Avec La Passion Van Gogh, Dorota Kobiela et Hugh Welchman coécrivent et coréalisent une merveille de film d'animation. L'histoire se déroule à Arles en 1891, et nous fait suivre Armand, qui sous la requête de son père Joseph Roulin, est chargé de remettre une lettre à Théo van Gogh, le frère du célèbre peintre Vincent, qui s'est donné la mort. Ce scénario nous immerge, pendant environ une heure et demie, dans un récit captivant. La narration, sous forme d'enquête, nous conte les derniers instants de l'existence de l'artiste en se rendant dans le village où il s'est donnée la mort, auprès des derniers habitants l'ayant côtoyé, afin d'en apprendre d'avantage sur ce qui s'est passé avant qu'il ne rende son dernier souffle. L'intrigue est captivante, nous en apprenant plus sur le peintre à travers ces témoignages fidèlement retracés grâce aux plus de huit cent véritables correspondances écrites par le maître. Si tout cela est aussi passionnant, c'est en grande partie à la faveur de personnages appréciables, ayant chacun une anecdote à raconter sur sa relation avec l'homme au cœur des débats. Des protagonistes s'exprimant dans un phrasé raffiné, particulièrement agréable à entendre. On se laisse véritablement porter par leurs voix envoûtantes, procurant de belles émotions à travers leurs échanges. Si le fond est grandement intéressant, l'œuvre est sublimée par son esthétisme extraordinaire. La direction artistique est tout bonnement somptueuse, honorant totalement l'esprit du peintre. On a sous les yeux de véritables tableaux animés, reprenant les plus grandes peintures de l'artiste, afin de servir de cadre aux rencontres. Le travail abattu par les équipes derrière le projet est remarquable et admirable, puisqu'ils ont repris plus de cent-vingt tableaux peints par van Gogh pour y faire évoluer leur histoire. Les couleurs sont variés, à l'image des lieux traversés, et l'utilisation du noir et blanc pour les flashbacks est pertinent puisqu'il permet de parfaitement comprendre la temporalité. L'ensemble est superbement réalisé par le binôme, qui joue avec tous ces éléments pour nous offrir un visuel tout simplement grandiose. Ce charmant visuel est en plus accompagné par une très agréable b.o. signée Clint Mansell. Ses notes, tantôt douces, tantôt gravissimes, nous font parfaitement ressentir les sentiments, et collent à merveille aux images. Ce suicide, laissant planer quelques doutes, s'achève sur une jolie fin, venant mettre un terme à La Passion Van Gogh, qui, en conclusion, est une œuvre devant absolument être découverte tant elle est magnifique visuellement et intéressante narrativement.