Anna, le dernier film de Luc Besson, est-il un remake de Nikita, du Grand Bleu, de Lucie ou encore de Leon? En effet, les connaisseurs reconnaitrons, entre autres, la similarité avec les personnages, le déroulé de l'histoire durant la guerre froide et l'efficacité de l'action chez Nikita; les effets de routine et répétition en accéléré que l'on découvre dans le Grand Bleu lorsque les plongeurs se succèdent pour battre le record d'Enzo. De plus, le personnage d'Anna ressemble beaucoup à Nikita, Matilda, Lucie ou encore Adèle Blanc-Sec. Soumise à l'arbitraire et à la violence des hommes, elle passe par tous les états: de femme camée, désespérée, bafouée, elle devient tueuse, tortionnaire, sublime… avant de disparaitre. Mais, Anna, le film, n'est pas un simple melting-pot de tous ces films, c'est du "Besson 2.0"! Bien que le film se déroule dans les années 1985-1990, il est très actuel par sa technicité, et par le modernisme des situations. Par exemple, Anna vit avec Maud, et exprime son amour envers Alex et Lenny. Et oui, nous découvrons deux Bob, le personnage joué par Tchéky Karyo dans Nikita! En réalité, il y en a un troisième!... J'y reviendrai. Les deux personnages masculins principaux jouent à la perfection leur rôle de manipulateur et d'amant amoureux. Mais qui manipule vraiment? Les agents secrets de Russie ou ceux de la CIA? A moins que ce ne soit le réalisateur lui-même par sa narration non-linéaire. Tel une femme fatale, Besson nous dévoile le strict nécessaire, nous laissant suggérer, deviner ce que nous, spectateurs avisés, souhaitons voir. Mais, au moment fatidique, les effets de flash-back nous révèlent l'envers du décors. Du grand art! Cet effet est d'une efficacité redoutable. Il constitue, à titre d'exemple, la marque de fabrique de la série "How to get away with murder." Ainsi, Besson nous prouve qu'il reste le maitre du thriller et du film d'action. Grand bravo, notamment, pour la scène de tir au restaurant, chorégraphiée au laser et sonorisée de manière organique et hypnotique par Eric Serra, qui est juste sensationnelle. Plus encore, il maitrise l'art du suspense et de la manipulation, nous faisant penser à un autre européen, Alfred Hitchcock. La réplique de choix qui s'impose au spectateur transi, une fois le film terminé: "C'est du sacré Besson! Encore! Peut-être un Besson 3.0?"