Dans le labyrinthe des rues de Los Angeles en 1977, "The Nice Guys" de Shane Black déambule avec une aisance nonchalante, flirtant habilement entre les genres de la comédie noire et du polar. Ce film, porté par l'alchimie remarquable entre Russell Crowe et Ryan Gosling, se révèle être un cocktail détonant d'humour grinçant, de moments de tension et d'une touche de mélancolie.
L'intrigue, tissée autour de la disparition d'une jeune femme dans le contexte sordide de l'industrie pornographique et d'un complot écologique, semble par moments se perdre dans ses propres méandres, comme pour mieux nous surprendre par des rebondissements inattendus. C'est dans cette complexité scénaristique, parfois au bord de l'excès, que le film trouve son originalité mais aussi ses limites.
La reconstitution de Los Angeles dans les années 70, avec ses costumes flamboyants et sa bande-son entraînante, est un pur régal visuel et auditif. Le soin apporté à l'ambiance et aux détails esthétiques plonge le spectateur dans une époque révolue, capturant l'esprit et les contradictions d'une ère à la fois colorée et sombre.
Cependant, malgré ces éclats de génie, le film n'échappe pas à certaines longueurs et à des choix narratifs qui pourront laisser un goût d'inachevé. Les personnages secondaires, bien que hauts en couleur, souffrent parfois d'un manque de développement, laissant entrevoir des pistes inexploitées qui auraient pu enrichir davantage le récit.
La dynamique entre Holland March et Jackson Healy est le cœur battant de "The Nice Guys", oscillant entre confrontation et camaraderie, avec un humour qui frôle l'absurde sans jamais y sombrer totalement. Leur relation, ponctuée de quiproquos et de situations burlesques, apporte une fraîcheur et une légèreté indispensables, qui font de ce duo l'un des plus mémorables du genre.
En définitive, "The Nice Guys" se distingue par sa capacité à mélanger les genres avec audace, offrant une expérience cinématographique qui, malgré quelques errances, reste profondément divertissante. Ce film, à la fois hommage et parodie des buddy movies, séduit par son originalité et sa capacité à prendre des risques, même si tous ne sont pas couronnés de succès. C'est une œuvre qui, sans prétendre révolutionner le cinéma, apporte une bouffée d'air frais et confirme Shane Black comme un conteur d'histoires à la fois critique et affectionné par les codes qu'il s'amuse à déconstruire.