Clairement, Jean-Pierre Bacri est premier de cordée : les autres sont un peu médiocres, comme nous le sommes tous, "toutes et tous", voulant bien faire, voulant surtout survivre. Personne en effet n'est parfait, avec nos petits défauts et notre mal à l'admettre. Là, Bacri, organisateur de mariage, a sa brigade à encadrer et des noceurs à supporter, toutes et tous avec leurs défauts, des besaciers et des besacières, comme dirait La Fontaine. On rit donc beaucoup des petits défauts des autres, puisque les nôtres on ne sait pas trop. Mais le tri a été fait : on ne rit pas des gros défauts, c’est trop dur (ou peut-être insensé) ; on rit du rouspéteur, de l’amorphe, de l’inculte, du bavard, du borné, du ringard, du confus, du formaliste, du rêveur ; on ne rit pas du rancunier, de l’arriviste, du bagarreur, de l’hypocrite, du raciste, du manipulateur. Le film éprouve pourtant le besoin d’activer un mini-drame à la fin, mais ce n’était pas nécessaire, ni bienvenu, sauf pour exploiter la richesse de l’expression "prendre du recul" et finir le film sur un dernier rire avec Bacri. La palme du comique revient en effet à Bacri, pince-sans-rire hors pair, excellent détecteur de petits défauts et excellent modérateur aussi, d’où le capital de sympathie du personnage. Mais, que ce soit en vrai ou dans un film, le premier venu ne fait pas forcément rire avec ses petits défauts (qui ne sont pas sous nos yeux mais dans notre sac à dos, comme le dit encore La Fontaine). Il faut donc une belle brochette d’acteurs pour les exhiber, et notamment, parmi les noceurs, Benjamin Lavernhe le marié, qu’on a envie de claquer du début à la fin, et dans la brigade de Bacri, Vincent Macaigne, Alban Ivanov (il n’y en a sûrement pas deux pour découvrir comme il le fait que "le loup est un poisson"). Enfin, on rit, bien évidemment, des situations, des réparties, du ridicule des gens. Jean-Paul Rouve découvre la drague par géolocalisation. Bacri souffre avec le correcteur d’orthographe de son mobile : il a envoyé par exemple ‘je vous lèche’ au lieu de ‘je vous laisse’, et il faut être Grégoire Bonnet ensuite (le pharmacien de Scènes de Ménage) pour savoir lui susurrer qu’ils ne se connaissent quand même pas beaucoup pour échanger ce genre de politesse (on a vu ça depuis la bande-annonce, donc on ne spoil pas).