N'ayans vu aucun film de Xavier Giannoli depuis A l'Origine - que j'avais adoré - il y'a de cela une grosse dizaine d'années, j'avais comme qui dirais une étrange sensation d'engouement et une distance à m'engager vers cette Apparition dont au final, je ne regrette rien !
Clairement, ce long métrage n'a pas peur de se scinder, son exigence à chapitrer ordonne avec cela une dynamique propre à chaque segment et donne à voir, a déceler, à creuser les pistes, à comprendre le maximum, le tout dans une ambiance constamment remis en question. D'ailleurs, son entrée en matière donne le ton.
Proche de rendre compte de ses infos, dans une austérité sans mots, L'Apparition résulte de soudaineté. There Will Be Blood dans une mesure encore plus extrême m'avais procurer un sentiment semblable. Arvo Part à aussi de quoi intensifier ce parallèle. Ici, on est dans la zone de conflit, tout se passe vite, on la quitte dans le même geste. Sans qu'une parole soit dites. On transite vers un retour ou la parole reviens, l'urgence du passé récent, du traumatisme se ressent autrement ...
Viens l'enquête. Ou plutôt la découverte et les prémices des requêtes de cet employeur un peu inhabituel. La rencontre au Vatican et l'étendu de la situation exposé à même ses murs confère déjà une interrogation à elle seule. La suite, n'appuie qu'encore sur une dose de suspicion à profusion. L'arrivée sur les lieux, les premiers contact, sont déjà touts de tensions, une autre manifestation d'une austérité palpable.
Un mot tout de suite pour Vincent Lindon, qui dans une veine qui lui sied à ravir parviens à faire ce qu'il sait faire de mieux. Prendre et rendre justice à la justesse réaliste, une proximité de calme et de heurts dont il resplendit. La jeune Galatéa Bellugi est quand à elle la révélation de ce film ! Dès le départ, Anna comme elle se nomme, manie une forme d'assurance dans son sujet, dans sa maitrise du langage, de la cause qu'elle embrasse corps et âme. Sa voix quand à elle tremblote aussitôt son laïus plus commun. Ceci atteste d'une solitude pousser à une forme téméraire d'exigence, à un repli dont on apprend à en découvrir tenants, et aboutissants.
Du premier interrogatoire, froid, dont tous sont sur les gardes, en passant par la batterie d'examens qu'ils et elles lui font subir, on contemple un physique et un psychisme ici mis à l'épreuve de la foi et du principe de cette dernière. La mise en scène sur la narration en voix off de ce passage est un moment incroyable signé par Giannoli qui utilise ses apparats pour convertir une claustrophobie atmosphérique en un étincelant croisement entre communauté et destin personnel, le long plan sur le visage de cette jeune femme en raconte mieux que moi toute son étendu.
Etude de la croyance, au travers des parcours, trajectoires, y compris dans le même cercle brouille encore l'enquête pourtant au centre mais dont on s'éloigne sous couverts d'autres éléments qui interfèrent. La multiplicité d'avis confond de rendre inimaginable une coalition visant à à rendre compte de la vérité, tant la dispute de celle-ci est à vif. Ordre et désordre se toisent, s'analyse pour se contrer, se cherche querelle à des fins de grand conflit sous-jacent et nous entraine vers une diversion assez intrigante.
La pompe à fric qui se magouille autour de l'offre mercantile de l'émanation biblique et la lecture qui en fait à aussi de quoi brouiller les cartes de ce manifeste à la rigueur des faits. L'Apparition sans être vachard s'aligne sur la vision des choses de son journaliste. Prend fait et cause pour sa distinction. Dans la certitude, comme dans le doute. Le questionnement, dont la pars est primordiale est toujours mis au devant de toute chose ici. Déjà au Vatican, le " toujours " du prêtre prévalait toutes les conversations et faisait office de gage morale entre l'église et le quatrième pouvoir.
Si les premiers contacts entre ce dernier et son sujet d'analyse sont distants et courtois, les suivants eux sont plus directs. L a posture retourne au placard ! C'est la que le champ lexical le plus important du film resurgit. " Sacrifice, protection, dévotion ... ". Jusqu'ou les choses vont pour tenir le secret, de toute pars d'ailleurs ?
Le plus l'intrigue s'approche d'un dénouement, plus il devient suffocant. Son résultat final lui donne des réponses, mais garde ses mystères de l'autre coté. L'on sait sans savoir. Une zone d'ombre qui redessine le contour, en garde son cœur. Bravo.