Et pourtant, on n'est pas amateur de films de morts-vivants, mais Cargo nous a attrapé au collet avec son lot d'émotions (oui, on a pleuré à la fin) et de tendresse, qui décevra certainement ceux qui viennent pour chercher le frisson (rien ne fait peur ni même sursauter), ce que l'on comprend tout à fait, sans démordre subjectivement d'avoir passé un excellent moment. Ce papa qui va tout tenter pour sauver sa fille d'un monde apocalyptique, mais aussi de lui-même, en récupérant au passage la fille d'un autre qu'il veut protéger de façon désintéressée, tout ce scénario de départ était fait pour nous mettre dans sa poche (on adore les films d'épouvante qui se permettent d'être très puissants en drame, et d'avoir des personnages solides). A cela on a ajouté des références à la culture aborigène, avec leurs rites, leurs mots ("Bappu mati", soit "l'ami blanc") et leur terre dévastée par la civilisation moderne, le tout concentré dans le personnage d'une petite fille attendrissante, résignée à ne jamais se laisser aller au désespoir. Martin Freeman est celui à qui on en veut le plus (on n'avait pas prévu de mouchoirs, d'après le genre du film, damned...) car il est incroyablement sensible et touchant, créant un personnage dans lequel on a envie de croire du début à la fin. Certaines scènes sont dures à imaginer (le papa qui essaie de distraire ses enfants avant de les abattre... On ne s'en est toujours pas remis), donnant souvent l'impression de voir plutôt un drame poignant avec une dose d'épouvante que l'inverse (ce qui en aura déçu certains), ce qui, subjectivement, nous va très bien. On regrette un peu de n'avoir pas plus appris sur l'origine du mal, on était un brin curieux à ce sujet, même si le cœur du film n'est pas là. Les effets spéciaux se passent joliment de fonds verts pour revenir au maquillage à l'ancienne, ce qu'on adore toujours, et les "zombis" sont assez mystérieux pour qu'on s'y intéresse (pourquoi mettent-ils la tête dans le sol, etc...). D'habitude, on regarde les films de zombis du coin de l’œil, mais ce drame aux personnages forts et à l'hommage à la culture aborigène, porté par un Martin Freeman très touchant, nous a rivé les yeux (humides) sur le final émouvant. On a repensé à Dernier train pour Busan, qui nous avait déchiré le cœur de la même façon. Pauvre Bappu mati...