Louise, une horticultrice en faillite renverse en voiture Pierre, un jeune homme qui semble un peu perdu...et pour cause : il est atteint d'Asperger en forme assez sévère (un trouble autistique qui se manifeste par une difficulté à la sociabilisation, pour résumer). Voici donc une drôle de cohabitation qui se fait, la secourable veuve se proposant d'héberger le jeune homme le temps d'aller mieux (et de dévaliser ses merveilles... Oui, ces délicieux beignets sucrés dont on se gave chez mamie, si vous aussi vous habitez le Sud-Ouest), et ce dernier de changer complètement le quotidien de l'horticultrice. On sent évidemment beaucoup de facilités et de bons sentiments dans ce "petit" film, mais il est dur de ne pas succomber à la gentillesse et au message de partage qui émane de cette relation. Les paysages typiques de la Drôme sont très beaux (que de véritables tableaux...), les gags sont assez réussis et inattendus (comme de bien souvent avec ces personnes imprévisibles qui répondent "sans filtre" : pas de diplomatie ou faux-semblants, ils disent cash ce qu'ils pensent, et le décalage est souvent amusant) et les acteurs sont très bons. Virginie Efira offre un personnage doux mais dont on perçoit la profonde souffrance (tiraillée entre le deuil de son mari et les dettes financières) et Benjamin Lavernhe compose un sympathique personnage très proche de ce que l'on peut connaître des Asperger. On s'attache fortement à ce tendre couple, et même si l'on ne sait pas ce qu'il adviendra de leur amour dans le futur, on se dit que l'on serait déjà bien heureux d'un amour platonique ou d'une bonne amitié entre ces deux personnages si touchants. On a bien apprécié le gag des petites gommettes que Pierre colle partout, gag qui trouve un dernier écho avec le floutage de l'image lors du générique de fin, qui créé des gommettes partout, dont deux se rapprochent et se mêlent... Oui, c'est fleur bleue (lavande) mais on a craqué, lorsque c'est bien fait cela ne devrait pas être un défaut. On rigole bien avec les répliques "natures" de Pierre (quand on lui propose gentiment une veste pour se couvrir : "C'est le pull qui gratte... Ça gratte."), ce qui donne un regard dédramatisé (sans ridiculiser et sans oublier sa gravité) de ce trouble. Ce petit film qui mélange astucieusement drame, comédie et romance n'a rien à envier aux grandes productions, surtout avec ses beaux paysages amoureux de la Drôme, ses personnages attachants et ses merveilles (délicieux beignets sucrés) qui nous donnent déjà envie de s'en cuisiner de nouveau. Un film au goût tout doux...