Le film me rappelait beaucoup le film argentin Acusada sorti l'année dernière, jusqu'à ce que je découvre que La fille au bracelet est effectivement directement inspiré de ce film. Mais que ce fut intéressant ! J'ai adoré l'authenticité qui émanait du film, l'impression d'assister à un véritable procès, presque de façon documentaire. Et le résultat n'est pas étonnant quand on sait que le réalisateur Stéphane Demoustier a tenu, par des choix de mise en scène et de situation, à entretenir cet effet d'authenticité et moment brut. C'est ainsi que le président du tribunal est joué non pas par un acteur mais par un vrai avocat... que les figurants dans le tribunal n'avaient pas lu le scénario, et qu'ils découvraient donc le procès au fur et à mesure du tournage... tout comme il tenait à ce que l'accusée (Lise), soit jouée par une jeune actrice n'ayant encore eu aucune expérience de tournage, tous ces choix participent donc directement à l'ambiance générale et authentique qui se dégage naturellement du film et des scènes de tribunal et qui constitue l'identité forte du film d'ailleurs et donc sa réussite.
Premier rôle donc pour Melissa Guers alias Lise,
qui joue bien l'ambiguïté, en étant à la fois troublante, distante, froide puis finalement émue et éprouvant une grande compassion.
Le scénario est bluffant de réalisme (là encore, il a été vérifié et revérifié par des avocats professionnels pour être au plus près du réel), et je me suis amusé à me laisser convaincre par les arguments implacables de l'avocate générale interprétée merveilleusement par Anaïs Demoustier (que j'adoooore),
laissant peu de doute sur la culpabilité de Lise,
avant d'être convaincu également par les contre-arguments de l'avocate de la défense... semant ainsi le doute pour au final être
totalement perdu sur le jugement à prendre.
Le spectateur est donc placé en temps réel en tant que juge et incarne le temps d'un film celui qui cherche la vérité judiciaire... et donc se confronte frontalement et inévitablement lui-même à la difficulté de l'exercice et qui, même à l'issue du film, ne parvient pas
à savoir si Lise est finalement coupable ou non.
L'autre aspect extrêmement intéressant du film, c'est l'arc narratif construit autour de l'entourage, et notamment autour des parents, qui se rendent compte, à travers la pire des situations dans laquelle ils puissent se retrouver, à quel point leur fille semble différente de celle qu'ils semblaient connaître... Et le fait d'avoir choisi une accusée de 16 ans, avec la violence psychologique à laquelle sont aussi confrontés les parents via ce procès, était vraiment intéressant. Le pouvoir judiciaire est tel, si fort, si éprouvant, si écrasant de vérité, que
la suspicion peut aussi émaner des parents envers leur propre fille (même si dans ce film, la mère semble plus catégorique et le père plus mesuré)
, autant de facteurs concrets, d'éléments à charges, et d'aspect psychologique qui rend en ligne de compte et qui rend la décision judiciaire encore plus terrifiante de complexité. Et c'est en ce sens que ce film arrive pleinement à bien représenter cela. Un film qui fait honneur au système et surtout à ceux qui le font, car cela demande beaucoup de courage face à une responsabilité hors norme...