Bon soyons clair, je n'attendais pas quelque chose d'incroyable pour ce film. J'avais bien apprécié La Forme de l'Eau et Le Labyrinthe de Pan du même réalisateur que j'avais rattrapés quelque peu auparavant. Mais ce film m'intriguait particulièrement, notamment par son casting qui plus que royal, alors que la BA ne laissait pas grand chose à voir. De plus, la durée relativement lonque de l'oeuvre m'a inquiété dès sa découverte.
Et pourtant, ce film est une claque magistrale. Les deux heures trente ne se font absolument pas sentir, particulièrement grâce à ce rythme tantôt calme et reposé, là pour poser l'ambiance, tantôt haltant et cauchemardesque. C'est très probablement ce dernier point qui m'a fait tomber amoureux de ce long-métrage.
Dès le premier plan, le ton est donné. Del Toro n'est pas là pour son oeuvre la plus grand public et les quinze premières minutes nous le font bien comprendre. La photographie froide du film fait également bien le job et la palette visuelle du film maintient une continuité durant le long de l'oeuvre. De plus, Del Toro ne met, pour une fois, aucune créatures magique sur le devant de la scène, pour mieux déshumaniser les hommes qui sont alors montrés comme eux-même des monstres (de manière assez explicite il faut l'admettre). D'après les critiques que j'ai lues et entendues, ce film est un bel hommage aux films noirs. Malheureusement, n'étant pas un grand connaisseur du genre, il m'est impossible de vous dire si cet hommage est bien réalisé.
Quant au casting, il est, comme mentionné au dessus, magistral. Bradley Cooper est clairement la star du film (il apparaît à quasiment chaque plan) et on voit alors le talent du bonhomme lorsqu'il s'agit de porter sur ses épaules une production aussi impressionnante. Rooney Mara fait très bien le "cliché féminin" des films de Del Toro (non sérieux, allez vérifier avec la petite du Labyrinthe de Pan et l'héroïne de La Forme de l'Eau la ressemblance est dingue !) et Toni Colette ne peut mieux correspondre à son rôle. Sans oublier bien entendu la fabuleuse Cate Blanchett qui fait une femme fatale excellente, au point d'être à deux doigts de voler la vedette à Cooper, c'est pour dire.
Cependant, le film est extrêmement sombre (film noir lol) et je dois vous avouer que je n'étais clairement pas préparé à voir ça. Dès la dixième minutes, une scène particulièrement dérangeante (le poulet pour ceux qui connaissent) va montrer la crudité de l'oeuvre. Le premier acte se poursuis alors dans cet atmosphère sombre et inquiétant et parviens à faire entrer le spectateur dans le film. Vient alors un deuxième acte légèrement moins passionnant et intriguant que le premier et possédant parfois quelques petites longueurs, il faut l'avouer, mais qui nous amène vers un climax explosif où toutes les pièces de l'échiquier installées durant ces deux heures vont montrer leur vrai nature, permettant de revenir sur un thème récurant de Del Toro : la frontière entre homme et monstre. La dernière scène est alors boulversante et amère sans aller trop dans le spoil. Personnellement, j'étais incapable de penser à autre choses pendant les quelques heures qui ont suivies ma séance.
Donc pour conclure, Nightmare Alley est une giga claque de Guillermo Del Toro qui a très bien su revenir après son oscarisation pour La Forme de l'Eau. Malheureusement, ce film subit un beau flop en salle, ce qui est particulièrement injuste, surtout quand on voit des films comme le dernier Spider-Man voler les séances des autres films (même si j'ai apprécié le film, je l'ai clairement en travers de la gorge qu'un film comme No Way Home fasse autant d'ombre à des chef-d'oeuvres). Donc je vous en prie, aller voir ce film en salle et participez à sauver les "blockbusters d'auteur". Vous ne serrez à coup sûr pas déçu!