Au cours de mon voyage cinéphile, Terrence Malick s'est rapidement inscrit comme mon cinéaste préféré ! Ses films me parlent, me font voyager, et me font ressentir cette sensation de plénitude et de beauté assez indescriptible, *The Tree of Life* s'avouant comme le plus beau film qui m'a été donné de voir. Graphiquement parlant, on pourrait voir à travers sa filmographie une montée au fur et à mesure de ses tentatives d'expérimentation et de renouveau narratif. Des films comme *La Balade sauvage* ou *Les moissons du ciel* s’inscrivent comme accessibles et assez académiques dans leurs narration. Mais celle-ci se développent et se complexifie au fil du temps, avec un renouveau net dans *Le Nouveau Monde*, ou encore plus dans *The Tree of Life*. Inévitablement à force d'augmenter et se renouveler dans son art, Malick aurai atteint une certaines limites d'appréciation, qui va s'avouer plutôt intéressante à ne pas dépasser ( à moins que certains l'ai dépassé ). Je pense donc aux métrages *A la merveille*, *Knight of Cups* et *Song to Song*.
Avec *Une vie cachée*, Malick inverse t'il la courbe artistiques de ses films, pour revenir à ce qu'il à fait de mieux ? Est-il enfin de retour dans son cinéma le plus beau et le plus parlant ?
Sans être non-plus son film le plus percutant, Terrence Malick signe avec *Une vie cachée* une oeuvre très belle et fais sonner les cloches de son grand retour dans le meilleur du cinéma d'auteur Américain. Une immersion magnifié dans l'histoire vraie de Franz Jägerstätter, paysan autrichien, qui en 1938, à refusé de rejoindre les rangs du Troisième Reich. Un grand acte de courage, qui le conduira à être emprisonné à Berlin loin de sa femme, de ses enfants et de sa campagne natale.
Au sein des montagnes et de la nature autrichienne, le petit village de Radegund. C'est ici que vit Franz ( August Diehl ), sa femme Franziska ( Valerie Pachner ) et leurs trois enfants. Ils sont agriculteurs et fervents pratiquants religieux. Ici, l'agriculture se fait à la manière ancestrales. Au pied des monts et des forets couvert par le brouillard, Franz et Fraziska travaillent dur et s'aiment plus que tout ! Mais loin de cette innocence et de la beauté naturelle de la campagne, l'Allemagne ainsi que nombreux pays aux alentours, s’effondrent dans le totalitarisme nazis. Franz Jägerstätter l'a compris, de ce qu'il à pu connaitre lors de ses classes militaires, il ne combattra pas au nom d'Hitler et de la haine nazis. Les doutes et le mépris des villageois de Radegund, autrefois simples et bienveillants, vont vite se ruer sur Franz et sa famille. Dans ce choix de ne porter allégeance à Hitler, Franz va entraîner sa femme et ses enfants au premier plan des regards endoctrinés et perdus des villageois de Radegund.
Que faire lorsque les amis d'autrefois vous rejettent ? Que faire lorsque même l'église se range au coté de l'idéologie totalitaire et renie Franz, qui est pourtant un croyant endurcie ?
Franz, Franziska et leurs enfants ne forment qu'un bloc, qu'une seule entité ne jurant que par dieu, l'amour, la bonté et rejetant la haine environnante. Malgré les pressions de sa sœur, de sa belle-mère et de la population de Radegund, Franziska aimera pour toujours Franz et ses convictions. Quoi que le futur apportera en bon et en mal.
La lettre de convocation tant redoutée arrive. Franz ne peut échappée à y aller, mais ses convictions de rejet du mal le suivent et le maintiendront toujours vers la lumière durant ce long voyage, dans le couloir inévitable de l'emprisonnement, de la violence et de la mort. Le libre-arbitre existe toujours en lui, malgré les pressions et les doutes. Le bois des chalets est rapidement remplacé par la pierre usée des murs et la ferraille rouillée des lits, au sein des deux prisons successives. L'être unique formé par la famille au sein de la nature autrichienne se divise. Une partie toujours en campagne, l'autre réprimandée par des nazis entre 4 murs. Bien que divisé, l'amour et la beauté sont toujours présent, à travers les nombreuses lettres et la foi perpétuelle du couple vers les cieux. Avec le peu le lumière qui traverse la cellule sombre, Franz arrive à s'en remettre complètement à dieu, ignorant supplices physiques et tortures morales. Qu'il soit objectivement libre ou emprisonné, Franz est un homme bon. Le partage, la prière et le rejet du mal continue d'exister en lui à la prison. **Son physique est certes menotté et frappé par les gardes, son esprit quant à lui est ailleurs.**
Mais certaines interrogations religieuses sont toujours semés entre les prisonniers dépourvus d'espoir. Dieu les a-t'ils laissés pour compte ici, entre les mains du diables ? La mal est-il simplement une création de Dieu qui à le mérite d'exister ?
Le couple peut une dernière fois se revoir, quelques jours avant la l’exécution de Franz. L'être pourtant unique et bon formé jadis, ne peut s’entremêler dans ce rendez-vous quadrillé par les gardes. Des derniers mots d'amour et de compréhension l'un l'autre, avant l'ultime regard et le dernier baiser. Un geste d'amour encore une fois rapidement rompue. L'amour et la beauté n'a pas sa place ici, dans cette antre du mal et de l'horreur.
Mais y'a t'il au moins une personne portant allégeance au mal, qui pourrait s’interroger sur les convictions et la personne de Franz ? Peut-être le juge Lueben ( Bruno Ganz ) qui dans une entre-vue rapide dans son bureau avec le prisonnier, aurait été touché par la lumière. Mais la réalité des choses et sa position dans la pyramide nazis l'a emmené à choisir comme jugement final, la mort.
Le long couloir prend bientôt fin. Des regards et un baiser avec les autres condamnées, à quelques minutes de mourir. Un personnages intriguant, aux airs de Jésus, allant à la guillotine sûr de lui et fier de ses convictions. C'est ici alors que prend fin l'humanité ? L'au-delà est surement plus beau. Franz retrouvera sans doute bientôt sa femme et ses enfants, au sein de la nature et des montagnes. La lumière les éclairant pour toujours.
Pour adapter cette histoire cachée, Malick fait appel à son style sensoriel parfait. Les phrases et les poèmes semés dans ce fabuleux récit. Le grand angle pour magnifié la nature, les ombres, la lumière et les êtres. Comme à son habitude, il y'a une importance sur les mains qui s’entremêlent, se frappent et éprouvent le remords. Mais aussi les visages marqués par l'endoctrinement, la tristesse et l'amour. Emmanuel Lubezki, chef op de Malick depuis *Le Nouveau Monde* en 2005, n'a pas été rappeler par le maître. C'est au tour de directeur de la photographie allemand, Jörg Widmer de faire ses preuves. Evidemment c'est extrêmement beau, mais le style ne change pas non plus de celui de Lubezki. D'ailleurs Terrence Malick n'en à pas fini à les expérimentations de réalisation. Apres la Go-Pro dans *Knight of Cups*, c'est la caméra à la première personne qui arrive dans *Une vie cachée* pour nous immerger encore plus dans le film.
Pour revenir sur quelques petits défauts du long-métrage, il faut avouer en grande globalité que le film n'est pas aussi percutant que certains de ses anciens travaux cinématographiques ( assez étonnent par rapport à son récit ). Une première heure plutôt faible, même si le film prend rapidement son envol par la suite. La musique de James Newton Howard que je trouve de même peu marquante, alors qu'évidement chez Malick la bande-originale est importante pour le ressentie. Et pour finir, j'ai inévitablement envie de revenir sur cette question de la langue. J'avoue ne pas trop comprendre la volonté de Terrence Malick de faire parler le couple en anglais, et le reste en allemand ( de même pour ne pas vouloir traduire les scènes allemandes ). Une impression bizarre comme si l'allemand c'est mauvais, et l'anglais c'est bien.
Pour autant Malick signe son grand retour au film historique et à son style de toujours, dans une narration linéaire aux allures sensoriels et inventives. Au sein de la campagne autrichienne, la famille Jägerstätter touché par la foie, l'amour et le respect de la terre et des ancêtres, face à la haine grandissante et la fin certaines de l'innocence, et de la beauté de l'homme.
Franz Jägerstätter sera béatifié et considéré comme martyr par le pape Benoit XVI, prés de 60 ans après sa mort. Une vie qui s'avoue, comme celle de milliers d'autres, cachées dans l'ombre de l'histoire.