« La Mule » prouve décidément qu’un film de Clint Eastwood est toujours à découvrir pour ce qu’il a à nous apprendre et à nous démontrer !
Cette fois, c’est plongé dans de magnifiques lys odorants, presque ses enfants, qu’on découvre ce monument d’acteur.
Un horticulteur sensible, farceur et charmeur, celui qui aime profiter de la vie et de ceux qui le laissent briller, soit l’antithèse complète de l’homme bourru et fermé, qui était la vedette de « Gran Torino » !
Le célèbre cinéaste tient donc encore une fois le haut de l’affiche, dont la double casquette lui permet ici un retour à l’écran avec une présence magnétique qui irradie et envahit l’écran pour notre plus grand plaisir...
Sans en faire trop et pour cause, notre presque nonagénaire séduit à chaque regard, à chaque phrase prononcée en vieux sage nonchalant qu’il devient de plus en plus !
Le rôle qu’il tient dans cette très belle histoire, le met plus que jamais en valeur et le rend de plus en plus évident, avec un message lourd de sens à la clé, tel un véritable bilan de vie qui prend la forme ici d’une belle métaphore !
Si le film démarre doucement avec ce trafic de drogue dont il participe à son insu au départ, il n’en réserve pas moins des moments drôles, très frais dont la bonhommie du personnage et sa simplicité évidente, nous enchantent immédiatement.
C’est en effet tout le contraste entre ce cartel de drogue, son organisation et ce très vieux papi qui en a vu d’autre, qui est franchement savoureux...
Bien sûr, on est bien loin d’un presque documentaire sur la drogue, et d’une réalité pure et dure comme nous le montraient d’ailleurs l’excellent « Sicario » ou encore le très bon « Escobar » !
L’enjeu est tout autre cette fois, car à travers ce nouveau « boulot d’appoint » que vient d’accepter notre Earl aux abois, c’est la peinture du personnage lui-même qui devient véritablement prenante !
Un portrait divinement croqué !
La relation qui se noue avec chacun de ces mafieux, est tout bonnement un véritable délice, en provoquant des dialogues aux petits oignons, et celui qui est roulé dans la farine (!) à ce jeu, n’est pas celui que l’on croit évidemment !
On assiste alors à de véritables joutes verbales, qui rebondissent ici et là, sans exploser certes pour autant, mais qui tombent au contraire avec un naturel complètement désarmant !
C’est que ce vieux routard en menant son chemin comme il l’entend n’a pas dit son dernier mot pour autant, et c’est ainsi que le spectateur va assister à une belle métamorphose de tout son être et en douceur !
De très bons moments, et même une véritable leçon de vie, vont donc émaner de quelques échanges plutôt cocasses et pourtant assez philosophiques, d’autant plus que les conditions dans lesquelles tout cela se déroule, met en scène un Bradley Cooper à la position particulière !
Le thème de la famille est dans ce contexte parfaitement bien traité, avec une approche délicate de la complexité de l’être humain et des liens familiaux, qui tient du virtuose !
Une belle réflexion sur la vie et de tout ce qui est essentiel, sur le prix à payer, dont la fin est une très belle et symbolique illustration...
Franchement de très bonnes idées, et beaucoup de sensibilité dont le vieux Clint a décidément le secret en nous mitonnant ses vieilles recettes qui font encore de petites merveilles !