Entre thriller et scènes horrifiques, parfois dérangeantes, parfois choquantes, ce film espagnol soulève de nombreuses questions sur notre société de consommation, la nature humaine, l'équilibre entre richesse et pauvreté, l'égalité et la violence.
Dans une prison construite verticalement sur plusieurs centaines d'étages, métaphore de notre pyramide sociale, des prisonniers vivent par deux dans chacune des cellules. Chaque jour, une plateforme garnie de nourriture descend du premier niveau de la fosse jusqu'aux niveaux inférieurs, chacun se nourrissant ainsi de ce que les prisonniers des niveaux supérieurs ont daigné laisser à manger. Les privilégiés des niveaux supérieurs bénéficient ainsi du choix et de la quantité, tandis que ceux des niveaux inférieurs n'ont plus rien à manger. Toute la subtilité résidant dans le fait que chaque mois, les prisonniers changent de niveau.
Véritable critique de la nature humaine, le film démontre que les prisonniers sont prêts à tout pour survivre, l'homme devenant un loup pour l'homme, au lieu d'être solidaire en mangeant de manière raisonnable pour laisser suffisamment de nourriture pour tous les étages. Pourquoi un prisonnier du niveau 200 qui n'a rien mangé (à part son compagnon de cellule...) depuis un mois ne fait-il pas le choix de réduire sa consommation lorsqu'il se retrouve au niveau 6 le mois suivant, laissant ainsi une chance aux prisonniers du niveau 200 d'avoir un peu de nourriture et leur éviter de subir ce qu'il a lui-même subi ? Pourquoi ceux qui vivent en haut deviennent égoïstes alors qu'ils ont failli mourir de faim le mois précédent ?
Mettant en lumière les limites de l'empathie et l'avidité de l'être humain, malgré de vaines tentatives de solidarité et d'altruisme de certains personnages, le film confirme ce que Jean-Paul Sartre démontrait dans sa pièce "Huis Clos" : l'enfer, c'est les autres. Il s'achève malheureusement sans réussir à esquisser des éléments de réponses aux nombreuses questions qu'il soulève, nous laissant ainsi... sur notre faim, qu'une panna cota ne suffira pas à satisfaire. Entre rêve et réalité, son épilogue en décevra sans doute plus d'un.