Je n’en attendais pas grand’chose…la faute à l’époque dans laquelle nous vivons et à la nature de préquelle originale de ‘Wonka’ et, contre toute attente, ce ‘Charlie et la chocolaterie : Origins’, qui relate la première tentative de Willy Wonka de s’imposer dans le milieu hautement concurrentiel de la confiserie, est une jolie réussite. La direction artistique est impeccable, tout particulièrement cette ville aux influences européennes croisées indéfinissables, et les effets “magiques” de la chocolaterie, eux-mêmes basés dans l’histoire sur l’artifice, l’escamotage et le timing impeccable, évitent toute indigestion numérique. Il est inutile de comparer ce nouveau film avec la version réalisée par Tim Burton en 2005, d’une part parce qu’elles ne reposent pas sur la même histoire, d’autre part parce que si ‘Wonka’ repose sur un scénario écrit spécifiquement pour le cinéma, il se rapproche beaucoup plus de l’esprit des contes de Roald Dahl que l’autre, où l’influence de Tim Burton demeurait quand même prépondérante. Dans le même ordre d’idée, le Wonka juvénile du film ressemble effectivement davantage à l’idée qu’on peut se faire du personnage, à un stade encore immature de son existence, sur base de la manière dont il est décrit dans les romans, que de son incarnation vaguement freaky et marillynmansonesque par Johnny Depp. C’est d’ailleurs l’occasion de constater que s’il s’en donne la peine, Timothée Chalamet est capable d’endosser des avatars plus enjoués et fantaisistes que son éternelle incarnation d’adulescent splénique et tout mou. Faut-il en remercier Paul King, réalisateur et scénariste britannique déjà acclamé à raison pour les deux épisodes de ‘Paddington’, qui a su trouver le juste équilibre entre les contraintes culturelles contemporaines et l'intemporalité de l’auteur ? Sans doute car s’il y a des chansons - c’est une “comédie musicale” - elles ne sont au fond pas plus nombreuses que dans les bouquins. Il y a une pincée de surnaturel mais qui reste aux marges du récit et ne se sent jamais obligé d’expliquer ce qu’elle fait là. Il y a de vrais méchants, odieux, infâmes et grotesques, qui n’ont pas besoin qu’on trouve une raison ou une excuse à leur méchanceté. Ce sont toutes ces choses un peu vintage qui apportent une saveur particulière aux histoires de Roald Dahl et dont, petit miracle, ‘Wonka” ne s’est pas senti obligé de se défaire. Dans le domaine de la Fantasy pour enfants et ados, je pense aux récentes adaptations de ‘Sacrées sorcières” et de “Dr Doolittle’, aux films “Chair de poule” et aux “Animaux fantastiques” comme de parfaits exemples de ce qu’il ne faut pas faire.