Autant le dire tout de suite : « Babysitting » premier du nom avait été pour moi une petite surprise quasi miraculeuse de 2014, tant il réunissait beaucoup d’ingrédients qui auraient pu me laisser sur le carreau. Entre cet esprit de repompée d’idées qui marchent, la superficialité de l’écriture, ainsi que les quelques rôles horripilants (dans le 1, j’avais tout simplement envie de tuer le gamin et la grande brune toute sèche), je dois bien avouer que les arguments ne manquaient pas pour sortir du trip proposé par le pourtant fort sympathique Philippe Lacheau. Seulement voilà – justement – Philippe Lacheau est un gars qui semble bien sympathique, et son premier opus transpirait de bonnes intentions, ainsi que d’un minimum de savoir-faire, ce qui faisait de ce premier opus un film qui était finalement fort agréable et pas trop prise de tête. Si je précise tout cela, c’est justement pour que vous compreniez bien que ces « deux étoiles » que je lui attribue n’est pas la note d’un constipé du slip incapable de s’ouvrir à des spectacles conviviaux et gentillets. Bien au contraire, c’est plutôt la note d’un amateur du premier opus qui, malheureusement, ne s’est pas totalement retrouvé dans le deuxième. Alors certes, l’ami Fifi ne nous l’a pas fait à l’envers non plus. On sent une véritable volonté de fournir un schéma qui soit proche du 1, afin de satisfaire ceux qui n’aiment pas les surprises, mais tout en proposant un univers nouveau avec des trips qui sachent se singulariser. Seulement voilà, même si je ne vais pas vous dire non plus que j’ai passé un mauvais moment, il s’avère que malgré tout, très rares furent les fois où j’ai ri, ou bien même souri. Et pour moi le problème vient peut-être justement de la démarche de base de Philippe Lacheau. Assurer la continuité entre les deux films à travers une similitude de schéma narratif, c’était effectivement une bonne idée, mais à condition d’être capable de rajouter quelque-chose à ce schéma narratif initial. Parce qu’au fond, les mécaniques sont trop les mêmes pour vraiment fonctionner. Cela manque pour le coup clairement d’audace. Même chose, les personnages sont désormais connus ; l’aspect fraicheur de la découverte s’en est allé. Ainsi, les faiblesses du 1 deviennent plus difficiles à digérer quand on les retrouve dans le 2. Il y a tout d’abord le problème du dispositif visuel qui, pour moi, présente ses ratés. En effet, j’avoue avoir un peu de mal avec le fait que Philippe Lacheau ait adopté un genre bâtard entre le found footage et la réalisation classique. Si le premier fonctionne plutôt bien (belle maitrise quand même pour certaines scènes, notamment
celle du saut en parachute
), la seconde vient par contre très mal s’y marier tant celle-ci se montre un brin fade et plan-plan. A cela s’ajoute une écriture toujours aussi légère, trop légère à mon goût. Alors certes, cela assure le côté frais du spectacle, mais d’un autre côté ça empêche ce film de monter en puissance. A mes yeux, il est difficile de tenir une ligne de conduite qui soit à la fois légère et sage. Soit on reste léger mais dans ces cas là on pousse vraiment le curseur de l’irrévérence ; soit on reste sage mais dans ces cas là on se montre subtil. Or là, le problème, c’est qu’à ces deux premiers écueils, un troisième est lui aussi resté, et pas le moindre : la relative faiblesse des personnages. Au mieux ils sont monolithiques, et dans ces cas là ça passe encore (c’est le cas par exemple des personnages de Frank, Sam ou bien encore d’Ernest), au pire ils sont irritables et antipathiques tant ils sont les antipodes de ce qu’ils sont sensés être, c’est-à-dire des personnages sympas qu’on est sensé aimer (Sonia, Sonia et encore Sonia). Pour le coup, les deux nouveautés n’arrangent rien : Clavier dérape rapidement dans le surjeu, et Valériane de Villeneuve est trop souvent dans le même registre pour être vraiment drôle. Alors certes, ce film n’est pas dénué de sympathie, seulement voilà, la recette est connue, et elle est beaucoup trop simple pour marcher deux fois. Et pour le coup, choisir de faire passer la pilule avec un peu d’exotisme et des jolis paysages n’est pas forcément du meilleur ton je trouve. Même si Philippe Lacheau ne manque pas de poser sa petite critique de cette forme de tourisme à laquelle se livrent ses personnages (l’idée était astucieuse, l’application malheureusement beaucoup moins), je trouve qu’à faire son film en mode « Eh ! On en a bien profité pour se payer des vacances aux frais de la princesse », il ne joue pas forcément en faveur du capital sympathie qu’avait su générer le film. Donc voilà, pas honteux, mais pas super non plus. « Babysitting 2 » sera pour moi à ranger aux côtés des « very bad Trip 2 » et autres films du genre, et c’est franchement malheureux pour lui, et pour nous…