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    Une vie cachée
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    258 critiques spectateurs

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    garnierix
    garnierix

    236 abonnés 462 critiques Suivre son activité

    5,0
    Publiée le 12 décembre 2019
    « Si les choses ne vont pas si mal pour nous aujourd’hui, c’est notamment grâce à ceux qui vécurent fidèlement une vie cachée et qui reposent dans des tombes que personne ne visite plus ». C’est la citation (approximative) tirée de George Eliot à la fin du film ––et qui ne le résume pas, car elle lui est supérieure (parlerait-on de ce fermier exécuté par Hitler s’il n’avait pas été béatifié par Benoît XIV ?). Le film s’inspire donc de la vie d’un petit objecteur de conscience, Franz Jägerstätter, qui refusa de servir dans l’armée allemande, jusqu’à en mourir en abandonnant tout, dont femme et enfants, malgré son amour pour eux. « S’inspire » parce qu’on doute que, dans la réalité, les ouailles de Hitler aient pris autant de précautions et de temps pour l’éliminer. Mais il fallait que Terrence Malick ait le temps de déployer tout son art pour en faire une symphonie (trois heures de film). Et c’est bien qu’il ait pris ce temps : ce film est comme un ralenti augmenté de la douleur de vivre, magnifié (contrasté en permanence) par la beauté qui pourtant nous entoure (la nature, l’amour). Il fallait bien sûr l’œil et l’oreille de Malick pour se saisir du sujet et nous en enivrer jusqu’à l’écœurement. Christique ––Malick a trouvé un Christ à filmer. Tout est dit dès les premières minutes quand une voix off murmure « on vivait au-dessus des nuages » (c’est-à-dire pas sur terre). A partir de là, c’est une longue symphonie égrenant des réflexions qui nous concernent tous : la patrie, la communauté, la famille, Dieu, la reconnaissance du bien et du mal, la résistance, la conscience, la lâcheté, le sens du sacrifice, l’art. Symphonie aussi d’images et de sons que vous avez encore en tête en sortant de la salle, en même temps que les questionnements. Evidemment, ce film n’est pas un divertissement, ni un thriller. Ce n’est même pas un film où l’on pleure, bien qu’il y ait de quoi pleurer ––le seul moment où Malick se laisse aller est à la fin, avec un gamin, peut-être homosexuel (parce que les nazis ratissaient large dans leur haine des autres), qui embrasse Franz avant la guillotine, lequel lui rend son baiser. Ce film est une méditation. Le message le plus poignant et le plus révoltant du film reste un message qu’il ne formalise pas mais qui est clair : finalement les pires monstres de notre société, ce sont les moutons. A.G.
    William Dardeau
    William Dardeau

    34 abonnés 176 critiques Suivre son activité

    4,5
    Publiée le 12 décembre 2019
    Une vie cachèe est un film difficile à analyser et critiquer, mais je suis tout de même étonné du nombre relativement élevé d'avis négatifs qui voudraient dissuader d'aller voir cette oeuvre. Même si je conçois qu'on puisse ne pas entrer dans les différentes thématiques de Malick (Dieu, la foi, la nature, l'homme, le martyr entre autres), il faut vraiment ne pas aimer le cinéma pour ne pas être au moins impressionné par la beauté (et le mot est faible) du film. Mais si on est sensible à ces thématiques, et même prêt à en débattre, alors Une vie cachée devient un film très important, voire essentiel. Une des phrases du film donne le ton: le soleil se lève quand même sur le mal. Depuis La balade sauvage, et surtout Les moissons du ciel, Terence Malick a imposé un style et une façon de filmer immédiatement reconnaissable, et le premier plan d'Une vie cachée sur les montagnes autrichiennes est sa façon de signer l'oeuvre. Mais loin de se répéter, Malick veut aller plus loin que dans ses précédents films. De mon point de vue (mais il y a évidemment d'autres manières d'appréhender le film), le cinéaste veut montrer que l'éblouissement de la nature ne doit pas être confronté au mal (en l'occurence le nazisme): en d'autres termes il ne faut pas poser une question telle que: qui donc a créé de telles merveilles, et en même temps un homme capable des pires noirceurs ? Car pour Terence Mallick, grâce à des hommes tels que le héros du film, qui restent intransigeants face à la barbarie, le monde est vivable, et surtout mérite que l'on y vive. Les agnostiques trouveront certainement à redire sur la conception du monde de Terence Malick, mais c'est bien à cela que l'on reconnaît une oeuvre d'importance: faire discuter. Une vie cachée doit être considéré comme un film indispensable, à méditer longuement.
    benoitG80
    benoitG80

    3 429 abonnés 1 464 critiques Suivre son activité

    3,0
    Publiée le 23 janvier 2020
    « Une vie cachée » atteint de véritables sommets quant à la beauté dégagée par chaque image !
    Terrence Malick a décidément un œil d’une sensibilité rare, et sa photographie nous plonge dans un état de grâce, un vrai phénomène en soi qui se renouvelle tout au long de son film...
    C’est vrai que tout est magnifique, du paysage minéral et embrumé d’une Autriche superbe, aux visages sublimés par lesquels passent un nombre d’émotions incroyables (jusqu’à toutefois exagérer et étirer les cadrages, avec le danger de déformer les proportions de ses personnages) !
    Émotions sur lesquelles le réalisateur mise beaucoup en nous les procurant à chaque instant, et avec lesquelles il va presque nous éblouir et nous bluffer visuellement, tout en réveillant nos différents sens...
    En effet, le réalisateur sait à ce niveau parfaitement nous interpeller, Franz Jägerstätter et sa famille seront ainsi un excellent sujet d’étude en terme de réflexion quant aux limites de nos convictions et de notre détermination personnelle...
    Au sein de ce foyer au début des années 40, tout est ici affaire de délicatesse, de tendresse et d’amour alors que vient s’immiscer dans crier gare, les affres de la guerre et l’idéologie nazi !
    Terrence Malick sait très justement faire planer ce bonheur pur et simple, en le magnifiant à sa façon, afin de mieux créer cette fracture brutale quand l’appel à la mobilisation sonne irrévocablement à la porte de l’insouciance et de la plénitude.
    Ce seront alors toutes les petites voix intérieures qui vont ainsi nous guider dans le cheminement de chacun de ces êtres dans cette lutte profonde et enfouie, à la manière de voix off qui viennent nous susurrer à l’oreille, plus que les dialogues véritablement construits et étayés qui à la longue, finissent par manquer malgré tout.
    Sans doute, un choix empreint de mysticisme et de spiritualité, cher au réalisateur qui pourra envoûter, émerveiller, mais aussi à contrario, rebuter le spectateur plus cartésien !
    Le mélange des langues est aussi très gênant et franchement discutable, avec l’anglais presque chuchoté, réservé à la douceur intérieure, et l’allemand complètement éructé, destiné à la violence et à l’agressivité.
    Certes, dans sa démarche le cinéaste a l’art et la manière de nous baigner dans cette ambiance très particulière, tout en soulevant d’ailleurs et indirectement bon nombre de questions, mais par là-même, comme s’il s’agissait des défauts inhérents à ses qualités, son travail empêche également de bien cerner et de comprendre la démarche de ce chef de famille guidé par la foi, extrêmement dévoué et bon.
    On ne peut que fort bien être d’accord avec cette décision de se porter objecteur de conscience, mais même si on la comprend, on aurait aimé connaître la réelle motivation de ce refus d’accepter en bloc de servir l’armée de son pays, car à aucun moment ou presque, on arrive à saisir le déclic véritable qui amènera Franz à se forger ses propres convictions, qu’il mènera d’ailleurs jusqu’au bout !
    Si l’idée d’obtempérer et d’obéir dans ce contexte, est plus que louable et intéressante en soi, on oublie un peu toutes les autres options sans doute bien plus efficaces pour contrer la montée d’Hitler et de son régime fasciste, comme l’engagement dans la résistance, moyen assurément plus porteur en soi que cette position radicale de ne pas faire allégeance, qui invite au respect et même à l’admiration, mais qui sur le fait de marquer profondément l’Histoire, n’a que finalement peu d’impact...
    On aurait donc voulu mieux sonder le fond de la pensée de cet homme qui par son mutisme dans lequel il s’enferme, nous laisse perplexe quant à ce choix radical, définitif et infaillible...
    Par son pari esthétique réussi et évident, Terrence Malick nous empêche ainsi d’appréhender complètement ce héros dans sa complexité psychologique, et de fait limite également la portée qu’il aurait pu avoir, alors qu’en parallèle les acteurs sont magnifiquement dirigés (August Diehl et Valérie Pachner vraiment impressionnants).
    Un très beau film au sens esthétique, qu’on aimerait défendre d’arrache pied, mais qui risque de nous séduire assurément, plus que nous convaincre réellement dans ce qu’il tend à vouloir montrer ou prouver, dans ce très bel hommage aux « vies cachées ».
    poet75
    poet75

    276 abonnés 703 critiques Suivre son activité

    5,0
    Publiée le 12 décembre 2019
    Ils ne furent pas nombreux, ceux qui, en Allemagne comme en Autriche, eurent l’audace de dire non, d’une manière ou d’une autre, à Hitler et au nazisme. Oser faire cela, il est vrai, c’était, fatalement, le payer de sa vie. En Allemagne, du côté de Munich, il y eut Sophie Scholl, son frère Hans et leurs autres compagnons de la Rose Blanche. En Autriche, il y eut le parcours exemplaire de Franz Jägerstätter, un paysan du village de Sainte Radegonde qui fut guillotiné le 9 août 1943 à la prison de Brandebourg à Berlin. Il faut observer que celles et ceux qui s’opposèrent à Hitler le firent toutes et tous au nom de leur foi chrétienne. Franz Jägerstätter a d’ailleurs été béatifié le 26 octobre 2007 à la cathédrale de Linz.
    C’est donc de cet homme-là que Terrence Malick a choisi de raviver le souvenir. Après sa série de films plus ou moins expérimentaux conçus à la manière de poèmes, de méditations, voire de prières, films sublimes mais qui pouvaient déconcerter certains spectateurs, le réalisateur de The Tree of Life renoue avec une narration beaucoup plus classique, mais sans se délester pour autant de son style, reconnaissable entre tous. On retrouve donc, dans Une Vie cachée, le goût du cinéaste pour les voix off, sa propension à filmer la nature, ainsi que de nombreux gros plans sur les acteurs qui semblent presque filmés avec une focale trop courte (mais c’est, évidemment, un effet voulu), etc.
    Le début est on ne peut plus caractéristique. Comme dans la plupart de ses films, Malick commence par filmer la nature d’une manière quasi édénique. En quelques plans, nous sommes conviés à goûter la vie à la montagne du fermier Franz Jägerstätter (August Diehl), de sa femme Fani (Valerie Pachner) et, bientôt, de leurs trois filles, ainsi que de quelques autres personnages, dont la belle-sœur de Franz qui est venue vivre avec eux. La vie de paysan est rude, certes, mais, au départ, tout est filmé dans une sorte d’innocence première, comme s’il fallait ainsi souligner d’autant plus, par contraste, l’irruption du mal absolu, qui ne tarde pas à paraître.
    Nous en avions déjà été averti, il est vrai, dès l’ouverture, par des films d’archives montrant avec quel empressement de nombreux Autrichiens accueillirent l’hitlérisme. On pouvait espérer, néanmoins, que le petit village de Sainte Radegonde resterait préservé de cette folie. Il n’en est rien. Personne ne peut se targuer ni d’être neutre ni d’être indifférent. Franz, lui, ne tergiverse pas. Il fait d’abord ses classes, puis, de retour chez lui, ne peut ignorer qu’on va exiger de lui, comme de tout homme en âge de combattre, un serment d’allégeance au Führer. Mais, au nom de sa foi comme de son humanité, il lui est impossible de se résoudre à un tel engagement. Dans son village, il se fait aussitôt remarquer et ostraciser. Quand des nazis passent par là pour réclamer à chaque habitant sa contribution à l’effort de guerre, il est le seul à refuser.
    Dès lors, sa détermination est telle que rien ne peut l’en détourner. C’est bien l’itinéraire d’un martyr que filme Malick, il n’y a pas de doute, mais sans ostentation, sans prêchi-prêcha, comme certains se plaisent à le reprocher au cinéaste, à la sortie de chacun de ses films, de manière totalement fallacieuse. Au contraire, il y a dans cet homme, tel qu’il est ici filmé, une sorte d’évidence ou de simplicité, comme si la sainteté allait de soi. Pour le détourner de sa voie, certains reprochent à Jägerstätter son orgueil, alors que c’est son humilité qui, au contraire, nous interpelle. Plusieurs interlocuteurs interviennent pour le faire changer d’avis, y compris l’évêque du lieu qui se réfère à saint Paul affirmant qu’il faut se soumettre aux autorités. Le maire du village, lui, affirme à Franz qu’il est plus coupable que les ennemis du pays, puisqu’il agit comme un traître. Plus tard, quand il est emprisonné, il est sournoisement invité à signer son acte d’allégeance à Hitler, quel que soit son sentiment profond, même si celui-ci est contraire à la déclaration écrite. On ne lui demande pas d’aimer le Führer, mais de parapher un document. « Ce n’est qu’un bout de papier, lui dit-on. En ton for interne, tu peux penser ce que tu veux. »
    Mais Jägerstätter ne peut se résoudre à cette hypocrisie. Terrence Malick film l’obstination d’un homme dont la droiture morale est sans faille et qu’aucun raisonnement, aucune intimidation, aucune torture ne font plier. En cet homme, tout comme d’ailleurs en sa femme Fani, il y a une bonté qui semble naturelle et qui se traduit, entre autres, par une absence de jugement d’autrui. Même ses bourreaux, Franz ne les juge pas. Le cinéaste réussit le tour de force de filmer la bonté sans maniérisme, sans mièvrerie d’aucune sorte. Car la force de l’accusé, ce qui lui permet de tenir jusqu’au bout, jusqu’au don de sa vie, cette force, il la puise dans sa foi chrétienne, sans nul doute, mais aussi, c’est évident, dans l’amour qui l’unit à Fani. Leurs échanges épistolaires, superbes, interviennent en voix off, à plusieurs reprises au cours du film. Malgré les épreuves, le mépris des villageois, la séparation du couple, la dureté des travaux de ferme en l’absence de Franz, malgré l’issue fatale qui se profile, l’amour ne faiblit pas. Ceux qui affirment à Franz que son sacrifice ne sert à rien, qu’il ne modifiera en rien le cours de l’histoire, qu’il ne sera connu de personne, qu’il n’aura d’autre effet que de faire du mal à ses proches, ceux-là ne savent rien de la grandeur de l’amour. « L’amour excuse tout, croit tout, espère tout, supporte tout. L’amour ne passera jamais… », écrit saint Paul dans sa Première Lettre aux Corinthiens (13, 7-8). Les bourreaux de Jägerstätter avaient tout prévu, sauf cela. Une phrase de George Eliot, tirée du roman Middlemarch, phrase projetée sur l’écran à la fin du film, le dit aussi à sa manière et l’éclaire de sa douce lumière : « Si les choses ne vont pas aussi mal pour vous et pour moi qu'elles eussent pu aller, remercions-en pour une grande part ceux qui vécurent fidèlement une vie cachée ».
    tarmokeuf
    tarmokeuf

    9 abonnés 106 critiques Suivre son activité

    5,0
    Publiée le 12 décembre 2019
    Une fois de plus, mon réalisateur fétiche ne m'a pas déçu. La fluidité de la caméra, la lumière, la musique, le rythme, le montage, le casting impeccable, et l'incontournable voix off, bref on retrouve dans cette "vie cachée" tout ce qui fait le style Malick que j'aime tant et que ses détracteurs lui reprocheront en criant aux gimmicks... Comme dans l'ensemble de ses oeuvres précédentes, cette histoire sert de support à la quête toute malickienne de la vérité existentielle de l'homme et de son rapport à la nature, à la Création (au sens spirituel du terme plus qu'au sens religieux). Moi qui suis athée, cette spiritualité assumée, m'a une fois encore transporté (élevé ?) au point que quand les lumières se sont rallumées à l'issue des trois heures de projection, il m'a fallu un long moment pour retrouver mes esprits tant l'émotion ressentie était forte. Malick, par son talent (son génie, à mes yeux), a ce pouvoir de vous amener à l'essentiel, à l'essence même. Irrésistiblement, en séparant le bon grain de l'ivraie, en extrayant la musique de la vie du bruit de fond du monde (par exemple en ne traduisant pas les phrases en allemand dont le ton suffit bien à nous faire comprendre ce dont il s'agit), par petites touches sur les leviers de nos sens et de notre inconscient plutôt qu'en faisant appel à notre intellect, il nous guide, nous amène à l'émotion, au questionnement. Encore faut-il que le spectateur accepte pour un instant de laisser ses certitudes au vestiaire... De toute évidence, au vu de l'état du monde et à la lecture de certaines critiques, ça n'est pas à la portée de tous. Dommage.
    Yves G.
    Yves G.

    1 498 abonnés 3 515 critiques Suivre son activité

    0,5
    Publiée le 11 décembre 2019
    Un conscrit autrichien, Franz Jägerstätter fut décapité pendant la Seconde guerre mondiale pour avoir refusé de prêter allégeance au Führer.

    Le dernier film de Terrence Malick - comme d'ailleurs ses précédents - ne saurait laisser différent. Il suscitera la fascination ou la répulsion.

    Dans la première hypothèse, on se laissera hypnotiser par une oeuvre radicale, puissante, écrasante portée par une caméra tourbillonnante, une musique élégiaque et une interprétation inspirée. On sera ému jusqu'à l'âme par le dilemme qui se pose à Frantz : transiger ou pas, sauver sa peau ou mourir pour ses principes. On sortira durablement bouleversé de la salle, traumatisé par la dernière demie heure d'un film qui, comme peu d'autres, nous aura fait ressentir la peur de la mort et le courage inhumain qu'il faut pour l'affronter.

    Dans la seconde, on aura trouvé le temps effroyablement long. Près de trois heures pour raconter une histoire qui se résume en une phrase. Terrence Malick ne cherche d'ailleurs pas d'échappatoire : il n'enrichira sa trame d'aucun artifice, d'aucune histoire secondaire qui lui donnerait plus de chair.

    Au surplus, il a une façon de monter ses scènes qui leur donne un tempo incroyablement rapide. Il refuse la banalité du champ-contrechamp, filmant chaque scène comme on le ferait dans un clip vidéo, avec une musique envahissante et des ellipses qui en rendent parfois la compréhension difficile et empêchent l'émotion de s'installer. Ainsi, paradoxalement, ce film trop long est couturé de scènes trop courtes (ainsi de la confrontation entre Franz et le président du tribunal militaire qui le juge, interprété par un Bruno Ganz mourant qui allait décéder quelques semaines plus tard).

    Les tics qui caractérisent son cinéma deviennent vite envahissants : ses travelings interminables sur des champs de blé, cette voix off susurrante semblable à celle d'un prêtre donnant l'absolution, ces tableaux de famille censés incarner la félicité domestique où immanquablement on voit les enfants gambader dans les prés et les parents rouler dans les foins comme s'ils avaient seize ans. Et, last but not least, ce mélange babélien de dialogues anglais et allemands (pourquoi diable faire parler anglais des personnages autrichiens), les seconds n'étant pas traduits, soit que le budget ait manqué pour le faire, soit que le réalisateur ait voulu ainsi souligné l'incommunicabilité de cette langue.

    On l'aura compris au déséquilibre entre les deux points de vue qui précèdent : je suis sorti passablement excédé de la salle avec l'impression d'y avoir perdu mon temps et de m'être laissé enfumer par un escroc. Mais, les critiques dithyrambiques que je lis, la vénération admirative dans laquelle on tient Terrence Malick m'empêchent de défendre mon opinion sans l'accompagner d'un instant de doute. Que vous ayez déjà vu d'autre film de Terrence Malick ou pas, faites vous votre opinion. Allez voir "Une vie cachée" : vous adorerez… ou pas.
    lhomme-grenouille
    lhomme-grenouille

    3 355 abonnés 3 170 critiques Suivre son activité

    1,0
    Publiée le 15 décembre 2019
    J’ai aimé Malick.
    Vraiment…

    Il y a de cela une décennie encore, j’aimais défendre son œuvre.
    J’acceptais sa rythmique aux fraises et ses voix off niaises et moralisatrices parce que derrière tout cela il y avait des compositions sublimes, des instants à fleur de peau, de vrais moments de contemplation.
    Mais là, au bout du dixième film – du dixième film pratiquement IDENTIQUE à tous les autres – je n’en peux tout simplement plus.

    Alors oui. C’est beau l’Autriche.
    C’est beau aussi la gentille paysannerie qui court dans les hautes herbes.
    Mais tout ça, je l’ai déjà vu. Trop de fois.
    On la déjà vu dans « La ligne rouge », dans « Le nouveau monde », dans « A la merveille ». Dans TOUS ses films !

    Alors oui. C’est mignon. Mais si je veux revoir un vieux Malick, je revois un vieux Malick.
    Là, à réitérer sans cesse le même film, le vieux Terrence ne fait que radoter comme un papy, usant ma patience et exacerbant en conséquence toutes ses simagrées qui, moi, désormais, me sortent par les trous de nez.

    J’en ai marre de ces gens qui jouent et dansent dans les hautes herbes sur fond de mélopée nostalgique.
    J’en ai marre de ce culte permanent du premier chrétien, détaché des richesses et des hommes, vivant heureux dans la modestie la plus dépouillée.
    J’en ai marre de ces discours à base de bien et de mal, de la vilaine folie des hommes et de ces figures de martyr.
    Et surtout – SURTOUT – j’en ai marre de ce rythme qui s’étiole au fur et à mesure du temps, et tout cela pour reproduire sans cesse des images déjà vues, des instants déjà posés, des sensations déjà explorées.

    Et ce qu’il y a de terrible, c’est que la toile de fond de l’Autriche au temps du nazisme ne change rien à l’affaire. Pire, elle l’aggrave presque.
    Car chez Malick, la paysannerie autrichienne se réduit à un fantasme bucolique et romantique. Le paysan est naturellement bon, lucide sur le terrible « mal » (mot prononcé un nombre incalculable de fois dans ce film) qu’est le nazisme. Si bien que lorsque ce Mal se répand dans le gentil village de St. Radegund, les vieux sages sont surpris, hagards, déboussolés. S’ils n’agissent pas ce n’est pas parce qu’ils adhèrent au discours. Ça non ! Le paysan est trop bon ! Non. S’il ne réagit pas c’est uniquement parce qu’il est sonné, peut-être un peu lâche, mais certainement pas parce qu’il est réactionnaire et xénophobe. (Impossible).

    Du coup, dans cette « vie cachée », St. Radegund n’est pas un village complaisant. Il est juste un village gentiment soumis. Un village qui subit. Et dans toute cette histoire, Franz Jäggerstätter n’est au fond que celui qui a osé dire ce que tout le monde pensait en fait tout pas. Il n’était pas une anomalie. Il n’était pas du tout un gars abandonné de tous et que l’Eglise a ensuite essayé de récupérer pour sauver sa face.
    D’ailleurs dans ce film, Malick affiche assez pathétiquement son camp et son prisme totalement biaisé.
    D’un côté Franz est totalement dépolitisé pour n’être peint que comme icône christique simplement guidée par sa foi, tandis que de l’autre, on se permet de temps en temps de faire parler les méchants nazis en allemand alors que tout le film est en anglais, histoire qu’on se rappelle bien qui sont les vrais méchants avec cette vilaine langue gutturale qu’on ne comprend pas.
    Aaaah… Malick.
    Tu m’en diras tant…

    Vous l’aurez donc bien compris : avec cette « Une vie cachée » j’ai passé le temps où je cherchais des excuses à l’ami Malick.
    Je n’en peux plus.
    Je suis trop fatigué par ce cinéma qui passe son temps à poncer les mêmes choses, encore et encore, et tout cela dans une logique bigoto-contemplative qui désormais me gave au plus haut point.

    Alors après – c’est toujours le même problème – si c’est votre premier Malick, que les rythmes dilués ne vous dérangent pas et que vous n’êtes pas trop sourcilleux face à de hautes doses de moraline, peut-être que ce « Une vie cachée » peut vous toucher.
    J’aurais du mal à vous donner tort.
    Car oui, je n’oublie pas qu’un temps, j’ai moi aussi aimé Malick.
    Mais de la même manière que le temps dans les films du vicux Terrence se délite, mon amour à moi s’est aussi flétri.
    Et si je reste sensible à ceux qui savent encore faire de la belle mise en scène, je ne peux que m’affliger face aux papys bigots qui radotent…

    Mais bon… Après ça ne reste que mon point de vue. Donc si vous n’êtes pas d’accord et que vous voulez qu’on en discute, n’hésitez pas et venez me retrouver sur lhommegrenouille.over-blog.com. Parce que le débat, moi j’aime ça… ;-)
    Paul F.
    Paul F.

    12 abonnés 246 critiques Suivre son activité

    4,5
    Publiée le 17 décembre 2019
    Un film de Terrence Malick est un film qu’il ne faut pas louper, et surtout pas celui-ci. D’entrée des images à couper le souffle et une symphonie de musiques classiques, pour nous faire sentir la vie, la liberté, l’amour. La suite, moins drôle, est Inspirée d’une histoire vécue, et certainement d’autres. Frantz vit en Allemagne sous le 3em Reich, il est objecteur de conscience, il refuse donc de porter les armes et tout ce qui va avec, il rejette en bloc tout le système, et il ira jusqu’au bout de son intime conviction. Peu sont allés jusqu’à cette extrémité et la grande question qui se pose à nous est la suivante ; sommes-nous prêt au sacrifice suprême pour suivre sa conscience ? Sans aller jusqu’à cette extrémité et sachant que nous vivons dans une société démocratique, quoiqu’on en dise, le jour où il faudra prendre position il s’agira d’être du bon côté, et savoir que notre conscience sera toujours là pour nous rappeler ce jour-là. Ce film est magnifique et il ne faut pas passer à côté, surtout à voir en salle pour la belle photographie. 4,5 étoiles
    75001tine
    75001tine

    12 abonnés 51 critiques Suivre son activité

    2,5
    Publiée le 14 décembre 2019
    Sujet intéressant et bien raconté MAIS que de longueurs inutiles !!! C'est lent, on s'ennuie... Et dommage aussi que tous les dialogues ne sont pas sous-titrés, notamment les dialogues en allemand. Sans doute que le traducteur n'était que bilingue anglais... Mais il m'aurait été agréable de comprendre TOUT le film...
    PLR
    PLR

    471 abonnés 1 568 critiques Suivre son activité

    2,5
    Publiée le 16 décembre 2019
    Il est toujours délicat d’exprimer une critique quelque peu négative sur un film qui, sous le registre du biopic, a une telle dimension dramatique et historique. Mais il se trouve que sur le plan cinématographique c’est décevant, notamment à cause des longueurs et de la lenteur. Le film est d’une durée excessive : il ne manque que 7 minutes pour qu’il fasse 3 heures ! Certes, cette lenteur dans le propos vise à décrire et mettre en perspective les tourments et les longues interrogations du personnage central ainsi que son cheminent mystique, martyr de sa Foi et de ses convictions traduites par son objection de conscience. Mais le fait qu’on connaisse l’issue rend plus difficile, épuisant d’une certaine façon, ce long accompagnement. Il n’en reste pas moins que le récit (reconstitué à partir de correspondances) est particulièrement saisissant. Et que de nombreuses scènes sont glaçantes avec cette description de la précision toute germanique de l’appareil oppressif, servi par des bourreaux ordinaires, très ordinaires, qui lui ont servi de relais. On repérera quelques doutes parfois mais qui n’empêcheront pas l’écrasement de toute résistance. Le film est dans nos salles en version originale anglaise, pour des personnages tous germanophones. Les quelques scènes essentiellement vociférantes dans la langue de Goethe n’étant quant-à elles pas sous-titrées. Les voies de l’adaptation sont impénétrables.
    Emma155
    Emma155

    9 abonnés 23 critiques Suivre son activité

    5,0
    Publiée le 20 décembre 2019
    Ca, c'est du cinéma... Je ne connaissais pas les autres films de Terrence Malick, je découvre en lui un réalisateur d'exception. Il a une façon de raconter les histoires tout en finesse et subtilité, tout est juste, beau, en place. Les acteurs sont tous magnifiques de justesse, y compris les seconds rôles. Et sur le fond, l'histoire (vraie) est très prenante, d'une rare intensité. Une histoire singulière, celle d'un héros caché qui a résisté jusqu'au bout à la folie du nazisme. Rien n'est de trop dans les 3h que dure le film, aucune longueur, aucun ennui, mais attention ce n'est pas un film d'action. Je recommande à toute personne ayant une certaine sensibilité et pouvant être intéressée par les tourments intérieurs liés à un cas de conscience. 5 étoiles sans hésiter!
    lionelb30
    lionelb30

    446 abonnés 2 606 critiques Suivre son activité

    3,0
    Publiée le 15 décembre 2019
    Le genre de film très personnel traite de manière austère mais marquant avec un sujet fort et donc content de l'avoir vu. Par contre , pas envie de le revoir , beaucoup trop long , 1 heure en moins aurait suffit.
    traversay1
    traversay1

    3 645 abonnés 4 877 critiques Suivre son activité

    3,5
    Publiée le 12 décembre 2019
    Ceux qui suivent Terrence Malick depuis le début de sa carrière (cela ne nous rajeunit pas) et qui ont été soufflés, notamment, par la beauté des Moissons du ciel, ont pour la plupart autant été autant surpris par son arrêt de réaliser pendant 20 ans que par la succession de films depuis son retour de plus en plus expérimentaux, contemplatifs et surtout "étouffe-chrétiens". Après le très pénible Song to Song, Une vie cachée propose enfin des retrouvailles avec la forme narrative via l'histoire d'un paysan autrichien, objecteur de conscience pendant la deuxième guerre mondiale. C'est vrai qu'il y a des éléments de récit exposés mais, finalement, Malick est bien dans la continuité de ses œuvres précédentes avec une mise en scène à la fois intime et travaillée façon grand angle, son lyrisme panthéiste et une voix off un brin moralisatrice. La durée du film est bien excessive pour une histoire intéressante mais, racontée principalement par son aspect moral et surtout prétexte aux grandes obsessions du cinéaste, en particulier le rapport à Dieu. Il y a de très belles choses dans Une vie cachée, à commencer par la splendeur de la campagne autrichienne, mais aussi le sacrifice de l'épouse du héros et d'autres scènes, isolées, qui consolent un peu d'un maniérisme et formalisme qui agacent quand même un peu quand ils sont aussi systématiques. Le plus étonnant, en définitive, c'est que malgré tous les motifs de regimber, avec un certain manque d'émotion au global, et le côté figé de son acteur principal, l'on sorte d'Une vie cachée plutôt reconnaissant, conscient d'avoir vu un film assez unique et grandiose dans son genre, difficilement comparable à d'autres cinémas. Quoiqu'on puisse penser sur le fond et la forme de ses longs-métrages, Terrence Malick restera sans doute dans l'histoire du 7ème art comme un réalisateur original, sincère et loin de la multitude des faiseurs qui composent le plus gros contingent des metteurs en scène du début du XXe siècle.
    Cinemadourg
    Cinemadourg

    780 abonnés 1 531 critiques Suivre son activité

    3,5
    Publiée le 4 juillet 2020
    J'avoue mal connaître l'oeuvre de Terrence Malick mis à part "La Ligne Rouge" sorti en 1998.
    Mais effectivement, ce réalisateur américain possède une patte bien à lui : une puissance visuelle fouillée, une esthétique liée à la nature et à la beauté des choses et des personnages, des musiques merveilleusement choisies, des mouvements de caméra bien particuliers, des voix-off narratives philosophiques envoûtantes et bien souvent des durées de films supérieures aux deux heures.
    On ne déroge donc pas ici au style Malick dans cette histoire vraie de ce paysan autrichien, Franz Jaegerstaetter, qui va refuser d'intégrer l'armée nazie pendant la deuxième guerre mondiale et aller au bout de ses idées de paix et de non-violence.
    Ce biopic est beau, touchant et dramatique à la fois, les images de la campagne autrichienne sont à pleurer de splendeur.
    Dommage que cette réalisation se perde parfois un peu en longueur pour privilégier le caractère artistique et délaisser presque totalement le rythme et la tension nécessaires à une oeuvre majeure d'après moi.
    Malgré sa lenteur générale, un drame marquant.
    Site CINEMADOURG.free.fr
    Sebastien B
    Sebastien B

    1 abonné 2 critiques Suivre son activité

    5,0
    Publiée le 14 décembre 2019
    Cette majestueuse épopée de résistance intime d'un objecteur de conscience autrichien du village de St Radegund contre le Mal nazi au début de la seconde guerre mondiale est embellie par une virtuose mise en scène impressionnante touchée par la grâce (somptueuse photographie). Terrence Malick livre l'une de ses plus éblouissantes offrandes cinématographiques par le biais de cette passionnante narration méditative sur les croyances, incarnée magistralement par les bouleversants August Diehl et Valérie Pachner notamment, couple d'amoureux séparés par l'enfer de la guerre. Une divine quête spirituelle bien accompagné par une lyrique bande sonore émouvante. Terrassant. Christique. Déchirant. Sublime. Magistral.
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