Jeunesse naïve mais libéré face à une génération parfois perdue face à cette émancipation si contrastante face à leur mode de pensée, La Fille au bracelet nous offre un film de procès à l’enquête captivante confrontant l’évolution des mœurs quant à la sexualisation des plus jeunes de notre société, ouvertement évoquée à travers le tribunal de Nantes où se passe cette affaire, rouge de passion autant que d’interdis. Ainsi, après cette scène d’introduction aussi froide qu’évocatrice de ce qui se produira, on voit donc Lyse, à la réputation plutôt libertaire en termes de sentiments amoureux, qui est accusée d’avoir commis le meurtre de son amie Flora le lendemain d’une soirée, deux ans auparavant.
Librement inspiré du film argentin Accusada, le troisième long-métrage de Stéphane Demoustier demeure de par sa structure et son avancée dramatique une très grande réussite, en effet, toute l’intrigue tient son intérêt du fait que le spectateur en saura toujours moins que les personnages, mise à part pour la fin de l’histoire, où tout s’apprend et se découvre au fur et à mesure dans une cohérence absolument passionnante pendant les différentes audiences du tribunal notamment qui contient la plus grande partie du film. Ainsi, l’attention est toujours maximale tout autant que la tension qui perdure pour savoir qui est le coupable, cette manière de structurer le récit permet par ailleurs de découvrir à chaque fois les différentes personnalités de chaque personnage tout au long du film en même temps qu’évolue l’affaire judiciaire pour nous offrir une montée d’intrigue des plus émouvante, jusqu’au dénouement qui déçois clairement malheureusement.
La mise en scène et notamment le partit pris du format 4/3 va notamment dans ce sens qui est de se focaliser sur les personnages, les émotions qu’ils transmettent et ce qu’ils pensent. Ceux-ci sont donc très souvent représenté chacun seul au centre du cadre avec même comme l’intention de les mettre toujours en champ / contre champ pour montrer l’opposition de leurs différentes pensés, leur opposition qu’elles soient physique entre les accusés ou bien moral entre les différentes générations, bien qu’ils ne soient même pas en face dans l’action. Ainsi l’arrière-plan est toujours flou pour une fois de plus appuyer sur cette même mise en valeur où ainsi tout le fond se mélange pour presque s’effacer, si ce n’est ce rouge presque surnaturel du tribunal qui se démarque. La masse des figurants assistants au procès se distingue toutefois, en pouvant métaphoriquement la comparer par ailleurs au miroir de nous-mêmes en tant que spectateurs face à l’action qui se présente tant on est plongé dans celle-ci. Et d’autre part en s’intéressant nous-même au débat intérieurement sur le coupable potentiel, mais aussi à propos des interrogations de valeurs nouvelles dont il est ici question par cette jeunesse qui s’affirme, symbolisé par Lyse.
Si l’on devait alors retenir un propos spécifique au film, ce serait cette observation autour d’une société toujours plus sexualisée, montré ici par le contraste énorme d’un père et d’une mère en tension, très réservé quant à leur relation, et au contraire l’accusée qui est quant à elle extrêmement libre, sans être gêné le moins du monde du fait de se mettre à nue ou presque devant ses parents et le tribunal entier. C’est d’ailleurs la plus vieille femme lors du procès qui va défendre Lyse et se montrer des plus ouverte, au contraire de l’avocate générale qui se rapprocherai le plus de l’âge de cette dernière mais qui va pourtant proférer les paroles les plus dur avec une pointe de jugement à son encontre. On a ainsi plutôt le sentiment que c’est une observation extérieure sans point de vue défini que l’on observe, une interrogation sur le monde occidental où absolument tous les points de vue sont donnés avec des dialogues subtilement écrit et des interactions entre les personnages marquants par l’identification qu’on en a.
La Fille au bracelet paraît donc pendant une bonne heure comme une œuvre majeur du cinéma français de ce début d’année mais avec toutefois une véritable difficulté pour conclure qui dénote réellement avec le reste du film. En effet, le dénouement sort complètement de nulle part et cette volonté de laisser en suspend mystérieusement le véritable coupable pour laisser le spectateur en seul juge est un véritable échec tant cette fin n’est pas bien amenée, sans réel possibilité de réflexion derrière tant l’enquête semble alors au point mort. La conclusion est donc maladroite, clairement pas à la hauteur du reste du film, qui est lui une grande réussite.