Les Hommes de Dieu sont nombreux en ce bas monde, mais que peut faire la foi pour ces croyants qui prient parfois sans conviction ? Le réalisateur brésilien Fernando Meirelles s’intéresse justement à une opposition singulière, car la foi a évolué et s’est métamorphosée. Étonnant donc, de le retrouver aussi proche du spirituel, après être passé par “La Cité de Dieu”, mais c'est justement cette audace que l’on salue et que l’on prendra la peine d’écouter. Et c’est sur Netflix qu’il trouvera la porte de la confession, en nous offrant un débat fictif entre le pasteur de toute l’Église et un cardinal, qui empruntent différents chemins de la foi, suivant leur passé respectif. De cette opposition, va naître une amitié et une nouvelle réforme de la papauté.
Si le sujet peut en effrayer certains, le film se digère plutôt bien grâce à son dynamisme, ponctué par un air de Abba ou des Beatles, notamment. Si ce registre ne semble qu’être une sélection personnelle du réalisateur, il y a pourtant un désir de traverser des générations par le biais de la culture pop. Nous arrivons alors à une rencontre de courte durée, mais d’une richesse dans le manifeste de l'allemand Joseph Ratzinger, sous les traits du Pape Benoît XVI, d’ailleurs campé par un Anthony Hopkins toujours aussi séduisant dans son élocution et dans son rôle d’ermite, déconnecté de l’actualité. Face à lui, l’argentin Jorge Mario Bergoglio, futur pape François. Jonathan Pryce l’interprète magnifiquement, en plus d’admettre une certaine ressemblance. Lui, amène de la fraîcheur dans les échanges et c’est justement une trace d’humanité qu’il qui accompagne sa volonté de s’opposer aux traditions d’une Église, dont il a relativisé l’influence et l’implication. Il vole littéralement la vedette à Hopkins, car le traitement de ces personnalités est inégal.
Le premier est donc très conservateur, car forgé dans une jeunesse Hitlérienne qu’on ne peut réfuter, mais dont le recul est nécessaire pour comprendre son traumatisme. Les fidèles sont des arguments dans un affrontement qui tend à préserver l’intégrité d’une foi qui a connu des controverses. Il suffit de s’attarder sur le passé de l'archevêque argentin pour se convaincre de la tâche ingrate que représente un homme de foi, face à la pureté de la haine humaine. Malheureusement, cette introspection n’est pas toujours pertinente ou se révèle redondante. La dictature semble constituer l’ennemi certain de ce que représentent ces hommes, seuls derrière une croix et derrière une structure qui est soumise à une force supérieure à la sienne. La vulnérabilité de la condition humaine est étudiée via ces flash-backs, mais également sur ce qui rassemble le peuple, avant même de les divertir. Le football, la musique, une pizza, ce sont des éléments simplets mais symboliques pour ce duo, dont on prend le temps d’apprécier.
“Les Deux Papes” souligne également la responsabilité d’un poste ordinaire. Le leader se doit de guider des disciples vers un rassemblement autour de valeurs que tout le monde partage. Les idéaux entrent donc en conflit, mais on prend suffisamment de recul sur les conversations millimétrées, mais sans doute prévisibles une fois la structure narrative décortiquée. Presque anecdotique, nous aurions voulu en savoir plus et d’être davantage impliqué, émotionnellement, pour leur jeunesse traumatisante.