Si « Les premiers, les derniers » est présenté comme une comédie dramatique belge, nous aurons plutôt tendance à dire qu’il s’agit d’une comédie poétique remplie d’espoir. En effet, le dernier film de Bouli Lanners est rempli de tendresse, d’humour, de lumière et d’humanité… Si le rythme du long métrage ne fait pas toujours l’unanimité, le lyrisme qui s’en dégage ne peut que vous toucher !
En effet, Bouli Lanners, scénariste, réalisateur et acteur, a plus d’un tour dans son sac pour nous emmener sur les routes en compagnie d’Esther, Willy, Gilou, Cochise et… Gibus. Sorte de road-movie couplé à un western moderne, son dernier long métrage recèle des qualités que l’on peut qu’apprécier : l’humour est fin, intelligent, ses personnages attachants, son scénario, farfelu dans un premier temps devient très vite cohérent, les situations rocambolesques ont toutes une utilité, la musique est enivrante, les paysages sublimes, le casting impeccable... Tout est réussi dans le quatrième film du liégeois. Si nous manquons sans doute de mots pour vous détailler le pourquoi, nous vous invitons d’ores et déjà à vous rendre dans votre salle de cinéma pour entrer dans l’aventure car vous en sortiez à coup sûr marqués.
Parlons du casting international auquel Bouli a fait appel : Albert Dupontel, véritable caméléon, est une fois de plus à la hauteur du rôle qu’on lui confie. Très complice de Gilou, (son alter ego, quelques mois plus jeune que lui), il incarne le sérieux, la droiture mais aussi la malchance. Ce grand comédien français n’a sans doute plus ses preuves à faire mais continue de nous surprendre et le fait encore brillamment ici!
David Murgia (comédien belge célèbre depuis quelques années et détenteur du Magritte du meilleur espoir masculin pour « La tête la première ») et Aurore Broutin, les deux jeunes handicapés, interprètent leur personnage avec une authenticité incroyable. Touchants, rêveurs, candides, ils se retrouvent dans des situations délicates et tentent de s’en dépêtrer avec les quelques maigres moyens qui sont les leur. Heureusement pour eux, ils croiseront la route de Jésus, le formidable et incroyable Philippe Rebbot. Personnage central parfois en retrait, il est difficile de définir le rôle qu’occupe ce personnage atypique. Généreux, attentionné, il mettra tout en œuvre pour sauver ceux dont il croise la route. Bouli Lanners, Gilou dans le film, est finalement lui aussi une sorte de sauveur. Maladroit, un peu bourru, il garde la tête sur les épaules et fait preuve de beaucoup d'indulgence pour les Hommes qui l’entourent. Pour accomplir certaines tâches, il pourra compter sur l’aide de deux octogénaires savoureux, incarnés par des monstres célèbres du 7ème art : Max Von Sydow et Michael Lonsdale ! Dans les rôles principaux, notons aussi notre petite vedette canine : Gibus, le chien de Bouli… Tout ce petit monde, issu d’univers cinématographiques différents se rencontrent pour notre plus grand bonheur et unissent leurs talents pour un résultat on ne peut plus brillant.
A côté de ces grands noms du cinéma, on trouve un casting secondaire tout aussi raccord et tip top dans leur interprétation : Suzanne Clément (magistrale dans « Laurence Anyways » de Xavier Dolan), Serge Riaboukine (qui a déjà croisé la route de Bouli dans « Je suis mort mais j’ai des amis »), Lionel Abelanski (vu régulièrement sur nos petits écrans ou dans des rôles secondaires au cinéma) ou encore Virgile Bramly.
Si les personnages sont si justement interprétés, c’est sans doute grâce au très bon travail d’écriture de Bouli Lanners. Qu’il s’agisse du scénario ou des répliques qui le constituent, tout est fin, intelligent, balançant entre humour et gravité. Les situations dépeintes ne sont pas faciles mais jamais aucun des personnages ne baissera les bras et tous chercheront en eux les ressources nécessaires pour aller de l’avant. Rien de tel qu’un peu d’espoir, qu’un peu de force intérieure pour aller de l’avant. Le film incarne à lui seul cette lueur d’espoir et c’est bon à voir !
Pour accompagner cette histoire atypique mais ô combien plaisante à suivre, on peut compter sur une réalisation impeccable faite d’images soignées, presque peintes. On peut aussi s’appuyer sur une dynamique bien pensée où les histoires se succèdent, se croisent, s’éloignent, se retrouvent pour former un tout, cohérent et brillant ! Jamais on ne se lassera, à aucun moment on ne trouvera le temps long mieux, il se suspend, il nous laisse le loisir de croire en ceux qui évoluent sous nos yeux, de s’y attacher, de chercher ce qu’ils ont de meilleur en eux. Si les premières minutes nous laissaient penser que l’on assisterait à un drame social, il n’en est rien, c’est un film d’espoir, lumineux, malgré la brume et le froid que Bouli Lanners nous offre en toute humilité. Un grand film qui fera encore parler de son créateur, un réalisateur modeste et talentueux qui aime les gens et qui le montre intensément !