"La Passion Van Gogh" n'est pas un mauvais film, bien au contraire.
Son audace et sa démarche créatrice font de ce film d'animation une véritable oeuvre à part qui se démarque des Disney/Pixar/Dreamworks d'aujourd'hui.
Et cela fait du bien ! Si seulement chaque film d'animation avait une forme aussi travaillée et aussi originale, j’irais plus souvent au cinéma.
Alors pour la forme, oui, “La Passion de Van Gogh” a relevé (et même surpassé) le défi.
Chaque plan est un vrai tableau, un très belle composition, un “petit chef d’oeuvre” à lui tout seul. On parle beaucoup de l’image mais il faut également noter que la composition de Clint Mansell est tout bonnement magnifique.
Cependant (car en effet, il y a toujours un cependant, justifiant ma note), d’un point de vue scénaristique le film se contente du strict minimum. Les réalisateurs (qui sont également scénaristes), ont étés tellement obsédés par la forme qu’ils ont négligé le fond et se sont contentés du strict minimum : une enquête “policière”. Alors, oui je sais qu’une simple enquête policière peut devenir un véritable chef d’oeuvre (Fincher), mais ici ce n’est pas le cas.
Le film se contente d'interroger une première personne qui va mener le personnage principale vers une deuxième personne, celle-ci va le mener vers une troisième personne et ainsi de suite. Autant dire la méthode scénaristique saute aux yeux au bout d’une demie-heure de film et que l’on se lasse de voir ce motif se répéter en boucle.
Et puisque cela ne suffisait pas, il fallait mettre un “petit flash-back en noir et blanc” entre chaque personne interrogée afin de je ne sais pas trop quoi. Combler le vide ?
Je veux bien admettre que chaque scène en noir et blanc et magnifique, mais au bout de 3 fois on (je ?) commence à s’en lasser et à attendre du nouveau, de l’audace.
Car oui, le film ne se renouvelle pas. Pendant 1h35, il applique son postulat de base (peinture animée) sans proposer d’autres audaces formelles (ou scénaristiques).
Alors oui, l’émotion était présente (en ce qui me concerne, la musique a beaucoup aidée), mais je sens un réel gâchis car tout l’effort a été consacré dans la forme.
Prenez une oeuvre comme “It’s Such a Beautiful Day” de Don Hertzfeldt : Non seulement la forme est novatrice, mais également la manière de raconter l’histoire ! Et l’un ne va pas sans l’autre.
En somme, “Loving Vincent” m’a bien déçu même si j’admet (et reconnais) ses nombreuses qualités. Un film oubliable qui aurait pu, mais ne va pas marquer son temps.