La bande-annonce ne faisait pas rêver mais bon… Quand j’ai vu au générique les noms d’Eric Toledano et d’Olivier Nakache, je me suis dit que je pouvais quand même bien prendre le risque. Parce que bon, c’est vrai que même si on sortait du naufrage humanitaire qu’était « Samba », avant cette horreur là on avait quand même eu droit au superbe « Intouchables ». Or, pour moi, des Français qui font l’effort du rythme et de la mise en scène, ça ne se crache pas aussi facilement dessus. Et franchement, je suis content d’être allé le voir ce « Sens de la fête ». Alors c’est vrai qu’il n’y a pas de quoi crier au chef d’œuvre. D’ailleurs, au début du film, j’avoue que j’étais assez moyennement convaincu. Ce n’était pas ignoble, mais ce n’était pas ultra sexy non plus. Pour le coup, le parti pris formel était assez basique, sans grand génie, et l’écriture était assez attendue, usant souvent de gags téléphonés et de personnages à la posture assez caricaturales (le timide, le guignol, le neuneu, la vénère, le gars qui roule des mécaniques, etc...) En somme, rien de génial donc… Mais bon, ça passe quand même car, malgré tout ça, on sent l’envie du duo Toledano / Nakache de ne pas trop s’attarder sur les choses. Il a des choses à dérouler. Ça enchaîne vite. Il y a un tempo qui est fixé assez rapidement et surtout assez clairement. D’ailleurs le film a l’intelligence de nous plonger dedans tout de suite avec un « in medias res » aussi malin que le flash-forward « d’Intouchables ». Bref, ça tenait à pas grand-chose mais ça tenait tant bien que mal. A défaut d’être un film génial qui allait foutre la gaité dans mon cœur, au moins ce « Sens de la fête » parvenait à me détendre et savait au moins ne pas me prendre le chou. Et pour le coup, même si le reste de film n’a pas trop su faire évoluer mon sentiment à son sujet, malgré tout il a su dérouler sa mécanique de manière rusée, sachant tirer parti de tout ce qui pouvait être perçu comme un défaut. Parce que oui, avoir des personnages caricaturaux ça peut être un problème, mais ça présente aussi l’avantage d’être intégré par le spectateur très rapidement. Or, ça, le film sait jouer avec ça. Au final, ça ne pose même pas de problème car tous les seconds rôles sont finalement au service du seul et véritable personnage qu’est Bacri, encore une fois impeccable. L’autre grosse force de la démarche de ce « Sens de la fête », c’est qu’au fond, au-delà des caricatures, le duo Toledano / Nakache reste assez nuancé dans le traitement de cette étrange faune. Il n’y a pas vraiment de mépris de classe comme c’est souvent le cas dans le cinéma français. Chacun est moqué quelque soit sa position, et toujours d’une manière qui ne l’empêche pas à la fin d’être au final plutôt sympathique. C’est ce qui fait qu’au final, j’accepte volontiers l’absurde, la superficialité et le conventionnalisme de ce spectacle. Et comme tout cela est remarquablement rythmé (pourtant le film dure près de deux heures tout de même), et que tout cela se déroule dans une belle logique de dynamique à la fois individuelle et globale, moi je trouve que ça passe comme du petit lait. Alors certes, je ne vais pas vous vendre du rêve non plus. Je ne vais pas vous dire que j’ai été bouleversé par ce film ou bien qu’il que je considère qu’il réinvente la comédie française. Non. Rien de tout ça. Mais malgré tout, je trouve que ce film sait se constituer une qualité – toute simple – c’est celle d’être un film… sympa. Alors oui, pour certains, un film « juste sympa » ce n’est pas ce qui les fera grimper au rideau – je le conçois – mais pour moi c’est déjà une très belle qualité. Parvenir, dans le cinéma français, à faire un spectacle qui ne soit ni prétentieux, méprisant ou poussif, c’est déjà pas si mal. Franchement, moi, ça m’a détendu. Je suis ressorti de là le sourire aux lèvres en me disant que ça m’avait fait du bien de voir un film « sympa. » Moi, après tout, rien que pour ça, j’accepte de signer des deux mains. Après, ce n’est que mon point de vue. Donc si vous n’êtes pas d’accord et que vous voulez qu’on en discute, n’hésitez pas et venez me retrouver sur lhommegrenouille.over-blog.com. Parce que le débat, moi j’aime ça… ;-)