Guillermo Del Toro commence fort l'année avec son 11ème long-métrage, adaptation du roman "Le Charlatan" de William Lindsay Gresham. Pour ce nouveau film, il délaisse le fantastique pour s'attaquer à son autre genre favori, le film noir.
Dans "Nightmare Alley" nous suivons le personnage de Stanton Carlisle, un homme ambitieux qui, après avoir été initié aux arts du mentalisme par deux forains, part à la conquête des salons et des hôtels luxueux new-yorkais. Aidée par une psychiatre énigmatique, il va tenter d'escroquer les membres de la haute-société américaine, mais son plan pourrait bien se retourner contre lui.
Lorsque le long-métrage à été annoncé, il faut dire que j'avais à la fois peur et hâte de voir ce film. Guillermo Del Toro allait-t-il réussir à nous livrer un bon film sans aucun élément fantastique ? Mais mes craintes ont vite été balayé lorsque le film à commencé.
Le film est passionnant à suivre et très prenante. J'ai été embarqué par l'histoire très bien écrite de ce film, qui fait le choix audacieux de scinder le long-métrage en deux parties : la première se déroulant dans la foire où Stan s'initie au mentalisme, la seconde où lui et sa femme Molly monte un numéro qui rencontre beaucoup de succès dans les salons new-yorkais. Un pari réussi puisque ces deux parties, bien que différentes et opposés en certains points, sont parfaitement complémentaires. Le scénario explore avec brio l'avarice, l'orgueil et la fourberie du personnage principal, qui détonne avec les précédents héros de Del Toro par sa noirceur.
Le film est absolument sublime. La photographie de Dan Laustsen est divine. Que ce soit dans la première partie aux tons chauds et aux nuits pluvieuses, ou dans la seconde, aux lumières glaciales et aux nombreuses chutes de neige, c'est magnifique. Les décors sont tous splendides : la foire est très crédible, l'hôtel où Stan et Molly font leur numéro ou le bureau de Lilith Ritter, magnifique décor qui reflète parfaitement le personnage, chaque décor est parfaitement designé et collabore à créer une ambiance unique. La réalisation de Del Toro est soignée, et joue sur des plans séquences et utilisent des focales très courtes pour montrer l'immensité des décors, qui paraissent décuplés.
Le casting est incroyable. Je ne suis pas un grand fan de Bradley Cooper, mais je suis obligé d'admettre qu'il m'a bluffé dans ce film. Il a une telle présence et arrive à insuffler une force et une ruse à son personnage très complexe. Rooney Mara est excellente dans son rôle, seule éclaircie dans ce sinistre tableau, très touchante et pleine de sincérité. Richard Jenkins est toujours très bon, dans un rôle très différent de celui qu'il occupait dans La Forme de l'Eau, et Toni Collette campe bien son personnage, qui souffre d'un faible développement. Mais celle qui domine ce casting d'exception est sans doute Cate Blanchett, qui semble être née pour incarner ce rôle de femme fatale mystérieuse. Son regard, sa gestuelle, tout est absolument parfait dans son interprètation, qui reste encore en mémoire à la sortie de la salle.
La musique de Nathan Johnson sied parfaitement au long-métrage, avec ses notes de piano mélancoliques. On se rappelera notamment des pistes "Grindle's Ghost" et "Lilith's Revenge" qui restent longtemps en tête après le visionnage. Il faut également souligner les maquillages (notamment des blessures que l'on voient à l'écran), toujours très crédibles. Les costumes sont impeccables, et contribuent vraiment à créer le monde riche du long-métrage.
Bref, "Nightmare Alley" est un excellent film, un grand moment de cinéma à vivre absolument en salles. Et je n'ai pas peur des mots : selon moi, Guillermo Del Toro signe ici son plus grand film, et un chef-d'oeuvre en devenir.