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    Detroit
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    benoitG80
    benoitG80

    3 320 abonnés 1 464 critiques Suivre son activité

    4,0
    Publiée le 21 octobre 2017
    « Detroit » a l’intelligence de nous immerger complètement dans l’enfer terrible qu’a connu cette ville en 1967, en cette période plus que troublée lors des révoltes qui ont touché d’ailleurs plusieurs villes d’Amérique...
    À ce niveau, on est littéralement pris à la gorge par ce climat ambiant, terriblement anxiogène qui nous tétanise !
    La violence des coups et des mots est telle qu’on suffoque de douleur face à ces exactions spontanées, comme lors de cette fête organisée par des Noirs américains que la police interrompt d’office et tout de go, en embarquant sans égard tout ce monde venu simplement s’amuser, certes dans un endroit illicite.
    Il manque cependant juste un rappel plus exhaustif du contexte exact de cette révolte.
    Celle-ci est en effet trop rapidement résumée par ces dessins montrés en prologue, et de fait pas assez explicite afin de comprendre ces pillages incessants que l’on nous montre ensuite, ce qui laisse ainsi planer une ambiguïté au sujet des réelles intentions et de la motivation de la population noire américaine.
    La réalisatrice Kathryn Bigelow, resserre ensuite ces faits, en se focalisant sur ce petit groupe venu se détendre dans l’Algiers Motel, où l’horreur va ici se décupler, en se cristallisant sur quelques individus pris à parti par une poignée de policiers fédéraux et quelques militaires pour quelques coups de feu sans gravité, mais interprétés évidemment comme une agression...
    Tout l’intérêt du film repose donc sur cette montée de violence et le déroulement machiavélique de son processus, dont un des instigateurs sera d’un cynisme et d’une perversité sans nom...
    C’est alors qu’une foule de sentiments enfouis mais très lisibles passent par les regards hallucinés de ces policiers, tous les trois en position de force face à ces hommes et ces femmes terrorisés et maintenus tête contre mur, sous les coups et les menaces qui pleuvent sans répit.
    Frustration, dégoût, sadisme transpirent par tous les pores de ces hommes de loi qui bafouent ainsi délibérément toute procédure légale !
    La réalisatrice arrive de plus à semer un trouble évident par la présence sur ces mêmes lieux, d’individus pris à leur propre piège, comme ce vigile Noir, simple témoin effrayé et complice de ces crimes qui comme le spectateur assiste à ces scènes de folie sans pouvoir réagir, tout comme l’est aussi ce soldat pétri de bonnes intentions mais à la marche de manœuvre si limitée dans ce chaos impensable...
    On reste donc effaré, les yeux écarquillés, devant la détermination épouvantable et infaillible de seulement trois policiers venus régler leurs comptes à leurs façons !
    Parmi ces torturés, ressort en filigrane ce musicien Larry dont les retombées de ces actes barbares transformeront à jamais son destin.
    Beaucoup d’instants seront plus d’une fois terriblement poignants, aussi bien lors de la tension extrême dans le motel, que par lors de toutes les suites de ce fait horrible.
    Les comédiens que ce soit dans les différents camps, se montreront tous d’une justesse sidérante à faire frémir et pâlir le spectateur, aussi bien chez ce Krauss (Will Poulter) au racisme implacable, que chez ce vigile Dismukes (John Boyega) paralysé par la peur, ou ces prisonniers battus dont les expressions effrayées résonneront encore longtemps après !
    Un film dont la violence pure et gratuite, tout comme ses conséquences, font froid dans le dos, d’autant plus que tel un documentaire, tout nous est dépeint sans concession aucune, et dont les images d’archives insérées intelligemment renforcent encore la crédibilité de ces actes inqualifiables !
    Une histoire bouleversante, véritable témoignage du racisme et de la barbarie humaine à ne pas louper !
    Marc T.
    Marc T.

    240 abonnés 548 critiques Suivre son activité

    3,5
    Publiée le 25 février 2018
    Film assez éprouvant, non par sa durée mais par sa tension et sa faculté à nous mettre sous stress. On passe assez rapidement sur les émeutes elles-mêmes pour s'attarder un très (trop ?) long moment sur le calvaire subit par 6 jeunes afro-américains et 2 jeunes femmes blanches. Et quel calvaire ! Il nous tarde vraiment qu'il se termine, en bien ou en mal, tellement il est insoutenable. Il est du coup assez dommage que la dernière partie, traitant du procès, dure si peu de temps car elle méritait une plus grande place à mon avis.
    Christoblog
    Christoblog

    744 abonnés 1 617 critiques Suivre son activité

    5,0
    Publiée le 15 octobre 2017
    Detroit n'est pas un film agréable à regarder. Je suppose que certains seront même profondément dérangés par la tonalité quasi sadique qui colore le film.

    Nous sommes en 1967, et des émeutes raciales éclatent à Detroit. Quelques jeunes Noirs vont vivre l'enfer le temps d'une nuit, piégés par trois policiers cruels.

    Le film commence par une mise en place d'une redoutable efficacité. Mêlant images d'archives et prises de vue façon caméra à l'épaule, la réalisatrice nous immerge très efficacement dans le chaos d'une véritable révolution. Le point fort de cette introduction, c'est d'introduire les personnages principaux de l'intrigue à venir sans qu'on les remarque vraiment.

    Le coeur du film est ensuite un interminable huis-clos (mais s'il est interminable pour nous, imaginons ce qu'il fut pour les victimes !) éprouvant et dérangeant. La caméra réalise des prodiges durant cette partie, et élève Detroit au rang de meilleur film réalisé par Bigelow, à mon sens. On est absolument et tristement dedans.

    Dans une sorte de symétrie bienvenue, Detroit se termine comme il a commencé : la suite des évènements est esquissée à grand coups de subtiles ellipses.

    L'ensemble constitue un film coup de poing, et pour une fois, l'expression n'est pas galvaudée tellement la mise en scène nous frappe plusieurs fois au plexus. Le film plaira à ceux qui sont sensible à un type de cinéma maîtrisé, d'apparence rude et pas forcément toujours subtil. C'est mon cas.
    Alice025
    Alice025

    1 521 abonnés 1 306 critiques Suivre son activité

    4,0
    Publiée le 12 octobre 2017
    Tirée d'une histoire vraie, qui ressemble malheureusement bien à tant d'histoires aussi tristes que celle-ci, « Detroit » traite des tensions raciales aux Etats-Unis en 1967, et plus particulièrement sur une nuit où trois jeunes afro-américains ont perdu la vie, tués par des officiers de police et sans grande raison. Le film se divise en plusieurs parties : l'origine et le déroulement de ces émeutes, le huit-clos dans l'hôtel, puis le procès des meurtres. Le message du film est très clair et c'est tout simplement révoltant. L'interrogatoire n'a rien de légal tant il se déroule dans les coups physiques, dans les insultes et dans la peur. Les policiers profitent de leur statut pour les rabaisser et cracher toute leur haine raciale. L'histoire est captivante et ponctuée par de réelles images d'archives, nous rappelant bien que cela n'est pas une fiction. Le jeu des acteurs est impeccable, mention spéciale à Will Poulter. C'est la première fois que je le vois dans un rôle assez sérieux et il est juste bluffant. Un film poignant dont le thème est encore d'actualité aujourd'hui.

    cinephile-critique.over-blog.com
    Nigivir G
    Nigivir G

    10 abonnés 51 critiques Suivre son activité

    4,0
    Publiée le 25 octobre 2017
    Tres bon film, mais qui m'a mis mal à l'aise . Une longue scène de plus d'une heure totalement anxiogène pour moi. On y voit l'injustice , la violence , la maltraitance la plus totale des noirs américains par la police Blanche de Detroit ... allez y le coeur accroché ...je suis ressortie écœurée et sonnée ... une réelle prise de conscience, mais l'impuissance également .
    GodMonsters
    GodMonsters

    1 222 abonnés 2 645 critiques Suivre son activité

    5,0
    Publiée le 22 octobre 2017
    Très bon film, un des meilleurs de l’année, avec une tension à couper le souffle et un casting impressionnant. Les thèmes abordés sont malheureusement encore d’actualité.. on quitte la salle avec un sentiment d’injustice et de grande tristesse.. Surtout qu’on sait que c’est une histoire vraie, et que des faits divers ressemblants à celui raconté dans film arrive encore régulièrement. Indispensable.
    ffred
    ffred

    1 504 abonnés 3 967 critiques Suivre son activité

    3,5
    Publiée le 19 octobre 2017
    Il y a toujours eu quelques choses qui me gênait dans les films de Kathryn Bigelow. Mais je n’ai jamais su exactement quoi. Je n’arrive jamais à adhérer totalement. Malgré tous les Oscar de Démineurs et la belle maitrise de Zero Dark Thirty. Même constat ici : belle technique, mise en scène plutôt puissante, direction d’acteurs très solide (Will Poulter et John Boyega s’en sortent très bien, tout le reste du casting aussi). Mais le scénario, inspiré de faits réels, est par contre parfois un peu flottant, il a quelques creux et l’ensemble est un poil trop long. Paradoxalement, je trouve que cela manque d’épaisseur et d’émotion. C’est malgré tout terrible et assez prenant. Un état de l’Amérique à travers un fait historique qui nous montre que, malheureusement, rien n’a vraiment changé. Un film édifiant à plus d’un titre mais pas la claque que j’attendais. A voir malgré tout.
    Stéphane C
    Stéphane C

    54 abonnés 389 critiques Suivre son activité

    5,0
    Publiée le 14 mars 2019
    Un témoignage exceptionnel d'une rare violence où toutes les haines sont cristallisées ... Kathryn Bigelow film en immersion et toujours en mouvement, elle dresse, ici, un état consternant d'une société fracturée et encore bien plombée par le racisme ... j'en suis sorti avec la nausée et complètement rincé !
    anonyme
    Un visiteur
    3,0
    Publiée le 11 octobre 2017
    Ce nouveau film de Katherin Bigelow traite des émeutes qui ont eu lieu en 1967 à Detroit opposant la communauté afro-américaine et la police en se focalisant plus particulièrement sur le drame qui a eu lieu au motel Algiers. « Détroit » bénéficie d’une parfaite réalisation surtout dans sa première partie. En effet, Detroit est un film en trois parties. La première partie, la plus réussie, concerne les origines des émeutes. On a d’ailleurs l’impression de suivre des images réelles et non un film. La 2ème la plus longue sur le drame à l’hôtel Algiers est la plus difficile, plus d’une heure de tension, d’angoisse et de malaise face à une injustice sur fond de racisme. Enfin la troisième sur le procès est plus anecdotique bien que révoltante sur une nouvelle injustice. Si le film se passe dans les années 60, on se rend bien compte qu’il est le reflet de la société américaine contemporaine, on se rend compte que rien n’a changé sur les tensions entre la communauté afro américaine et une partie de la police américaine en 50 ans. Mon principal reproche à ce film est la manière de traiter du drame à l’hôtel Algiers, trop longue et trop « funny games » au point qu’on se demande si cela ne dessert pas le propos, s’il s’agit de faire bouger les consciences. Avec un peu trop de distance sur les victimes pour créer une empathie, on est surtout bouleversé par cette injustice et révolté contre ces violences physique et psychologique de ces policiers (je ne pense pas que ce film vienne apaiser les tensions aux USA).
    Arnaud R
    Arnaud R

    85 abonnés 826 critiques Suivre son activité

    4,5
    Publiée le 13 août 2017
    Un grand film qui raconte avec une réalisme presque documentaire et une mise en scène ultra poignante des événements tragiques des tensions raciales aux États Unis qui résonnent encore fortement aujourd'hui. Le film s'étire un peu par moments et veut peut être plus choquer qu'émouvoir mais est impressionnant.
    dominique P.
    dominique P.

    788 abonnés 2 027 critiques Suivre son activité

    4,5
    Publiée le 13 octobre 2017
    Ce film raconte un évènement dramatique et meurtrier (en juillet 1967) et ce qui s'en est suivi, aux Etats Unis.
    C'est une excellente chose d'avoir fait un film sur cette tragédie pour que le maximum de gens soient au courant.
    Il faut savoir quand même que ce film est très dur, très éprouvant, en particulier la scène très longue dans le motel une fois que les policiers y sont entrés.
    Ce qui est très bien ce sont des images d'archives mises dans le film (que ce soit les émeutes qui ont sévi ou les protagonistes de l'histoire).
    Film remarquable !
    HawkMan
    HawkMan

    153 abonnés 1 125 critiques Suivre son activité

    3,5
    Publiée le 16 octobre 2017
    Nouveau film de Kathryn Bigelow qui est arrivé sans faire de bruit. Pourtant, cette réalisatrice est bourrée de talent et nous a offert de somptueux films. Autant dire que mon impatience a été mis à rude épreuve d'autant plus que les critiques furent très bonnes. L'histoire nous raconte les émeutes survenues à Détroit en 1967. Les années 60 furent marquées par une forte ségrégation raciale... L'histoire se déroule en plusieurs parties, la principale étant les scènes se déroulant dans un motel où séjournait plusieurs jeunes noirs américains. Des policiers, racistes, s'en sont pris à eux... spoiler: et finirent par en tuer 3 et en agresser physiquement et moralement de nombreux autres.

    La mise en scène est parfaite (avec l'intégration de véritables images historiques), les acteurs justes mais je dois avouer un peu de déception quant au rendu une fois le film terminé. On ressort avec un mélange de honte (comme souvent lorsque l'on voit de quoi l'homme est malheureusement capable) et d'interrogation.
    Bref : un film dérangeant mais nécessaire (on a pu voir il y a peu de temps encore des meurtres racistes aux USA par la police... triste société...
    Carlos Stins
    Carlos Stins

    69 abonnés 657 critiques Suivre son activité

    5,0
    Publiée le 27 octobre 2017
    En toute discrétion, Kathryn Bigelow s'est fais un nom dans le cinéma américain en progressant de films en films. Son oeuvre a gagné en personnalité, à mesure qu'elle conférait à ses films une dimension politique de plus en plus importante, et elle a surement atteint le sommet de son art avec "Detroit". Avec ce film, Kathryn Bigelow nous parle du racisme avec une force et une justesse que très peu voir aucun cinéastes n'avaient atteintes. La réalisatrice américaine s'attache à porter à l'écran l'un des épisodes les plus sombres de l'histoire américaine qui est pourtant assez méconnu et même souvent occulté. On est tout de suite saisi par le réalisme du film conféré par cette réalisation très nerveuse caméra à l'épaule. On est immergé dans les rues de Detroit, cloués par la tension que rejette le film et horrifiés par les atrocités qu'il montre. Proche du documentaire, "Detroit" n'épargne pas le spectateur et le met frontalement face à la réalité de l'Histoire. La cinéaste est aussi à l'aise quand elle filme les émeutes que quand elle filme des scènes plus intimes dans des espaces réduits. Chaque personnage est superbement bien écris, avec beaucoup de profondeur, et représente une frange de la société. Les interprètes sont toux excellents et incarnent à merveille leurs personnages. En plus de nous donner une importante leçon d'histoire, Kathryn Bigelow nous livre un drame humain émouvant et universel qui résonne profondément dans notre époque. Je manque de mots pour saluer la maîtrise et le courage de cette réalisatrice qui livre un film magistral qui ne laissera aucun spectateur indemne. L’expression "film coup de poing" est devenu galvaudé à force d'être utilisé, mais elle colle parfaitement à ce film qui m'a littéralement assommé. C'est pour ce genre de long-métrage que j'aime le cinéma et on se doit d'encourager les spectateurs à voir ce film tant leur message est important, donc ne manquez surtout pas ce film.
    Freakin  Geek
    Freakin Geek

    229 abonnés 881 critiques Suivre son activité

    2,5
    Publiée le 14 octobre 2017
    Difficile de comprendre pourquoi Kathryn Bigelow a préféré transformer cinq jours d’émeutes historiques en un simple huis clos qu’elle n’a même pas réussi à rendre vraiment nerveux et tendu. Bien trop long pour ce qu’il a à raconter, le film ne prend même pas la peine de présenter correctement tous ses personnages avant de les mettre en situation. La dernière partie manquera elle aussi d’explication à bâcler trop vite sa scène de procès. En dehors de son sujet important, on ne voit pas trop en quoi Detroit mérite autant de critiques dithyrambiques sur son affiche car il est au fond bien décevant. [lire la critique sur FreakinGeek.com]
    lhomme-grenouille
    lhomme-grenouille

    3 151 abonnés 3 170 critiques Suivre son activité

    3,0
    Publiée le 15 octobre 2017
    Eh bah ça m’a plu ce « Detroit »… Pourtant le début m’avait laissé plus que sceptique. Parce que oui, par quoi commence ce film ? Il commence par un long carton d’introduction. Or ça, moi, c’est l’annonciateur de la pire des paresses. Quand tu décides de raconter par du texte ce que tu pourrais faire avec du cinéma, ça n’augure rien de bon. Et quand en plus j’ai constaté que ce carton n’avait que pour seul et unique but de me faire une longue leçon de morale visant à justifier dès le départ les actions des uns et à condamner les actions des autres, là j’ai commencé à avoir très peur. Par tous les dieux du septième art ! Katheryn Bigelow allait-elle donc tomber aussi bas ? Allait-elle simplement se contenter de zapper tout l’aspect discursif de son sujet pour simplement l’illustrer avec des images choc ? Franchement, au début j’y ai cru. Et si le rendu visuel des premières scènes d’émeutes se révèle très percutant, tournées caméra au poing en mode « reporter sur le front », le risque de voir le film s’enliser dans la démonstration et la dénonciation faciles était malgré tout bien palpable. Heureusement, Katheryn Bigelow n’est pas née de la dernière pluie, et pour le coup ça se sent assez rapidement dans la manière dont l’intrigue se met à évoluer. En bonne taulière du cinéma d’action américain, l’amie Katheryn joue très vite avec les modulations de rythme pour faire « respirer » son film. Parce que non, une bonne tension au cinéma n’est pas une tension qu’on tient tout du long. Une tension trop maintenue sur le temps long finit toujours par atteindre une phase de plateau ; moment où généralement le spectateur finit par décrocher. Dans le cas de « Detroit », les premières scènes d’émeutes sont vite contrebalancées par des scènes s’intéressant à des parcours individuels apaisés et déconnectés de l’émeute. Pour moi, c’est d’ailleurs là que j’ai commencé à rentrer dans le film. Cette bascule m’a permis de m’impliquer dans des individus et non dans une masse ; elle m’a permis de ressortir d’un discours social prémâché au profit d’enjeux plus personnels et nuancés, et surtout elle m’a permis de saisir différemment toute la violence de ces émeutes. Parce que oui, quand on passe d’une scène où un groupe d’amis à la voix d’or s’apprêtent à exaucer leur rêve en montant sur scène, et que soudainement les émeutes viennent percuter leur destin, en termes d’expérience sensorielle, il se passe quelque-chose. Car c’est aussi ça le talent de Katheryn Bigelow dans « Detroit » : elle sait très vite poser ses atmosphères ce qui donne du coup encore plus d’impact à ses ruptures et ses transitions. Pour le coup, les contrastes instaurés entre ces moments conviviaux et ces moments violents parviennent vraiment à générer cette respiration indispensable au bon fonctionnement du spectacle. Et là, franchement, malgré les 2h20 de spectacle, je trouve que tout cela coulisse à merveille. La tension est merveilleusement entretenue, tout cela au service d’un univers très prenant et très signifiant. Pour le coup, le matraquage discursif de l’introduction se révèle bien superflu au regard de ce que Dame Bigelow est capable de nous faire ressentir grâce à la maîtrise de ses codes formels. En l’occurrence, l’usage des codes du cinéma de guerre pour parler d’une émeute urbaine est très riche de sens. L’association des deux univers génère d’étranges sensations, comme cette impression d’assister à une ville prise d’assaut par une armée ennemie ou bien encore cette impression de voir une population subir les crimes de guerre menés par un occupant. Franchement, rien de mieux pour nous mettre à la place des noirs de Detroit ; pas besoin de carton manichéen pour cela. D’ailleurs, si je devais trouver quelques limites à ce film (parce que je lui en trouve), je les trouverais sûrement dans ces quelques réminiscences de l’esprit du carton d’introduction que l’on retrouve un peu partout le long de l’intrigue. Par exemple, le parti que prend le film de présenter dès l’intro les policiers zélés me paraissait clairement dispensable. Même si j’entends bien que dans les années 1960, des policiers de ce genre devaient être foison, leur présentation contribue clairement à construire l’intrigue de manière binaire et manichéenne entre d’un côté les gentils vraiment gentils et les méchants vraiment méchants. Même si le film nuance souvent cette position en révélant quelques mécaniques systémiques dans cette oppression étatique, se retrouver avec ces personnages vraiment caricaturaux – et cela dès le départ – nous enferme un peu dans un schéma de pensée et de perception de la situation qui est assez pauvre parce que justement binaire. spoiler: Pour le coup, je trouve que ça aurait été tellement plus intéressant de ne commencer à dessiner la personnalité de ces policiers qu’au moment de la « prise d’otage » dans l’Algiers. D’une part, ça aurait permis de vivre l’assaut comme étant celui d’un ennemi invisible, non personnifié, et donc encore plus effrayant. Ensuite, la singularisation progressive des ennemis aurait pu ouvrir sur cet effroi qu’aurait pu susciter certaines personnalités ; effroi d’autant plus fort que ces gens se seraient révélés au fond que de simples flics assez ordinaires et au fond assez humain. L’autre avantage de choix, c’est qu’il aurait alors été une transition parfaite vers le troisième temps du film qu’est le procès. Pour le coup, dans de telles conditions, j’aurais trouvé le déroulement de l’intrigue absolument parfait.
    Mais bon, on ne refera pas le film hein… De toute façon, l’un dans l’autre, et malgré ces petites scories qui restreignent parfois notre analyse de l’événement, « Detroit » n’en reste pas moins un film que je trouve diablement efficace dans sa mise en scène et dans son cheminement. Et même si le final se révèle être assez conventionnel, je dois bien avouer qu’il a su conclure un spectacle qui m’a remué émotionnellement parlant, ce qui est pour moi le synonyme d’un pari remporté. Donc oui, « Detroit » est pour moi un film efficace et malin. Alors rien que pour cela : « merci Katheryn Bigelow »
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