« L’heure de la sortie », un titre insouciant, léger et optimiste quand on pense à l’école, titre à contre-courant de ce film plutôt oppressant, genre de conte situé entre le fantastique et le psychologique, mâtiné à la sauce légèrement thriller par la présence de Laurent Laffite, drôle de prof, plutôt enquêteur sur les bords...
Ce qui impressionne véritablement dans cette réalisation particulière de Sébastien Marnier, ce sont ces six élèves surdoués dont le jeu sacrément osé et maîtrisé, fait froid dans le dos !
Même si la tension monte grâce à tous ces artifices possibles, dûs aux lieux et à la musique, c’est avant tout le regard et la posture de ces jeunes comédiens qui opère et nous sidère, en nous mettant plus que mal à l’aise !
C’est assez hallucinant de rencontrer une telle force à ce point, en particulier en la personne de l’étonnante Luàna Bajrami qui incarne la diabolique et impertinente Apolline, sans compter Victor Bonnel dans le rôle du glaçant Dimitri !
Tous très déstabilisants, et même littéralement effrayants, c’est donc par eux que l’histoire va prendre tout son intérêt, tandis que Laurent Laffite, de plus en plus soupçonneux, inquiet et perturbé par cette classe, va aussi devenir l’élément de plus qui va nous piquer au vif !
À ce niveau, on crie bravo, comme dans le très bon « Irréprochable » avec Marina Foïs, pour lequel Sébastien Marnier avait tapé franchement très fort !
On est donc plus que conquis d’emblée et on attend de pied ferme impatiemment la suite, c’est à dire où va nous mener cette intrigue, ce rapport si ambigu entre ce prof et ses élèves...
C’est sans doute là que le bât blesse un peu, car même si l’on comprend les intentions du cinéaste à travers ce que mijote ces adolescents, en étant baigné dans cette ambiance anxiogène à souhait, elle-même renforcée par des images et une musique lourdes de sens, on aurait aimé que tout cela soit plus abouti, centré jusqu’au cœur du mal être évident et de la personnalité de ces six jeunes psychotiques...
Et ce d’autant plus, que le cinéaste n’hésite pas à faire l’impasse sur quelques invraisemblances ou incohérences, car un prof placé dans la même situation a des solutions qui sont ici pour le besoin évident du film, totalement éludées et ignorées...
Si bien que l’on semble s’éloigner de l’enjeu qui semblait principal, en se dirigeant vers d’autres pistes très (trop) illustrées, dont le message est certes, tout à fait pertinent, actuel et évident.
La chute finale, nous le confirme d’ailleurs pleinement !
Mais en plaçant la barre très haut et au regard de ce que l’on espérait donc, la retombée est un peu frustrante...
Ça démarre en effet très fort et pendant longtemps, mais il manque ici un réel fil conducteur fort qui aurait pu permettre au cinéaste d’aller jusqu’au bout, afin d’entrer véritablement et encore plus dans les névroses de ces surdoués, et par là même, de notre Monde qui va inéluctablement à sa perte.
Un bon film d’étude psychologique, qui se disperse un peu quelque part, même si à l’image d’un certain car (!), l’ensemble tient la route, mais pas jusqu’au bout !