« Le Mans 66 » relate bien plus que cette course mythique, rien que par la complexité des divers et nombreux enjeux dont nous fait part ce film, en étant inspirée d’une histoire vraie...
Après un « Rush » passionnant et royal de Ron Howard, James Mangold n’a certes pas la même démarche dans ce qu’il cherche à aborder et à montrer.
Son film s’articule ainsi à partir de différents combats, dont celui des deux constructeurs automobiles Ford et Ferrari qui seront en partie les grands acteurs, mais également le combat des hommes dans la recherche de leurs intérêts personnels, qu’ils soient commerciaux, ingénieurs, mécaniciens ou pilotes au sein de cette aventure.
Dans la complexité de cette démarche, le cinéaste va essayer avec une certaine pédagogie, de nous brosser un tableau le plus exhaustif possible des attentes et des difficultés de chacun.
De Henry Ford II à Ken Miles, tous n’ont en effet pas les mêmes problèmes !
Si l’un a des soucis de logique commerciale et de recherche d’une image de marque sur le plan mondial, l’autre a plus le besoin de boucler ses fins de mois...
Afin de tisser au mieux son canevas dans ce sens, James Mangold nous plonge donc dans un système de relations à « rivalité variable », intéressant mais un peu longuet et fastidieux au demeurant dans son cheminement, au point de ne pas rendre d’emblée les rôles de Carroll Shelby et Ken Miles clairs et évidents.
De plus le traitement très Hollywoodien de cette réalisation n’épure pas son propos, loin de là.
La suite, qui va nous faire presque respirer le cambouis et le bitume, va se révéler d’un autre genre avec de l’intensité, de l’action, de la fièvre à tous les instants !
Avec l’ambiance de la course automobile et des circuits, on ressent en effet le stress, le vent, la pluie, on entend le rugissement des moteurs, le crissement des pneus.
On s’y croirait comme on l’était dans le fabuleux « Rush » !
Ça fume, ça vrombit, ça tremble à tout va avec le chrono en main !
Alors après une première partie au message en partie politique et donc évidemment économique, sur la stratégie de l’empire Ford vis à vis de celle plus « philosophique » (!) de Ferrari, la deuxième devient en comparaison, le véritable intérêt du film par sa dimension humaine évidente, en se révélant bien plus palpitante et lisible dans les émotions, les dangers, les peurs et les joies.
Le duo Matt Damon et Christian Bale fonctionne plutôt bien dans sa relation un peu tordue, et quelques rôles secondaires sont plutôt assez touchants, et on ne dira évidemment rien du rebondissement final qui fait son petit effet en étant riche d’enseignement !
Il n’en reste pas moins qu’en voulant prendre en compte le maximum de tenants et d’aboutissants, afin de renseigner au mieux le spectateur sur le dessous des cartes, le cinéaste se perd un peu dans les virages, avant d’entamer ensuite sa vraie ligne droite à un rythme enfin digne de celui des 24 heures du Mans...