en va de même pour les nombreux cris entendus créant un sentiment de malaise et de dérèglement mental. Cette soirée arrosée cauchemardesque s'achève sur une fin dont la révélation sonne comme une délivrance, venant mettre un terme à Climax, qui, en conclusion, est une œuvre méritant d'être vécue, même si elle laissera un souvenirs éprouvant.