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    Une vie cachée
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    Humphrey D.
    Humphrey D.

    20 abonnés 17 critiques Suivre son activité

    4,5
    Publiée le 12 décembre 2019
    Un film de Malick est toujours la promesse à venir d'un plaisir visuel doublé d'une interrogation métaphysique qui lui confère les qualités d'un plat gastronomique aux saveurs subtiles et délicates, tenant par là plus de l'art que de la technique. Il peut arriver que la sauce manque de liant (À la merveille) ou de sel (Knight of cups), mais toujours demeure la garantie d'une fête gustative de haute volée. Dans Une vie cachée, ce plaisir est immense.
    Malick est un cinéaste des hauteurs, et il le prouve en enracinant son film dans les montagnes autrichiennes dont les sommets touchent le ciel de leurs dentelles effilées. Hauteur de vue, hauteur d'âme, chez Malick tout devient Majuscule. L'anecdotique, l'événement contingent s'évaporent pour se transcender dans l'universel. Chaque geste, chaque attitude, chaque action perdent leur banalité pour se métamorphoser en topique, soit une catégorie générale .Ce glissement permanent de l'image vers le concept est certainement la marque de fabrique du cinéma malickien. Ainsi, le fauchage des blés devient l'idée du Travail, la main qui enfouit une pomme de terre celle de la Terre Nourricière, une paysanne qui se baisse et aide à ramasser les légumes d'une brouette renversée celle de la Solidarité, la vocifération d'un soldat nazi celle de l' Humiliation, et ainsi de suite. Tout le cinéma de Malick est conceptuel alors même qu'il met en jeu une physique des corps. Ici, les corps sont malmenés, qui par la dureté du travail de la terre, qui par les sévices imposés par les soldats allemands. Mais le chant de la terre les annoblit en leur restituant une grandeur et une solennité qui entre en résonance avec celles des paysages.
    Parler de lyrisme est presque un lieu commun chez Malick, tant ses films ressemblent à des symphonies : images magnifiées par l'usage du grand angle, fusion de la Nature et de l'Homme dans un panthéisme généralisé, rapprochement permanent de l'idée de Beauté avec celle de Dieu. Car Malick est un croyant et la Foi un de ses thèmes récurrents. On suit ici le chemin christique de Frantz Jägerstätter, objecteur de conscience sous le nazisme, refusant de pactiser avec le Mal, emblématique agneau de Dieu dans sa volonté sacrificielle d'endosser les péchés du monde. Le mal court, disait Audiberti, et dans le film, il vient percuter l'ordre immuable et quiet de la vie pastorale du village de Sankt Radegund. Sur les prés verts et blonds de ces montagnes autrichiennes viennent s'amonceler les nuages menaçants du nazisme à la façon de métastases venant troubler le corps social et sa relative harmonie. Un refus de souscrire à une quête pour l'armée allemande nazie va initier l'hostilité des villageois à l'égard de la famille de Frantz, alors que lui seul a la vision de la nocivité et de la noirceur du danger à venir. Sa conscience intérieure va le mettre en position de rebelle et l'exclusion sociale va le frapper très vite. Mais à l'inverse d'un Christ prêchant et prosélyte, Frantz va se réfugier dans un mutisme obstiné qui va finir par le mener à sa perte. A-t-il valeur de modèle ? L'entêtement à défendre ses croyances peut-il se faire au détriment de son entourage ? La foi sauve-t-elle ? Où se trouve la ligne de partage entre égoïsme et honnêteté intellectuelle ? La spiritualité est-elle nécessairement synonyme de sacrifice ? Le film pose toutes ces questions sans jamais y répondre. Il suit le chemin de croix de Frantz, jusqu'à sa "crucifixion" finale dans ce Golgotha figuré par cette porte s'ouvrant sur le noir absolu d'une pièce où se dresse la guillotine. Dans cet itinéraire vers la mort, l'on trouve de la sorte une multitude d 'analogies bibliques : ainsi Bruno Ganz dans le rôle de Ponce Pilate, procureur en proie au doute mais condamnant à mort par une sentence lapidaire et sans appel; symbolique des 2 larrons dans cette cour de la décapitation où l'un d'eux posant sa tête contre l'épaule de Frantz et réclamant sa part de compassion et un reste d'humanité semble dire "Souviens-toi de moi quand tu seras dans ton Royaume" ; distribution du pain aux pauvres dans une scène de la Cène où Frantz donne son quignon à un prisonnier compulsivement affamé ; amour indéfectible de Fani, la femme de Frantz, sorte de Marie-Madeleine à l'engagement total et sincère.
    C'est néanmoins dans l'énoncé des convictions de Frantz que le film joue sa partie la plus faible. Le mutisme qu'il oppose à tous ceux qui veulent lui faire abjurer sa foi et sa détermination , que ce soient les villageois qui cherchent à le convaincre de la traîtrise de sa position ou bien les geôliers nazis qui le torturent en voulant lui arracher sa part d'humanité, échappe à tout argumentaire et empêche le spectateur de s'identifier totalement à ce personnage qui jamais n'oppose une raison critique à ses détracteurs. Seule entend-on une voix off figurant sa conscience intime à s'interroger sur les malheurs du monde («Qu’est-il arrivé à notre pays ? À cette terre que nous aimons ? »). Cette désolidarisation de la parole et de l'action, qui est une des signatures de Malick, est à la fois une force et une faiblesse. Force car elle débouche sur la métaphysique, faiblesse car elle gelatifie l'action et les personnages en les désincarnant.
    Reste la flamboyance de son cinéma qui, au-delà de ses tics bien connus (utilisation d'objectifs anamorphiques et grands angulaires, amour de la contre-plongée, voix off plutôt que dialogues), est un ravissement visuel de tous les instants. Chaque plan est un tableau, et on avance dans le film comme on déambulerait dans une galerie de peintures, à reconnaître l'angélus de Millet, ou les compositions pastorales de Claude Lorrain ou de Nicolas Poussin, quand ce n'est pas le clair-obscur de la peinture hollandaise (voir le très beau plan de la veillée funèbre éclairée par une bougie). En somme, du très grand art où le cinéma regagne ses lettres de noblesse par la magnificence de ses images et le rapt qu'il fait du spectateur en lui proposant un imaginaire que lui seul peut susciter. Que Malick en soit remercié.
    Fabien D
    Fabien D

    183 abonnés 1 140 critiques Suivre son activité

    4,5
    Publiée le 17 décembre 2019
    Malick est un cinéaste majeur. Son cinéma singulier, tendant à l'abstraction, fascine autant qu'il rebute. Moins expérimental que ses deux précédents films, une vie cachée se présente comme une œuvre somme. On y retrouve toutes les obsessions du cinéaste à l'intérieur d'un film qui réussit parfaitement à mêler romanesque et lyrisme philosophique. A travers ses personnages de martyrs, Malick interroge la foi mais aussi l'idée même d'existence. C'est puissant, souvent bouleversant et d'une indéniable virtuosité de mise en scène. Les acteurs sont parfaits, au diapason du récit conté par le cinéaste. A la fois film historique et mélodrame, une vie cachée est un aussi un film sur la nature dans lequel tout est appelé à renaître, où la souffrance est supplanté par la beauté et la contemplation. Un très beau film, un grand Malick.
    andika
    andika

    107 abonnés 320 critiques Suivre son activité

    4,0
    Publiée le 15 décembre 2019
    Terrence Malick est de retour. Et son dernier film fleuve de près de 3 heures s'intéresse à l'histoire vraie de Franz Jägerstätter, un fermier autrichien, objecteur de conscience, qui refusa de répondre à l'appel de l'armée du IIIème Reich en 1943 car il ne voulait pas jurer fidélité à Adolf Hitler. A l'époque, chaque appelé devait se résoudre à effectuer cette formalité, même s'il était amené par la suite dans un poste à l'arrière, comme par exemple dans un hôpital.

    De nos jours, cela semble évident que la bonne chose à faire dans pareille circonstance est de refuser de prêter serment à Hitler. Mais tel n'est pas le cas dans l'Autriche du début des années 1940 où de plus en plus de personnes sont séduites par le national socialisme, même dans un petit village reculé des alpes autrichiennes comme Radegund. Mais même à cette époque, des personnes clairvoyantes ont su se lever contre ce mal absolu et le refuser. Un Elser par exemple a pu tente d'assassiner Hitler. Franz ici, offrira une résistance intérieure, avec sa haute force morale et sa foi chrétienne inébranlable.

    Et c'est ici que l'on tombe dans l'une des obsessions de Malick. Le rapport de l'Homme à Dieu et à la divinité en général. Dans de nombreux plans, un crucifix apparaît à l'écran. Sa façon de filmer les personnages fait également très souvent apparaître les alliances qu'ils portent dans le cadre. Afin de montrer leur engagement dans le sacrement du mariage, sous l'égide de Dieu. Et plus largement, au fur et à mesure que le film avance, on se rend compte à quel point l'itinéraire de Franz est christique. Toutes les épreuves et humiliations qu'il traverse alors qu'il lui suffirait de se soumettre pour être libéré.

    Et ces enjeux d'une gravité extrême contrastent tellement avec la quiétude de l'ambiance. La plupart du temps, Malick magnifie la montagne autrichienne, la vie dans les champs, le travail du sol, avec les semences, le labourage. Il nous montre les cours d'eau, les fleuves, les arbres, le ciel, la terre. Rien dans cette campagne autrichienne ne laisse deviner l'horreur du nazisme hormis ces croix gammées portées discrètement par certains notables, ou plus insidieusement la présence d'uniformes et de bottes.

    C'est également une superbe histoire d'amour entre Franz, joué avec beaucoup d’intériorité par August Diehl, et sa femme Franziska interprétée par une intense Valérie Pachner. La présence de la voix off, notamment pour dépeindre leur relation épistolaire, fait naître peu à peu une grande intimité entre le spectateur et leur histoire, et décuple les émotions proposées. On regrettera toutefois que le film ait été tourné en anglais, bien que lorsque les dialogues ne sont pas au centre d'une scène, ils sont bel et bien en allemand, en fond sonore.

    Malick, le philosophe, parvient à rendre son discours qu'autant plus puissant en fusionnant les questionnements d'ordre moral et existentiel. Et plus que les questions, il apporte des réponses. Pourtant, en matière de moral, les réponses sont incertaines mais accessibles. Mais face au nazisme, il parvient non sans mal à démontrer la certitude du comportement à adopter, même si la publicité de celui-ci peut s'avérer restreinte. En ce qui concerne le questionnement d'ordre existentiel, aux réponses certaines mais inaccessibles, en dépeignant un monde aussi beau, il nous donne presque accès à l'au-delà...

    Sans oublier enfin la musique qui participe grandement à certaines scènes clefs. Notamment la Passion selon Saint Matthieu de Bach qui enclenche le départ sans retour vers sa croix du héros, ou plus puissant encore, l'Agnus Dei de Wojciech Kilar. L'agneau de Dieu que l'on sacrifie pour prouver sa foi. Et plus largement, entendre du Schnittke ou du Pärt au cinéma, cela vaut le déplacement.

    Ce film ne conviendra pas forcément à tout le monde, mais si on se sent disponible pour ce genre de proposition, on aurait tort de se priver de si belles images, de si beaux sons, de si belles personnes. Malick, en revenant à une structure de scénario un peu plus traditionnelle ne perd pour autant pas l'essence des expérimentations qu'il a menées dans ses derniers films. Bien au contraire, il opère une synthèse salvatrice qui permet d'exsuder des émotions multiples, d'une profondeur et d'une puissance inégalées. Inutile d'y revenir plusieurs fois pour en être marqué à vie.
    Fanadri123
    Fanadri123

    28 abonnés 116 critiques Suivre son activité

    4,5
    Publiée le 21 décembre 2019
    Après trois films de plus en plus mystérieux (À La Merveille, Knights Of Cup et Song To Song), Terrence Malick revient à un lyrisme panthéiste d’une beauté époustouflante et à une narration beaucoup plus classique. 

    Une Vie Cachée, présenté à Cannes cette année, raconte l’histoire de Franz Jägerstätter, un paysan autrichien qui a refusé de prêter allégeance à Hitler. Palme d’Or en 2011 pour The Tree Of Life, son nouveau film repartira malheureusement bredouille.

    Le réalisateur s’inspire d’une histoire vraie et s'appuie sur la correspondance de Franz Jägerstätter avec sa femme Franziska. C'est grâce aux recherches du pacifiste américain Gordon Zahn que cette histoire sortira de l’oubli. Tourné en huit semaines lors de l’été 2016, la production a pu tourner sur les lieux mêmes de l’histoire de Jägerstätter, à commencer par sa maison, devenu lieu de pèlerinage au fil des années ainsi que dans le village de St Radegund où vivait le paysan et sa famille. Le cinéaste a aussi posé ses caméras dans des églises et cathédrales, d’authentiques fermes d’élevage, de véritables prisons, dont celle de Hoheneck, l’établissement pénitentiaire de la Stasi, et le Kammergericht, palais de justice où de nombreux opposants au régime nazi furent condamnés à mort. Tourné en lumière naturelle « Le soleil est notre éclairagiste » disait Malick, le film s’affirme donc par l’authenticité de chacun de ses plans, une authenticité si chère au réalisateur (on la retrouve d’ailleurs dans toute sa filmographie). Le film dégage une émotion si touchante qu’elle en devient palpable et ce grâce à un casting talentueux.

    L’acteur allemand August Diehl incarne avec conviction cet opposant au régime hitlérien. Le parcours de ce héros est christique, le film suit son chemin de croix et Terrence Malick filme en toute pudeur et sans ostentation l’itinéraire de cet homme devenu un martyr. L’homme se questionne, il est en proie au doute, le chemin est long mais il semble guidé par quelque chose de plus grand, de plus intime. Il est impassible et pleinement conscient face à son destin qui s’annonce funeste. Il rencontre des interlocuteurs l’incitant à changer d’avis pour qu’il rejoigne les rangs de l’armée mais Jägerstätter demeure imperturbable et en totale compréhension avec son acte malgré la douleur qui s’inscrit sur son propre visage, celui de sa femme et ceux de ses trois enfants. Rien ne peut le corrompre, Franz ne tournera jamais le dos à ses convictions.

    Terrence Malick renoue avec une narration plus accessible que ses précédentes réalisations qui tenaient plus du cinéma expérimental et de la poésie (magnifiques au demeurant). Les paysages et l’environnement dans lesquels évoluent les personnages ont toujours une place prépondérante dans l’histoire et sont sublimés par la caméra envoutante du réalisateur. L’ensemble est porté par la majestueuse bande originale de James Newton Howard qui signe une partition magnétique et dans laquelle il a incorporé à la demande du cinéaste des sons enregistrés au cours du tournage comme les cloches des églises, les bruits de la scierie et de la prison ou encore les faux dans les champs, donnant ainsi un aspect organique à la composition.

    Une Vie Cachée est une puissante et sublime fresque sur le destin d’un homme porté par une foi inébranlable en ses convictions. Terrence Malick donne une voix aux humbles, aux inconnus et aux héros oubliés à travers une oeuvre majestueuse et pleine de sens. 
    Matching P.
    Matching P.

    15 abonnés 133 critiques Suivre son activité

    3,5
    Publiée le 17 décembre 2019
    Le film de Terrence Malick montre un jeune couple de paysans, amoureux, heureux. La vie est dure, le travail très physique, mais la nature est belle, en harmonie avec leur bonheur. Les paysages sont magnifiques, la vie dans ce village est paisible. Toutefois, le ciel n'est pas souvent bleu - l'Autriche est annexée, la guerre est là et les jeunes autrichiens sont enrôlés dans l'armée hitlérienne. Franz se sent étranger dans son propre pays qui semble enthousiaste à l'idée de participer à la guerre. Il s'y refuse parce que très croyant, et jusqu'au bout, il restera intègre.
    Ce film est comme une prière de trois heures. Franz prie, pense, souffre. La voix-off, parfois obsédante et presque lancinante est omniprésente pour nous faire partager les réflexions philosophiques et métaphysiques d'un homme très croyant. Son entourage, même des militaires, essaie de le persuader de renoncer à sa résistance pour sauver sa tête. On a beau lui expliquer que son sacrifice ne changera pas le cours de l'histoire, que personne ne le saura. Il ne fléchira pas, il reste fidèle à ses convictions, et pourtant, même l'église ne le soutient pas, lui, le catholique. Seule sa femme le comprend.
    Son obstination peut révolter. A-t-on le droit de laisser femme et enfants pour rester fidèle à ses convictions, même si elles restent sans conséquence politique ? La résistance et le sacrifice doivent avoir un sens, mais ici il s'agit seulement d'un cas de conscience, certes héroïque, mais qui punit aussi sa famille. De longues séquences mettent en scène les difficultés de sa jeune femme à travailler la terre, isolée et presque bannie du village, elle est seule à nourrir ses enfants. A la fin du film une citation de George Eliot tente de justifier ce martyre : "Si les choses ne vont pas aussi mal pour vous et pour moi qu'elles eussent pu aller, remercions-en pour une grande part ceux qui vécurent fidèlement une vie cachée (...)". Malick rend hommage à cet homme "caché" qui sera béatifié en octobre 2007. Lui-même doit être très croyant tant il est dans le personnage de Franz et son film traduit sa foi.
    Comme souvent chez Malick, la voix-off suit tout le film. Les images et les travellings des paysages sont grandioses, même si elles sont répétitives, et les plans détaillés d'une grande finesse. Ce sont autant de tableaux de maitres.
    Les acteurs sont parfaits, August Diehl et Valerie Pachner transcendent cet amour absolu, mais il faudrait tous les citer, sans oublier Bruno Ganz dont ce fût une des dernières apparitions. Le film a été tourné en partie en anglais, même les acteurs allemands ... ce qui est un peu frustrant pour nous et dommage pour le contexte historique.
    Le film est long, très long comme dit http://www.surlarouteducinema.com. C'est une fresque d'une grande beauté, mais la longueur peut gâcher ce plaisir esthétique.
    Il faut un public averti pour apprécier sa longueur et sa méditation chrétienne que l'on peut considérer comme lourdement insistante...
    http://www.matchingpoints.fr/2019/12/16/cinema-une-vie-cachee/
    Puss D
    Puss D

    17 abonnés 45 critiques Suivre son activité

    5,0
    Publiée le 15 décembre 2019
    Il était temps vraiment de mettre en lumière ce paysan ,qui par conviction et avec sa belle foi n'a pas basculé comme les autres dans cette horrible guerre menée par ce fou de Hitler.. et même je trouve que l'église a attendu trop longtemps avant de le béatifier ( probablement par le pape benoit XVI car lui même était allemand).. le film est magnifique les prises de vue splendides ..le parcours de Franz , ses valeurs ,son courage forcent notre admiration .. un grand merci au réalisateur pour cet hommage si digne si bouleversant à un homme qui mérite de rester dans nos mémoires à tout jamais..
    Fêtons le cinéma
    Fêtons le cinéma

    704 abonnés 3 055 critiques Suivre son activité

    4,5
    Publiée le 12 décembre 2019
    Que le titre tire ses trois mots du roman Middlemarch de George Eliot ne relève pas de la coquetterie littéraire ; non, ça dit tout. L’article indéfini situe d’emblée les destins que nous allons suivre sous le signe de l’anonymat grandiose, ce même anonymat qui apparaît comme la condition sine qua non du faithfully dans lequel résonne la foi véritable. Car ce que met en tension Une Vie Cachée, c’est avant tout deux modes de croyance définis par leur antinomie : d’une part, le protestantisme vécu à échelle familiale et dégagé de ses lourdeurs théoriques – incarnées en partie par le personnage de Tobias Moretti –, soit une foi qui se ressent à mesure que les pieds foulent la terre ou sont picotés par les blés, que les corps s’enlacent et se baisent, que les mains réunies se lèvent vers le ciel ; d’autre part, le nazisme qui s’enracine dans une violence protocolaire déshumanisante et qui a besoin d’objets matériels pour s’exprimer : drapeaux, saluts, costumes et insignes militaires. Et s’il oppose sur le plan physique et visuel ces deux réseaux de croyance, Terrence Malick va plus loin, construit par sa mise en scène un rapport à l’espace nettement différencié, traduction par l’image et le mouvement de la Weltanschauung propre à chaque camp. Franz Jägerstätter et sa famille sont en communion avec le ciel et la terre, leur rapport au monde se manifeste par sa verticalité, si bien que l’époux disparu se réincarne dans les montagnes ; il reste à jamais, pour les siens, un roc. En revanche, les officiers nazis organisent l’espace selon un découpage horizontal et chiffré : des condamnés à mort sont alignés sur un banc, deux étages d’une prison se superposent, puis ce sont leurs portes ornées d’un numéro. Le salut hitlérien regarde devant soi, les mains du croyant contemplent l’au-delà. La campagne autrichienne ne connaît pas le nombre, elle sème par poignées, elle cueille elle ramasse elle épluche elle décortique. La ville, quant à elle, on y entre en donnant son nom à un soldat qui l’inscrit minutieusement sur sa feuille. Et la paperasse ne fera que croître, jusqu’au tribunal. Légèreté des corps dans un décor de rêve, pesanteur de l’enchaînement. S’il est une fresque historique où s’affrontent liberté intérieure et soumission extérieure, Une Vie Cachée est avant tout un drame climatique et mystique qui plonge son personnage principal dans les tourments d’une foi qu’il n’a pas choisie et dont il ne peut se soustraire. Les agissements de Franz, nous les saisissons sans véritablement parvenir à les comprendre : pourquoi s’accrocher ainsi à ses convictions de justice et d’équité alors qu’il suffit de feindre, de rentrer dans le rang ? Cette interrogation en dit long sur notre aliénation, du moins sur notre propension à courber l’échine devant la contrainte afin de ne pas en subir les conséquences. Aussi l’entêtement de Franz traduit-il la démarche artistique du cinéaste qui trouve ici l’occasion d’affirmer l’engagement de son geste. Filmer les champs, les forêts dans le brouillard, l’onde, ce n’est pas de la paresse. Ou un tic qui signerait la toile du maître. Non. C’est un acte de foi, un cri de révolte lancé à l’encontre des asservissements et des servitudes. Malick pense le retrait non pas comme le conservatoire d’une lâcheté, mais au contraire comme le lieu d’une retraite où méditer sur le monde, où transmettre et ainsi sauvegarder un art de croire et de vivre en accord avec la nature et les besoins de chacun. Cette retraite, ou « vie cachée », n’a pas d’endroit strictement délimité : la campagne se mue rapidement en champ de bataille sur lequel l’épouse et sa famille subissent les assauts répétés de la rumeur, la ville vit au rythme des sirènes et des bombardements. La seule nécessité de la retraite réside dans l’amour porté à son prochain, dans ce baiser entre un mari et une femme ou entre deux condamnés à mort attendant leur exécution. Plus largement, la « vie cachée » perdure aussi longtemps que les corps se touchent, se réconfortent, s’unissent en somme, cessant alors d’être des automates. Le montage privilégie des plans brefs et coupés avec suffisamment de netteté pour créer un rythme saccadé : des poussières d’instants existentiels germent sous nos yeux, ne prétendent guère épuiser la vitalité de ceux qui les soufflent. Rares sont les œuvres à réussir l’illusion d’autonomie de leurs protagonistes, cette impression que la caméra n’a su saisir que des bribes d’une vie qui continue encore là maintenant. Entre les coupes, entre les fondus au noir, du temps humain. Avec Une Vie Cachée, Terrence Malick raccorde la foi à ce qu’elle a de plus solitaire et paradoxalement de plus communautaire, rappelle que la vie ne vaut que par le sens qu’on veut bien lui donner puis défendre, au prix fort s’il le faut. La sublime partition que compose James Newton Howard emporte vers les sommets une œuvre suffisamment majestueuse et virtuose pour saisir les reflets d’au-delà dans les paysages qu’il capte, dans les figures qu’il embrasse, dans le mouvement avec lequel il communie.
    Paul Roux
    Paul Roux

    10 abonnés 78 critiques Suivre son activité

    2,0
    Publiée le 9 janvier 2020
    Lourd, long, pompeux, ennuyeux, déclamatoire, théâtral : je ne trouve que des adjectifs négatifs pour décrire cette « Vie cachée » qui aurait pu le demeurer. J'avais adoré « Les moissons du ciel » et « La ligne rouge », mais Malick fait désormais partie de ma liste noire.
    Hervé L
    Hervé L

    78 abonnés 638 critiques Suivre son activité

    2,5
    Publiée le 12 décembre 2019
    Un film beau mais lent et long sur un autrichien qui refuse jusqu a la folie de jurer fidélité à Hitler et qui se laissera tuer sans égards pour sa famille au vague prétexte d être martyr de sa foi. Les foutaises de la religion restent dangereuses et cachent mal l œuvre du démon....
    anonyme
    Un visiteur
    0,5
    Publiée le 18 décembre 2019
    Trop long. On pourrait gagner au moins une heure. Une VO en anglais, c'est insupportable pour un film se déroulant en Autriche et en Allemagne.
    Cinéphiles 44
    Cinéphiles 44

    1 388 abonnés 4 208 critiques Suivre son activité

    2,5
    Publiée le 25 mai 2019
    Mise en scène contemplative et mystique, caméra qui suit les protagonistes de dos ou en gros plan pour être intimiste, longs plans d’ensemble pour valoriser des décors naturels, somptueuses musiques, voix-off philosophiques… Aucun doute, nous sommes bien chez Terrence Malick. Son nouveau film raconte l’histoire vraie de Franz Jägerstätter, un paysan autrichien qui a préféré mourir plutôt que de renoncer à ses convictions et se battre aux côtés des nazis durant la Seconde Guerre Mondiale. Bien que l’intérêt soit grand pour cet homme béatifié en 2007 par Benoît XVI, le cinéaste signe une nouvelle fois une œuvre à rallonge qui aurait pu être conté en une heure. D’une durée de près de trois heures, Malick badigeonne son mélodrame de silences et de beaux plans d’Autriche pour en faire une berceuse poétique. Car malgré quelques sales plans intérieurs à l’image déformée par une caméra grand angle, « Une vie cachée » est de toute beauté. L’esthétisme est quasi irréprochable et nous frôlons souvent avec l’inspiration divine. Mais l’écriture est vide, le jeu des acteurs est fade et le choix des langues n’est pas lucide. Les personnages autrichiens parlent anglais tandis que les allemands n’ont pas le droit aux sous-titres. On se fait avoir à chaque fois !
    D'autres critiques sur notre page Facebook : Cinéphiles 44 et notre site cinephiles44.com
    Viintage_dreams T.
    Viintage_dreams T.

    39 abonnés 413 critiques Suivre son activité

    1,0
    Publiée le 20 décembre 2019
    J'accorde deux étoiles pour les paysages, le décor, la faune sauvage.
    Néanmoins, pour tout le reste, ce film est d'un ennui mortel. C'est lent, c'est platonique.
    C'est comme les chansons électro qui ne démarrent jamais, c'est peut-être un style en soi, car il y en a beaucoup des films sur Hitler mais tout de même, personne m'avait prévenu.
    Le dialogue est plat, c'est vide, c'est creux. Le casting est mauvais.
    A la vue de tous ces points négatifs, je vais retirer une étoile.
    3h c'est beaucoup trop long, vous allez perdre votre temps.
    Jean-Marc P.
    Jean-Marc P.

    33 abonnés 128 critiques Suivre son activité

    5,0
    Publiée le 15 décembre 2019
    Une œuvre sur l'engagement et la conviction poussés jusqu'à une forme de mysticisme. La nature, sauvage et magnifiée, filmée comme personne d'autre, fait écho au tourment des sentiments d'un Juste, béatifié.
    Carine R.
    Carine R.

    8 abonnés 7 critiques Suivre son activité

    1,5
    Publiée le 14 janvier 2020
    Je ne peux que juger la première heure car j'ai quitté la salle à ce moment. Le film est très lent. Ça pourrait passer mais c'est continuellement la même chose. Pendant 1h, j'ai vu la même scène se jouer et se rejouer. Je ne me voyais pas voir cela pendant 3h... Dommage.
    Matteo1994
    Matteo1994

    1 abonné 9 critiques Suivre son activité

    4,5
    Publiée le 11 décembre 2019
    Le réalisateur aborde ici la raison qui caractérise son cinéma: le couple avec ses questionnements, sa mélancolie, ses contradictions....
    Les plans sont toujours aussi magnifiques et donnent je pense une grande liberté aux acteurs.
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