On ne s'en sort pas si mal que ça...
Malgré les nombreuses polémiques autour du film laissant à croire que ce dernier serait une catastrophe sans précédent pour le géant américain, on ne s'en sort pas si mal que ça.
Ce n'est pas désastreux, mais ce n'est pas bien non plus. C'est... inutile, et je peine à m'en souvenir malgré mon tout récent visionnage.
Tout d'abord, on sent que le film a du mal à prendre un parti pris : on le modernise ou on reste fidèle à l'original ? Tout ça est très confus, et ça se sent. Ici, on ne veut contrarier personne, alors on tente de dépeindre une Blanche-Neige moderne mais tout de même naïve, un prince qui n'est plus un prince mais qui reste aussi inutile que dans la version originale, et on ne veut pas de nains, mais on embauche quand même un acteur de petite taille pour se donner bonne conscience. C'est dommage, parce qu'en polissant la forme, on en oublie carrément le fond.
Il est normal, et c'est un devoir, de faire quelques réajustements au film original, sorti, rappelons-le, il y a presque un siècle. Mais chaque nouvelle idée n'est pas assumée jusqu'au bout, ce qui fait qu'on se retrouve avec une dizaine d'arcs narratifs avortés. Exemple le plus flagrant :
Les voleurs. Ils sont introduits assez tôt dans le film, dépeints comme des révolutionnaires supposés renverser la reine. Fort bien, mais dans ce cas-là, pourquoi les faire disparaître à la moitié du film ? Pourquoi n'ont-ils que trois lignes de dialogue ? Pourquoi n'en entend-on plus parler jusqu'à la toute fin ?
Le réalisateur marche sur des œufs, alors la magie ne prend pas.
Les séquences emblématiques du dessin animé sont pesées et emballées en trente secondes : la majestueuse fuite dans la forêt, la tyrolienne des nains, la terrifiante transformation de la reine... Tout ça, c'est bâclé.
Les nouvelles chansons sonnent faux, mais pas au sens musical du terme. La plupart sont sympathiques, mais pas inoubliables. Le plus gros problème : elles sont anachroniques et donnent au film des airs de comédie musicale à l'eau de rose.
Visuellement, c'est ignoble. La CGI et la saturation des couleurs donnent le tournis, loin des plans magnifiques et révolutionnaires du dessin animé. On passe d'une forêt en images de synthèse à une vraie forêt d'un plan à l'autre et ça se voit... Les nains sont effrayants, et pire, ils ne servent presque à rien. Il en va de même pour les costumes, qui sont à eux seuls une aberration.
Le film est tout de même sauvé par le jeu de Rachel Zegler, qui porte avec grâce le personnage de Blanche-Neige. Certains réajustements scénaristiques fonctionnent (avec Simplet, que j'ai trouvé très touchant), mais ce n'est pas suffisant pour sauver le tout. Le jeu d'actrice de Gal Gadot est mauvais, elle fait également partie des points faibles du film. Son interprétation de l'emblématique Méchante Reine - à qui on doit les traits de la sublimissime Joan Crawford - est une catastrophe. Elle surjoue du début à la fin et peine à transformer sa voix, rendant le personnage de la Reine ridicule et risible (surtout pendant son numéro de chant...).
La modernisation reste subtile, mais mal mise en scène. On frôle un joli film sur plusieurs plans, mais malheureusement, ce dernier ne restera qu'un "téléfilm divertissant", faisant pâle figure à côté du chef-d'œuvre de 1937.