« La fille au bracelet » de Nicolas Demoustier, est un film brillant qui a su mettre en relief tout ce qui concerne l’ambiguïté des relations et des sentiments familiaux, face au bouleversement, voire au chaos total que représente cette affaire de meurtre et dont la fille aînée Lise est suspectée !
Si l’enjeu même du procès est pourtant bien présent à l’écran, c’est pourtant celui de la famille, avec les répercussions et conséquences, qui est ici sous l’œil du microscope et ainsi du spectateur...
Bien que l’essentiel du film se déroule au sein de cette salle d’audience, avec de plus un traitement très incisif et chirurgical, on reste ici plus préoccupé de l’attitude de la jeune accusée et de ses parents, que du dénouement final de cette sombre affaire.
Le réalisateur a su en effet éviter les pièges de film de procès classique, en nous interpellant complètement quant à la personnalité profonde de Lise.
On découvre ainsi pour la première fois, la jeune Mélissa Guers. Elle est justement pour le spectateur le pivot central, soit une véritable énigme, tant son jeu est manifestement dénué d’affect, d’empathie et d’émotion malgré le contexte oppressant de la situation qu’elle subit !
On découvre ainsi une jeune adulte très sûre d’elle, ayant un impact puissant sur son entourage...
Quelle prestation impressionnante, où la froideur, la maîtrise, le calcul sont les maître-mots de ce personnage presque glaçant et imperturbable, au point de se demander jusqu’où est la part de vérité ou de mensonge, et dont même les parents ne semblent pas comprendre en découvrant leur enfant sous un autre jour !
La tension va ainsi devenir de plus en plus étouffante, ce que les jeux des avocates (général et de la défense) va encore renforcer par là aussi l’excellence des interprétations !
La mise en scène très tenue comme sur un fil, va ainsi donner une dimension dramatique très intense à ce procès, en lui donnant un aspect sec, quasi documentaire le plus souvent.
On est totalement pris par ces plaidoiries argumentées, étayées et construites sous forme de joutes verbales habiles, par ces démonstrations abouties qui amènent des controverses et des retournements, tout en regardant toujours et toujours cette Lise ultra déterminée en toile de fond, prisonnière de sa cage de verre et pourtant plus que jamais observatrice.
Impressionnant...
Si la fin nous laisse perplexe, c’est précisément là aussi un autre atout de ce film, en nous mettant ainsi à la place des jurés, qui en leur âme et conscience auront rendu justice, plutôt que de simplement juger une jeune femme pour ce qu’elle semble laisser paraître.
Ce film intelligent, particulier et pertinent par son approche, a de quoi faire réfléchir et questionner, et peut-être encore bien plus après être sorti de notre salle obscure presque devenue pour l’occasion, une salle d’audience !