La fervente lectrice de Maupassant que je suis ne peut être satisfaite de ce film qui revisite un des plus beaux romans de cet immense écrivain, narrant l'histoire d'une tendre jeune femme de la petite noblesse normande, toujours cherchant un objet à son besoin d'affection et d'amour, parents, mari, amie, fils, toujours douloureusement et de plus en plus déçue, bien que la fin reste sur une note d'espoir. Le film se veut une adaptation du célèbre et bouleversant roman de Maupassant, avec le coup de patte de Brizé ... Mais qu'est-ce qu'il a au bout de sa pattoune sinon des ciseaux et une gomme ? Les trois quarts de l'histoire ont perdu toute couleur. Les moments les plus intenses ont disparu et avec eux l'émotion. Ce film s'adresse à ceux qui ont lu, voire relu le roman et qui peuvent, frustrés, remplir les blancs. Les autres, les "béotiens", resteront bien loin car il est impossible de se faire une idée de la puissance émotionnelle du roman par le biais de ce film. Par contre du remplissage il y a. (le jardinage ...) Seule la fin reste un reflet assez fidèle et donc émouvant du roman de Maupassant (à partir du retour de Rosalie)
Oui, c'est vraiment dommage, en voulant lui donner un style qu'il voulait épuré, Brizé a asséché, vidé de sa substance, amputé, le beau et douloureux récit de cette vie féminine toute simple d'une femme du XIXème siècle. Les moments les plus forts sont carrément zappés (le meurtre des deux amants infidèles, le massacre de la chienne par le jeune curé puritain parce qu'elle est en train de mettre bas devant des enfants) ou à peine évoqués (la "première fois" de Jeanne, le voyage de noces très amoureux en Corse, la naissance- surprise du bébé de Rosalie, La pure et innocente Jeanne surprenant son mari au lit avec la bonne, découvrant avec désespoir et incompréhension lors de la mort de sa mère, une mère qu'elle adorait et respectait infiniment, que cette dernière avait été une femme volage et avait trompé son père chéri et que ce couple parental qu'elle croyait idéal ne l'était pas. Autant de moments souvent poignants et révélateurs qui donnaient tout son sel à l'histoire).
. C'est un choix peu heureux de la part du réalisateur d'avoir gommé tous ces grands moments d'émotion, ces grandes étapes de la vie de Jeanne qui ont fait d'elle la femme amère, sans illusions, qu'elle est devenue. Je salue par contre l'interprétation des comédiens, en regrettant qu'ils n'aient pu aller jusqu'au bout de leurs rôles respectifs. Ils sont tous excellents.