Quoiqu’il touche depuis une dizaine d’années, les films de Luc Besson, l’un des plus grands cinéastes français en termes de gros divertissement, sont des déceptions voire des navets. Sa carrière de cinéaste comme de producteur est clairement sur le déclin. La plupart de ces films post-Milla Jovovich (« Le 5ème élément » et « Jeanne d’Arc ») sont clairement des films ratés ou des productions tout juste divertissantes. On sortira peut-être du lot « Les aventures extraordinaires d’Adèle Blanc-Sec » mais qu’il touche à la comédie policière (« Malavita »), au film pour enfants (« Arthur et les Minimoys ») ou encore au film d’action décérébré (« Lucy »), le français fait tout et n’importe quoi privilégiant succès public à qualité artistique. Même son pari au budget pharaonique de space-opéra qui tentait de réitérer le succès du « 5ème élément », « Valerian et la Cité des 1000 planètes », était décevant bien qu’ambitieux. Et pour se remettre de ce four dantesque, il retourne à ses premières amours, le film d’action teinté d’espionnage avec femme forte en tête d’affiche au nom inconnu. On pense bien sûr à « Nikita » et à son pendant masculin « Léon ». Deux films inoubliables qui ont lancé le réalisateur mais que cette « Anna » est loin d’égaler. Pire, ce nouveau film ne leur arrive même pas à la cheville. Besson semble fatigué, dépassé et ses œuvres avec lui.
Le scénario prend l’excuse des poupées russes, ces petites figurines aux formes arrondies qui s’emboîtent les unes dans les autres, pour dresser le portrait d’Anna. Une jeune fille russe qui sera tour à tour petite amie délaissée, joueuse d’échecs, espionne russe, mannequin, espionne américaine, etc. Mais plutôt que de creuser ce postulat intéressant de multiples identités, le film s’en sert uniquement comme d’un prétexte pour enchaîner scènes d’action et rebondissements plus ou moins convaincants. La mise en scène est pachydermique et le français avant-gardiste ne semble plus au fait de ce qui se fait en termes d’action, course-poursuites ou autres fusillades. « John Wick » ou, pour rester dans le contingent féminin, l’excellent « Atomic Blonde » avec Charlize Theron sont passés par là ou même la saga « Jason Bourne » dix ans avant. Bref, si deux ou trois combats sont bien chorégraphiés et tiennent en haleine, ce n’est guère palpitant et on en prend pas plein les yeux. Quant au milieu de l’espionnage et à celui du mannequinat, ils sont dévoilés de manière un peu cliché. On retiendra l’interprétation de Sasha Luss, preuve que Besson a toujours le flair pour dénicher de (beaux) nouveaux talents féminins. Helen Mirren est également impeccable en supérieure sèche et brute de décoffrage. Les hommes, incarnés par Luke Evans et Cillian Murphy, sont en revanche complètement à l’ouest. « Anna » reste relativement divertissant et assez plaisant malgré quelques longueurs et un déroulement attendu, en dépit d’aller et retours dans la chronologie pour tenter de nous surprendre. Mais, surtout, ce film nous apparaît daté et interchangeable avec pas mal de productions. Luc Besson s’égare et devrait faire une pause. Dans le même genre, « Red Sparrow » avec Jennifer Lawrence était d’un tout autre calibre.
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